Hospitalisé à son retour d'Argentine, traumatisé par le terrible accident qui a causé la mort de dix personnes sur le tournage de l'émission Dropped pour TF1 le 9 mars dernier, Louis Bodin est sorti de son silence, ce 9 avril, pour se confier à nos confrères de TV Mag. Il a profité de l'occasion pour revenir sur les déclarations de Philippe Candeloro à son sujet.
"J'ai ressenti le besoin de passer par des spécialistes"
Louis Bodin tente de se remettre de ce traumatisme. Après avoir subi un "déchocage" au Val-de-Grâce, l'animateur s'apprête à faire prochainement son retour sur TF1 et RTL. Il revient sur ce passage à l'hôpital et se confie sur son état psychologique actuel. "Chacun suivant son caractère, on s'en remet plus ou moins vite et bien. Dans mon cas, j'ai ressenti le besoin de passer par des spécialistes. D'où mon passage à l'hôpital du Val-de-Grâce à Paris, raconte-t-il. J'ai fait une séance de deux heures de ce que l'on appelle le déchocage, où l'on essaie de voir si le choc subi a laissé des faiblesses dans le cerveau qui laisserait supposer une évolution défavorable. Il me faudra du temps ; mais a priori, rien ne semble empêcher ma lente progression vers un retour des émotions positives ou négatives de la vie normale."
"Je n'ai pas gardé cette culpabilité en moi longtemps"
Il se souvient des jours qui ont suivi le drame, où ils sont alors restés confinés entre les murs où ils étaient huit de plus quelques heures auparavant. Ces journées durant lesquelles ils se soutenaient tous mutuellement. "Quand l'un craquait, les autres venaient le soutenir. Des psys sont venus de l'extérieur pour parler avec nous et nous faire parler", relate Louis Bodin. La culpabilité d'être toujours vivant, il l'a ressentie : il est certain que cette dernière touche tout le monde, à un moment ou à un autre. "Mais comme il s'agit d'un accident, dans le sens le plus imprévisible du mot, je n'ai pas gardé cette culpabilité en moi longtemps. Je ne peux pas parler pour les autres...", indique-t-il.
"Si j'étais passé sur 'on', je me serais écroulé à l'antenne, en état de choc"
Il y a quelques jours, des déclarations de Philippe Candeloro, dans Entrevue, sur lui faisaient polémique. "Étrangement après le crash, il ne m'a pas paru si effondré", confiait ce dernier au sujet de monsieur météo de TF1. Alors que l'ex-patineur a reconnu que ses propos au cours d'un entretien accordé à Closer avaient été mal interprétés, Louis Bodin s'explique lui aussi : "C'est important pour moi de revenir sur ce point. Ceux qui ont vécu des moments comme les nôtres savent que l'on gère l'émotion comme un bouton 'on/off'. Effectivement, ce soir-là au 20h, j'étais sur 'off'. Si j'étais passé sur 'on', je me serais écroulé à l'antenne, en état de choc. Je n'aurais pas pu faire ce plateau. Et honnêtement, je ne voulais pas montrer cela à l'antenne. Je me suis mis en apnée. Finalement, je suis d'accord avec vous, cela a donné une image quasi inversée de ce qu'était mon état." De son côté, Philippe Candeloro a déclaré : "Ça a mal été compris. Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'il s'est renfermé sur lui-même. Il était complément dépité et abasourdi. En plus de tout, il avait longtemps travaillé avec Florence Arthaud. Il a perdu une amie."
"J'avais le sentiment d'une double peine"
Louis Bodin accuse le coup. Avant cela, il y avait également eu la polémique autour de son apparition devant les épaves des hélicoptères, lors de sa première intervention pour le JT de TF1, tout de suite après le drame. Il revient sur cet épisode qu'il regrette amèrement : "Je le regrette à deux titres. D'abord, car professionnellement, c'est une terrible erreur ! Ensuite, à titre privé. J'étais déjà sur la 'dropped zone' lorsque le crash a eu lieu. J'avais échappé au bruit et à l'image de ce drame. Et là, on me balançait ça en pleine face. J'avais le sentiment d'une double peine."
L'enquête n'étant pas terminée, il ne souhaite pas s'exprimer sur la plainte déposée par Hubert, le frère de Florence Arthaud, contre ALP Production. Et se contente d'expliquer qu'en tant que pilote d'avion, de planeur et d'hélicoptère, il n'avait rien noté d'attaquable en matière de sécurité autour de cette émission.
Celui qui déclare recevoir de nombreux messages de soutien qui le portent au quotidien rappelle également qu'il n'oublie pas les familles des victimes. "Qu'elles n'oublient pas que je suis chaque jour en pensées avec elles", conclut Louis Bodin.