C'est l'union sacrée scandinave autour de la Norvège, qui pleure 76 de ses citoyens, tués par la folie d'un seul. Si le bilan définitif s'avère légèrement moins lourd que le précédent (qui était de 93), la douleur et le deuil n'en sont pas atténués.
Vendredi 22 juillet 2011, le royaume de Norvège a été meurtri par un fanatique islamophobe de 32 ans, Anders Behring Breivik (s'érigant en "croisé", il réclamait notamment la déportation de tous les musulmans d'ici à 2083 dans son manifeste de 1 516 pages 2083: A European Declaration of Independence), devenu le mass murderer à arme à feu le plus meurtrier de l'histoire : deux heures après avoir fait exploser une bombe (voiture piégée) dans le quartier du siège gouvernemental à Oslo et à proximité des bureaux du premier minstre Jens Stoltenberg, causant la mort de huit personnes (et en blessant grièvement dix de plus), le forcéné, déguisé en policier, ouvrait le feu sur la foule des jeunes sympathisants (AUF) du parti travailliste norvégien (AP) lors d'un camp d'été sur l'île d'Utøya, tuant pas moins 68 personnes, dont le beau-frère de la princesse héritière Mette-Marit ainsi que des proches du Premier ministre.
Cette semaine, outre l'émotion générale et les messages de condoléances provenant de partout suite à l'onde de choc de ce drame qui a incité un certain nombre d'Etats à renforcer leur vigilance en matière de sécurité intérieure, des témoignages de survivants de la tuerie ont été publiés, effroyables.
Profondément marqué, le roi Harald V de Norvège avait rapidement pris la parole devant ses sujets pour cimenter la solidarité dans l'épreuve, avant de prendre part, entouré des siens (la reine Sonja, le prince Haakon et la princesse Martha-Louise), au deuil national, le samedi et le dimanche suivant la tragédie.
Les voisins scandinaves, avec lesquels la Norvège entretient des liens historiques très intenses, ont immédiatement témoigné leur compassion et apporté leur soutien, publiquement et dans des messages personnels au roi Harald et à son épouse.
En Suède, le roi Carl XVI Gustaf de Suède a adressé ses condoléances à son homologue : "La reine et moi-même avons appris avec effroi et dégoût les événements survenus à Oslo et dans ses environs (...) J'ai contacté le roi Harald, et la reine et moi avons exprimé notre profonde compassion envers les familles et amis des victimes. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce que nous ressentons en ce moment pénible." Dimanche 24 juillet, tandis que la cathédrale d'Oslo rendait hommage à ses morts, la princesse héritière Victoria et le prince Daniel de Suède, tout juste rentrés d'Amman et du mariage du prince Rashid de Jordanie, assistaient à une messe dédiée à la Norvège à l'église Kronprinsesse Märthas de Stockholm. La princesse Victoria y affichait une mine terrible, visiblement très affectée.
Au Danemark, même scène et même acte de compassion de la part de son homologue la princesse Mary, mercredi 27 juillet : avec son époux le prince héritier Frederik ainsi que la reine Margrethe, la princesse Mary s'est rendue à la cathédrale Copenhague, qui accueillait - l'église norvégienne de la capitale danoise étant trop petite - un office commémoratif auquel les membres du gouvernement ont également assisté. La reine Margrethe et son époux le prince Henrik, qui ont annulé leurs engagements au Groenland en signe de respect pour les victimes, ont mené les prières. Le Premier ministre Rasmussen, lui, a prononcé un éloge funèbre épique, racontant comment "son coeur s'était gelé" en apprenant la nouvelle et assurant que les Danois seraient là pour leur "pays frère", afin d'aider "à défendre et sauvegarder ce qu'on a tenté de prendre, ce 22 juillet : la liberté ; la tolérance ; la démocratie ; la confiance ; la camaraderie ; ces valeurs de base qui lient à jamais [nos] deux nations".
On peut comprendre que, le lendemain, le prince Haakon et la princesse Mary de Danemark aient eu besoin de s'évader un peu, se changeant les idées à la faveur d'une sortie à cheval dans les forêts environnant le château de Grasten, résidence d'été de la famille royale où on a pu voir ce vendredi la reine Margrethe, le prince Henrik, la princesse Benedikte, le prince Richard de Sayn-Wittgenstein-Berleburg et la reine Anne-Marie de Grèce assister à la relève de la garde.
G.J.