Père protecteur et artiste accompli, Marc Lavoine nous surprend au casting de Papa Was Not a Rolling Stone, premier film de Sylvie Ohayon dans lequel il incarne un beau-père violent. "J'ai été surpris d'être appelé par elle, vraiment, a-t-il à Purepeople. J'ai eu envie de dire oui à Sylvie pour elle, son histoire, qui me parlait. Je trouvais remarquable la réaction de cette enfant, comment cette fleur a réussi à pousser malgré tout. On a envie de connaître ces gens-là, de participer à cette oeuvre, cette histoire, ce qu'elle est devenue."
À ses côtés, Aure Atika, parfaite partenaire au naturel touchant. Marc Lavoine se laissera d'ailleurs dire que la réalisatrice - dont la vraie histoire est adaptée ici - "trouvait qu'Aure était la personne idéale pour jouer sa mère". À contre-emploi dans la peau de ce personnage, l'acteur à la voix si envoûtante et grave s'explique : "C'est difficile de jouer un mec gentil, un imbécile, de jouer un violent, de jouer en français. Mais tout était là pour ça, j'avais confiance en celle qui a écrit l'histoire. Et puis il y a le cadre, ce qui se passe entre deux personnes sur un plateau. Je l'ai joué sans le jouer ce personnage. J'ai senti ce film."
"J'ai toujours eu l'impression d'être moins bon que les autres"
En écho à ce film sincère et réaliste, nous avons demandé à Marc Lavoine de replonger dans son adolescence et le passage à la vie adulte. "Je suis parti rapidement de chez moi, à l'âge de 16 ans. J'ai commencé à vivre en adulte dès l'adolescence, confie l'homme de 52 ans. Je me souviens que j'avais envie de m'en aller. J'avais envie d'aller au bout de la rue, de traverser l'autoroute, d'aller à Paris, à Saint Michel voir les films que j'aimais... J'avais envie d'utiliser l'imaginaire pour améliorer ce que j'étais, un peu à la traîne, explique-t-il, passionné. J'ai toujours eu l'impression d'être moins bon que les autres. Dans l'imaginaire j'avais moins cette impression, j'étais plus apte à vivre. J'ai toujours besoin de ça. Peut-être est-ce une fuite, je n'ai pas encore analysé cela."
Toujours est-il qu'il mène toujours cette vie d'artiste, guidé par l'imaginaire, entre la chanson et le cinéma. "C'est comme ça que j'ai toujours envisagé ma vie, ce qui peut me poser des problèmes parce que je n'ai pas toujours les pieds sur terre, alors que je suis le responsable de quatre enfants et que je dois m'organiser pour cela", avoue-t-il.
Déclaration d'amour à ses enfants
Bavard et sympathique, Marc Lavoine n'hésite pas à confronter son expérience de l'enfance et celle qu'il voit aujourd'hui par le prisme de ses enfants, lui qui est papa de Simon (26 ans) fruit de son premier mariage avec Denise Pascale, puis de Yasmine (née le 22 janvier 1998), Roman (né le 26 mai 2007) et Milo (né le 29 juin 2010), lesquels ont pour mère Sarah Lavoine. "L'enfance, c'est un peu un monde qui échappe aux autres. C'est Alice au pays des merveilles quoi, tente d'expliquer l'acteur, avant d'évoquer ses parents et une enfance pauvre. J'ai toujours un peu vécu comme cela mon enfance, et mes parents je les ai toujours beaucoup aimés, avec leurs faiblesses... Mais enfin, ils ont quand même réussi à organiser pour mon frère et moi quelque chose d'assez agréable. Je suis très reconnaissant de ce qu'ils m'ont laissé."
"Quand j'ai eu des enfants, j'ai eu conscience de ce que ça pouvait représenter pour ma mère et mon père, ce que j'étais à leurs yeux. D'être capable de mourir pour quelqu'un, concède-t-il avec une pointe d'émotion dans la voix. C'est rare de prendre d'un coup conscience de ça, que votre femme, quand elle met au monde votre enfant, devient une femme. Que c'est l'enfant qui fait la femme. L'homme est dans un poste particulier."
Il conclut de la plus belle des manières : "Mes enfants m'ont donné l'envie de vivre, et en même temps, m'ont fait accepter l'idée de mourir. Cette transmission est importante, elle vous dépasse."
Papa Was Not a Rolling Stone, en salles dès le 8 octobre.
Propos recueillis par Christopher Ramoné