C'est la belle histoire du début du championnat 2015-2016 de Ligue 1 : tandis qu'un drame se jouait au Vélodrome de Marseille, avec une défaite d'emblée pour l'OM et la démission choc de Marcelo Bielsa, le SCO d'Angers venait contre toute attente s'imposer samedi soir à La Mosson, à Montpellier, s'emparant, seul, de la tête de la Ligue 1. Bien aidé par ses montants, Ludovic Butelle, gardien du club angevin, peut se féliciter d'avoir préservé sa cage. Et il y a tellement plus encore à savourer, pour le joueur de 32 ans...
Au début des années 2000, tous les signaux étaient au vert pour un tout jeune Ludovic Butelle dont les performances comme titulaire (saison 2003-2004) au FC Metz, son club formateur, laissaient augurer d'un avenir certain dans l'élite du football. Tellement prometteur qu'il ne manque pas de se faire remarquer par quelques grosses écuries européennes : dès l'été 2004, il choisit, malgré son jeune âge et sa faible expérience du haut niveau, de quitter la Lorraine pour l'Espagne et s'engage, promis à un rôle de doublure, avec le FC Valence, champion de la Liga et vainqueur de la Coupe de l'UEFA en titre. Ça ne se refuse pas. "J'avais la chance de pouvoir côtoyer le haut niveau, je l'ai saisie", analyse-t-il calmement, dans un entretien paru samedi 8 août dans le quotidien L'Equipe.
J'ai failli mourir, alors...
Le pari méritait d'être tenté, mais tourne court : à peine arrivé, il se blesse en match amical. Gravement, très gravement. "Après, se remémore-t-il douloureusement, lors d'un match de préparation en juillet 2004, j'ai eu la rate explosée dans un contact et j'ai failli mourir, alors... (silence) Quand on passe aussi près de la mort, puis de ne peut-être jamais pouvoir rejouer au foot, on relativise beaucoup. Avec le recul, je me dis que ma carrière n'est pas si mal."
Positif et récompensé pour s'être accroché, Ludovic Butelle n'oublie pas que le chemin vers le succès fut laborieux et semé d'embûches, après sa blessure, entre mauvais choix et, parfois, mauvaise attitude. Prêté successivement à Hercules, Valladolid, Lille (clubs où il fut peu utilisé) puis Nîmes, il ne se cherche pas d'excuses : "Lorsque j'ai été prêté à Valladolid (2007-2008), je ne me suis pas entendu avec le staff. Je n'ai pas toujours eu le bon comportement. Plus jeune, j'avais du mal à supporter les critiques et à rebondir, reconnaît-il. Or, pour un gardien, la force mentale est fondamentale. J'ai énormément travaillé sur cet aspect, comme sur tous les secteurs de mon jeu, et j'ai pleinement repris confiance à Arles-Avignon (2011-2014, Ligue 2). J'en récolte les fruits."
Désigné deux fois meilleur gardien de Ligue 2 aux Etoiles France Football, Ludovic Butelle, qui a rejoint le SCO d'Angers à l'été 2014, savoure de renouer avec l'élite : "Je retrouve la L1 en étant conscient de ma chance, avec confiance et surtout une énorme envie", déclare-t-il. Et puisque "32 ans, c'est encore jeune pour un gardien", on peut légitimement dire qu'il a l'avenir devant lui !