La sensibilité de Marc Lavoine se dévoile dans ses oeuvres mais aussi au fil des pages de Psychologies. Installé sur le "divan" du magazine, il évoque son anxiété, son manque de confiance, son rapport à l'amour et la relation qu'il entretient avec sa famille. Il parle ainsi de son père, décédé lors de la genèse de son dernier album, Volume 10. En tournée avec ce disque sublime (cliquez ici pour retrouver les dates), il a pris le temps de parler de ces sujets forts et intimes. Une interview à coeur ouvert.
Marc Lavoine nage dans le succès en musique et est un comédien dont le talent est notable au cinéma. Ce statut et sa popularité ne lui permettent pas de rester serein : "Je suis très hypocondriaque. J'ai très peur de mourir, même si, paradoxalement, je fume beaucoup. Et puis parfois, je me réveille à 3 heures du matin et je rumine : C'est pas moi, ce n'est pas possible que j'aie fait ça."
Son père, ce personnage
Pour mieux comprendre qui est Marc Lavoine, il faut remonter aux sources : "Je suis issu de parents qui ont eu une vie et une mémoire difficiles à gérer. Mon père est né dans les années 1930. Dans ce milieu populaire travailleur, où un monde meilleur était envisagé au nom du communisme. [...] Et ceux qui, comme mon père, avaient ces rêves, ont été en quelque sorte cocufiés. Ils ne s'en sont jamais remis."
C'est alors qu'il parle de sa relation avec son père et du livre qu'il écrit en s'inspirant de lui : "Elles sont très bonnes. Même si mon père était souvent absent. En ce moment, j'écris un roman inspiré de lui. Il s'appellera Le Roman d'un enjoliveur. La réalité était trop triste aux yeux de mon père, alors il la fantasmait. C'était un acteur de la vie. [...] Un séducteur compulsif, tourmenté. Un peu comme le personnage d'Alex que j'interprète dans Le Coeur des hommes. [...] Je l'ai immédiatement reconnu. C'était lui physiquement, dans sa mythomanie, dans sa gentillesse aussi. Parce qu'il était très touchant, mon père. Jusqu'au bout. Le dernier jour, j'ai cru que c'était une blague, qu'il allait se lever et me dire : Je t'ai bien eu, encore une fois !"
"J'étais encore un enfant quand je suis devenu adulte"
Le côté maternel est également abordé et Marc Lavoine se lâche avec enthousiasme : "Je suis ma mère ! [Rires] Oui, je suis profondément comme elle, je suis beaucoup elle. Ses douleurs m'ont construit et sa dignité fait d'elle mon modèle. [...] Je devrais être davantage à ses côtés pour lui dire que je l'aime. Comme auprès de mon frère d'ailleurs."
Etre fils, mais être aussi père, une expérience que le chanteur-acteur a connu très tôt avec la naissance de son premier fils, Simon, 26 ans, né de sa relation avec Denise Pascale : "Je ne dirais pas qu'il a des comptes à régler, mais... Et puis, je suis devenu père alors que je venais de rencontrer le succès avec Elle a les yeux revolver... Je n'étais pas prêt." Il ajoute : "Au fond, j'étais encore un enfant quand je suis devenu adulte" et précise qu'aujourd'hui, il n'a pas beaucoup changé depuis l'enfance : "Ma mémoire est restée là-bas, dans le corps de l'enfant gros que j'ai été."
L'amour et l'engagement
Au détour de ses confessions, il évoque l'amour, lui qui est l'époux de la princesse Sarah Poniatowski, descendante de l'impératrice Joséphine de Beauharnais et de Talleyrand, et mère de ses enfants Yasmine, 12 ans, Roman, 3 ans, et Milo, 6 mois : "Je vois l'amour comme un absolu à atteindre. J'aimerais traverser la vie avec mon épouse et qu'à la fin, ce soit toujours aussi vrai." Il lui reste à faire des progrès dans certains domaines : "Je dois m'améliorer : la jalousie. Je ne la ressens pas en continu, heureusement, mais quand elle s'impose, elle m'est très nocive."
Assez parlé de lui, Marc Lavoine présente également les projets qui lui tiennent à coeur : Le Papotin, un journal réalisé par des autistes. Il va aussi à la rencontre des personnes handicapées et soutient la fondation Agir contre l'exclusion. Elle est installée dans un quartier difficile de Beauvais, "les jeunes s'y retrouvent pour jouer au foot et, en même temps, pour rencontrer des employeurs, grâce aux entreprises partenaires de cette initiative".
Dernièrement vu en président du jury du prix Constantin (décerné à Hindi Zahra), cérémonie durant laquelle il a chanté en duo avec Carla Bruni, Marc Lavoine est un homme infiniment sensible, qui se révèle bien loin des clichés du séducteur...
Retrouvez l'intégralité de l'entretien dans Psychologies du mois de février 2011.