La vie d’artiste comporte ses aléas et tous n’ont pas la chance d’avoir les revenus faramineux de Taylor Swift ou Beyoncé. À l’exception de quelques stars bankable comme elles, rares sont ceux qui n’ont pas, un jour ou l’autre, connu une période de vaches maigres. Même s’il n’a pas connu les affres traversés par Chantal Goya, qui entre ses interdits bancaires et ses problèmes avec le fisc a passé une partie de sa vie, ruinée, à être poursuivie par les huissiers, M. Pokora a lui aussi connu sa période moins faste.
Ses débuts avaient pourtant été flamboyants. Juste après avoir gagné Popstars, en 2003, son groupe, les Linkup, qu’il forme aux côtés d’Otis et de Lionel Tim -avec qui la relation s'est très dégradée- rencontre le succès avec un premier album. Puis Matthieu, Tota de son vrai nom, décide de se lancer en solo. D’abord sous un premier pseudo, Matt Pokora, qu’il doit abandonner après avoir perdu un procès face au chanteur Matt Houston, puis avec le nom d’artiste qu’on lui connaît aujourd’hui. M. Pokora sort donc un premier album éponyme en novembre 2004 qui sera certifié disque d’or, puis un second, intitulé Player, en janvier 2006 qui se hissera à la première place des ventes. Des débuts tonitruants. Mais le chanteur va rapidement déchanter…
Bjork, 50 Cent, Elton John, Nelly Furtado, Jennifer Lopez, Justin Timberlake… lorsqu’en 2008, notre petit Frenchy décide de faire appel aux services du producteur américain Timbaland, ce dernier peut déjà se targuer d’avoir collaboré avec les plus grandes stars. À ses côtés, Matt réalise son troisième disque solo, baptisé MP3, tout en anglais. Mais rien ne va se passer comme prévu.
La promo de l’album doit débuter le 26 janvier 2008 lors des NRJ Music Awards quand un accroc vient perturber le planning. Deux jours avant, le premier single Dangerous fuit durant quelques heures sur Internet. Puis, après la soirée des NRJ Music Awards, un journaliste écrit que celui qui n’est pas encore le chéri de Christina Milian a été hué à son arrivée. Quelques semaines plus tard, l’artiste lui répond : "Il y a un journaliste de Nice-Matin qui me harcèle. Il n’a rien trouvé de mieux que d’écrire que j’avais été hué à mon arrivée, alors que les gens applaudissaient comme des oufs." Ces propos, il les tient dans le magazine Têtu, suscitant en outre des spéculations sur son orientation sexuelle. Lui se dit juste privilégié de faire la couverture d’un magazine, quel qu’il soit… Entretemps, d’autres rumeurs circulent dans la presse. Les chansons de l’album seraient une compilation de sons que Nelly Furtado aurait refusés à Timbaland. Certains accusent aussi Pokora d’avoir plagié Justin Timberlake. Cela commence à faire beaucoup de bad buzz…
Ont-ils été les responsables de l’échec commercial de MP3? Impossible à dire. Mais les chiffres sont là. Malgré la déjà forte visibilité du chanteur et ses succès passés et bien que l’accueil critique ait été bon, le disque va mal se vendre. Et cela aura des conséquences sur le train de vie de l’artiste, qui à 23 ans, avait déjà commencé à goûter aux plaisirs de la gloire…
En janvier dernier, il en avait déjà touché quelques mots assis dans le Canapé Six Places de Léna Situations. "À ce moment-là, mon album ne marche pas assez et la tournée ne remplit pas, j'anticipe et je me dis: 'Je vais éviter de garder le même train de vie", confiait-il à celle qui vient d’entrer au musée Grévin. Quand tout s'arrête, il faut continuer de payer les factures et les taxes. Je préfère avoir un peu de sous de côté pour pouvoir rebondir..."
Des propos qu’il vient de compléter, le mois dernier, au micro d’une autre émission, Important Talk, qu’anime sur YouTube Taylor Chiche. "En 2008-2009, sur mon album en anglais, évidemment il n'y a plus de vente, rappelle-t-il en concédant qu’il n’avait pas assez mis de côté financièrement durant les premières années de sa carrière. Je commence à voir le rouge arriver financièrement. Et à ce moment-là, tout de suite, plutôt que d'avoir ton égo j'ai dit, oh là, je sens le truc…" Pour anticiper les pertes à venir, Matt commence par vendre sa voiture. Mais il va plus loin.
Déjà propriétaire d’un bien immobilier dans la capitale, ce fan de sport le sacrifie lui aussi. "J'ai vendu mon appart sur lequel évidemment j'ai fait une plus-value, révèle-t-il dans l’émission. J'étais dans Paris 16ème, je suis allé à Suresnes." Dans cette ville de la banlieue ouest parisienne qui reste une commune plutôt huppée, le chanteur s’offre même le luxe d’acheter plus grand pour moins cher, s’évitant ainsi de passer par la case banqueroute ! Il a depuis revendu cette maison qui faisait 170m2.
Il y a un an, il avait conclu sur cette histoire en expliquant à Léna Mahfouf : "Il y a beaucoup de gens qui se font avoir. Il y a des footballeurs, qui après leur carrière, finissent ruinés malgré tout l'argent qu'ils ont empoché car ils ont un certain rythme de vie. Et que quand tout s'arrête, il faut continuer de payer les frais, les factures, les taxes etc…"
Prévoyant, Matthieu a su dès ses débuts ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. C’est ainsi que dès son deuxième album, il avait créé son propre label, baptisé M2theP E et que depuis, il n’a cessé de diversifier ses opérations financières. Il a notamment investi dans le secteur de la restauration, tant à Paris qu’à Los Angeles où il a longtemps résidé avant de déménager pour de bon en France il y a quelques mois. Désormais bien à l’abri du besoin.