Deux jours après les obsèques de Florence Arthaud en l'église Saint-Séverin à Paris et alors que ses cendres ne reposent pas encore au petit cimetière communal de l'île Sainte-Marguerite au large de Cannes, son frère Hubert a annoncé son intention de porter plainte. C'était mercredi soir dans L'Invité de Cannes Radio en association avec Nice-Matin. Dans sa ligne de mire, la société Adventure Line Productions (ALP) qui aurait "privilégié la prise d'images par rapport à la sécurité".
Le frère de la navigatrice ne mâche pas ses mots ni ne cache son intention de porter l'affaire devant les tribunaux : "Oui, oui et re-oui. J'ai toutes les informations, que je ne peux pas dévoiler pour l'instant. Aujourd'hui, une instruction est ouverte par le parquet de Paris dont on aura une position d'ici quinze jours. Il y a eu largement erreur. On a privilégié la prise d'images par rapport à la sécurité." Rappelons que l'accident du 9 mars découle de la collision en vol de deux hélicoptères sur le tournage de l'émission Dropped produite par ALP pour TF1. Dans le premier appareil se trouvaient Florence Arthaud, Camille Muffat et Alexis Vastine ; dans le second, l'équipe de tournage. L'accident a fait dix morts.
Pour Hubert Arthaud, les conditions de sécurité n'étaient pas optimales sur le tournage : "Pour ce genre d'émissions ou comme pour le tournage du rallye Paris-Dakar, on prend normalement des pilotes d'hélicoptère chez Héli Union, à Paris, qui sont habitués à la problématique de vol en tandem et de prise d'images si particulières. Là, ils se sont fait prêter des hélicoptères voués au transport sanitaire par le gouvernement argentin, qui n'est pas en cause. Je suis furieux qu'on ait mis la vie de 10 personnes en danger pour avoir une ligne bénéficiaire en fin de bilan. On le sait aujourd'hui, le copilote a été remplacé par le cameraman. Dans un hélicoptère, vous avez une vision à 180°. Sauf que quand vous avez un cameraman qui sort le corps pour filmer et qui ne peut pas juger la distance, car il est derrière sa caméra et qu'il vous dit 'Vite vite vite il faut y aller', arrive alors le crash du côté du cameraman." Le frère de la petite fiancée de l'Atlantique, "le coeur déchiré" par la douleur, est en colère et déterminé : "On ne peut pas laisser des gens mettre la vie de personnes en danger, que ce soit Florence Arthaud ou les cameramen, c'est dramatique. Il ne faut plus que cela se reproduise."
Sur BFMTV le 20 mars, Hubert Arthaud s'interrogeait déjà sur les conditions de l'accident : "On est dans une chasse à l'image (...) Le vol est désorganisé et ne respecte pas les règles de sécurité. J'ai l'intime conviction que la production n'a pas fait le briefing de sécurité. C'étaient pourtant des pilotes chevronnés, avec plus de 1 000 heures de vol au compteur." Dans la foulée, certaines familles des victimes ont exprimé leur sentiment d'avoir été abandonnées par Adventure Line Productions. Son PDG, Franck Firmin-Guion, s'était alors défendu dans le JT de TF1: "En aucun cas il n'y a eu une volonté du deuxième hélicoptère de s'approcher du premier pour aller chercher des gros plans de visage", a-t-il par exemple expliqué. Ajoutant qu'ALP prendrait en charge "les obsèques et les voyages des proches, parents, frères, soeurs et conjoints des proches, ce qui est normal", en Argentine, où le crash a eu lieu.
Le 28 avril, une cérémonie en mer sera organisée pour Florence Arthaud au large de Cannes. Des roses seront dispersées dans la Méditerranée. Puis, sa famille, dans la plus stricte intimité, se réunira au cimetière communal de l'île Sainte-Marguerite pour déposer les cendres de Florence et celles de son père, l'éditeur Jacques Arthaud, décédé en novembre, auprès de Jean-Marie, le frère de Florence et Hubert, mort en mer en 2001. Florence Arthaud avait 57 ans...