Marie-Amélie Seigner, désespérée, éjecte Kate Middleton pour épouser William !

Lorsque nous la rencontrions à l'automne dernier, Marie-Amélie Seigner, "Dans un vertige" sentimental - comme un écho à son album du même titre qui paraissait alors chez MyMajorCompany -, nous confiait qu'elle n'avait pas abandonné l'idée d'attirer le prince William sur les bords de Marne, qu'il la courtise, qu'elle le séduise...

A peine quelques semaines plus tard, le couperet tombait sur la bluette de la chanteuse de 36 ans, cadette de la fratrie Seigner, lorsqu'étaient révélées, le 16 novembre 2010, les fiançailles du prince William, de "son" prince William, avec Kate Middleton. Mais la chanson est restée. Son clip tourné à Londres sur les lieux et dans la frénésie même du mariage royal, terriblement drôle, jouissivement déluré, fera-t-il changer d'avis le prince de Galles ?

Joli prince, c'est un des temps forts, un des tableaux saisissants et inattendus de cet album Dans un vertige, son deuxième après Merci pour les fleurs sorti en 2005 : au beau milieu de la galerie des féminités explorées avec drôlerie et sensibilité par Marie-Amélie Seigner (La Vie ça pique, Made in China, Givrée...) surgit ce Joli Prince désuet et bien charmant... Les armoiries de ce prince William-là ? Une signature musicale kitscho-médiévale, savoureusement décalée, qui ne pouvait être que l'oeuvre du maestr-oubadour Stanislas, les arrangements de cordes étant quant à eux signés Olivier Schultheis : "En ce qui concerne cette histoire princière aux allures déjantées, je l'ai écrite il y a 3 ans lorque Stanislas Renoult (chanteur et compositeur du "Manège" entre autres) me l'a composée ; dès la première écoute de cette valse aux accents british, j'ai eu l'idée du texte "le prince William", que j'ai écrit dans la semaine qui a suivi", se remémore l'artiste (ci-après, retrouvez ses confidences plus poussées... et plus givrées sur la question !).

"Même s'il se marie à mon grand désespoir, je l'aime. Vive le prince !!!"

Elle nous avait annoncé, bien avant que William franchisse le pas (on ne peut donc pas remettre en cause son amour sincère ni la taxer de vouloir surfer elle aussi sur la vague du mariage princier !), que Joli prince serait le second single extrait de l'album Dans un vertige, écrit avec son père Jean-Louis et réalisée avec une garde rapprochée tout ce qu'il y a de plus chic (Stanislas, William Rousseau...). Après une première tentative infructueuse de tournage d'un clip ("on voulait produire avec mon beau-frère le clip de Mon Joli Prince, dont vous avez mis le making of, mais, malheureusement, on a eu des problèmes techniques. C'est un fait."), Marie-Amélie a saisi l'occasion de l'effervescence londonienne pour réaliser le tournage de la seconde chance dans la capitale anglaise ! Un peu comme Lagardère, puisque le prince William n'est pas venu à elle, elle est allée à lui ! Made in London, vous pouvez découvrir dans notre player le clip, malicieux et épris comme sa protagoniste, de Joli Prince : Pont et Tour de Londres, bibis, photo sépia du prince fiévreusement étreinte, souvenirs, cabines rouges, Union Flag, Buckingham (et les tulipes qui seront coupées pour avoir éclos trop tôt !), Clarence House... Le décor est planté, Marie-Amélie est tentante. En mariée ou en Charlot, pendue aux grilles du palais où traînant son impatience sur les bords de la Tamise, espiègle et aguicheuse ("Si on veut s'envoyer en l'air, ne t'en fais pas, rassure ton père", "Y a du monde au balcon si tu voyais ça") mais prête à savoir se tenir aux bonnes manières ("J'vendrai mon âme pour mon beau William") pour une valse ou une java, c'est au choix, dans les bras du beau William.

Pourtant heureuse en couple et épanouie après des années à se chercher, Marie-Amélie Seigner ne peut consoler son petit coeur à quelques heures du 29 avril fatidique : "J'aime ce prince définitivement, même s'il se marie à mon grand désespoir, je ne cesserai de le porter dans mon coeur de petite fille qui rêve d'être princesse !!! Je ne manquerai pas de voir vendredi son mariage avec le coeur serré. Vive le prince !!!"

Valse décoiffante, bonbon sentimental kitsch doté d'une scénographie sonore délirante et catchy, Joli prince livre au grand public (après un premier single, On se regardait, entraînant mais moins déstabilisant) une autre facette de l'album Dans un vertige et de son auteure. Fantaisiste et fantasque, drôle ou incisive, tendre mais culottée, Marie-Amélie Seigner, nous entraînant de force et de charme dans son vertige, propose avec ce second album un itinéraire très personnel, aérien mais pas aux quatre vents.

De Made in China à Haute Couture, dans des atmosphères musicales éclectiques, c'est un tour du propriétaire pimenté dans une galerie des sentiments assemblés avec entrain, sans préciosité aucune. De bric et de broc, chic et choc. Elle bricole des histoires, elle tricote des sensations. Une succession de pièces de théâtre où la femme, qui a acquis le droit d'être sarcastique (n'est-ce pas, messieurs ?), le dispute à la fillette (qui a le droit de s'amuser de tout et de tout rêver avec mièvrerie). L'une n'empêche pas l'autre. Marie-Amélie Seigner affirmait que, maintenant, elle est bien dans sa peau. Merci l'analyse et l'âge, "elle se colle mieux à la peau". Et on la croit. Parce qu'on croit ce qu'on voit.

Ci-après, confidences étendues aux allures d'auto-portrait lors de notre longue et passionnante rencontre, fin 2010. S'y croisent "ce coquin de prince William", le fidèle papa Jean-Louis et les soeurs Emmanuelle et Mathilde, les amis et mentors William Rousseau (orfèvre de la partition de Mozart l'opéra rock), Calogéro, Stanislas, Emmanuelle Cosso-Meras (épouse de Kad, qui a récemment mis son écriture au service de Florent Pagny, par exemple)...

Ton premier album, Merci pour les fleurs, c'était il y a 5 ans. Des trentenaires te découvrent avec Dans un vertige. Que s'est-il passé dans ta vie entre-temps ?

"Merci pour les fleurs, j'ai adoré faire cet album. La musique, c'est long. Il faut s'installer. Ce qui est chouette, c'est que c'est comme les tableaux : ça reste. Avec William Rousseau, mon réalisateur que j'adore, que je suradore - c'est ma rencontre déterminante dans ma vie musicale -, on n'a qu'une envie, c'est de reprendre, en tournée, Merci pour les fleurs. Moi je vais reprendre merci pour les fleurs au piano, lui a envie de réorchestrer L'Adrénaline d'Art Mengo (...) Après, Cet album, je me sens plus en phase avec celui-là. Parce que moi je suis mieux dans mes basques, et je pense qu'il me colle mieux à la peau parce que je me colle mieux à la peau, tout simplement. Je suis mieux dans ma peau. Le facteur ? C'est que il y a 5 ans... Bah, la vieillesse. Le temps qui passe."

Mais tu fais 10 ans de moins que ton âge !

"On me le dit. Je suis ravie. Bon, voilà : j'ai 27 ans. Je suis une trentenaire, de toute façon je ne dis pas mon âge, c'est un album de trentenaire. C'est un album familial aussi : mon neveu Louis, qui a 3 ans, chante mes chansons par coeur. Et il chante très, très bien. Je pense qu'il va faire de la musique. Il est super. Choriste, duettiste sur la tournée. J'sais pas... On va pas le payer, hein ! Plein de petites filles de 8-10 ans chantent l'album parce que sur La Vie ça pique ça fait 'la-la-la'. Oui, c'est un album de trentenaire, un album de fille. Mais c'est un album familial."

La crise de la trentaine...

"Comment j'explique ce bien-être ? J'ai fait une analyse. On a un jeu avec William Rousseau, j'ai pas le droit de dire 'difficile'. J'ai eu un moment compliqué, délicat dans ma vie, comme on peut en avoir, une crise de la trentaine, et j'ai fait une analyse, parce que je me suis rendu compte que j'avais des trucs à régler, que j'étais pas spécialement bien dans mes baskets. Je ne suis pas une fille qui dit "20 ans c'est l'âge sublime d'une femme". Peut-être parce que je fais plus jeune ? Peut-être qu'en vieillissant, je suis comme un bon vin... En vieillissant, je me sens mieux, plus en phase."

Le vertige plutôt que la peur

"Ce texte, on l'a écrit avec papa, il m'a été offert par papa. Il a écrit sur une rupture, sur quelque chose que lui a ressenti et que je n'aurais peut-être pas pu exprimer... Mais ce n'est pas une chanson triste ; c'est une chanson gaie. Ça fait quatre ans que cette chanson existe, quatre ans que je veux l'appeler Dans un vertige. Parce que ça me va bien : j'ai toujours dit que j'avais non pas peur, mais le vertige."

Papa est là...

"Quand j'ai commencé à écrire, quand j'avais 17 ans, il y a quelques années [il y a 10 ans, donc, lui fait-on remarquer, et elle part d'un rire complice], j'ai remarqué que ce n'était pas facile d'écrire des chansons. C'est une technique. Je ne travaille pas avec mon père parce que c'est mon père, mais parce que c'est un super auteur. Lui avait cette technique-là. Il avait fait un album avec l'orchestrateur de Brel, il écrivait depuis des années et j'avais besoin de lui. On a commencé à écrire et c'est rapidement devenu une évidence : on se plaît à écrire ensemble (...) Il y a beaucoup de filles qui travaillent avec leur père, je m'en suis rendu compte, après cela : Olivia Ruiz, Camille..."

"C'est important de se faire un prénom, mais mes grandes soeurs, ce sont mes grandes soeurs."

"De très bons rapports. Quand on se voit, on ne parle pas de boulot. Mais, bien sûr, on a des regards croisés. Je tiens à dire qu'Isabelle Cosso a écrit la chanson avant celle d'Emmanuelle [allusion aux chansons quasi-simultanées d'Emmanuelle, Dingue, et de Marie-Amélie, Givrée, NDLR]. On m'a demandé, une fois : votre soeur est "dingue", vous vous êtes givrée, et Mathilde alors ? Elle est frappadingue. On cultive, avec Mathilde, le plaisir d'aimer la chanson française. Elle aime beaucoup l'album, et c'est quelqu'un qui dit les choses, donc je sais que c'est sincère. Elle aimait Merci pour les fleurs, elle aime encore plus celui-ci. Elle a dit quelque chose qui m'a beaucoup touchée, quand elle m'a fait la surprise de venir de Marseille pour mon concert au New Morning. Après, au restaurant, elle m'a dit : "Tu es une très, très grande artiste. Je connais l'album, ce soir je t'ai vue sur scène, et tu m'as mise par terre, tu m'as fait pleurer." (émue) C'est important de se faire un prénom, mais mes grandes soeurs, ce sont mes grandes soeurs."

"Aaah, j'ai vraiment un crush. Est-ce que j'ai l'air de mentir ? Est-ce que je suis quelqu'un qui ment ? Est-ce que dans la famille on ment ? C'est drôle parce que ma nièce Morgane, la fille d'Emmanuelle, adore le prince Harry. Et elle, elle habite à Londres, alors elle me dit : "Viens, on ira trouver toi William, moi Harry. Il est coquin, ce William. Ah, je l'aime, je l'aime."

"J'adore Lady Di. J'ai pleuré deux fois, pour la mort de Cloclo, et pour celle de Lady Di."

"Oui, j'ai quelqu'un dans ma vie, mais j'y crois dur comme fer : j'amènerai William sur les bords de la Marne !"

"C'était un truc avec Stan (Stanislas). Stan part à la Trinité. Il allait sortir L'Equilibre Instable. Il me dit : "je vais t'écrire des chansons". Il rentre avec cette chanson, et d'autres que je n'ai pas mises dans l'album. Je m'assois dans son studio, j'écoute la maquette, déjà très orchestrée, en yaourt anglais, il y avait juste "pense à moi". Et là, j'ai eu tout de suite le thème : le prince William. Il me regarde, genre... "toc toc". C'est vraiment lui qui m'a donné l'impulsion. C'était précisément la musique pour dire mon amour à William dans une ode. Mais ce que je dis dans la chanson, ce ne sont pas des bêtises : je l'amènerai, un jour, sur les bords de la Marne et je danserai une java avec lui. Oui, j'ai quelqu'un dans ma vie, mais peu importe ! J'y crois dur comme fer ! Je veux que cette chanson arrive à ses oreilles ! Si PurePeople pouvait m'aider..." J'ai juste un petit problème, minime : paraît-il qu'il perd un peu ses cheveux. Mais je l'aime quand même. Même chauve. Mon prochain album, je ferai une chanson sur ça."

"Elle prendrait peur, la reine d'Angleterre, non ?"

"Pour le visuel de l'album, j'ai travaillé avec des types super qui s'appellent Driu and Tiago. Je voulais des trucs sur la tête, d'où la couronne. Je ne veux pas être princesse, j'suis plus... Elle minaude... Elle prendrait peur la reine d'Angleterre, non ?!"

"Madame Butterfly, c'est une drôle d'histoire. Jérôme Bardon a des fulgurances. Il fait partie de la famille, lui aussi c'est comme un frérot. Un jour, il me dit "tu devrais faire une chanson qui commence par 'je me fais du souci'. A l'époque, j'avais un problème avec une banquière qui s'appelait madame Papillon. La pauvre. En plus Madame Butterfly, j'adore l'opéra. Et voilà."

"Il s'est mis à pleuvoir, c'est une chanson très personnelle sur un moment clash de ma vie. Mais pas grave."

"Je suis extrêmement gaie, l'album est assez gai. Même quand je parle de vous, les hommes, vous êtes gentiment épinglés." Et de réciter un extrait de Made in China, le sourire aux lèvres, ou de digresser avec malice sur "la planche pourrie".

Une tournée en tête ?

"Je parle pas mal entre les chansons. Je suis quelqu'un qui communique avec le public. J'adore ça. Je n'ai pas peur de prendre un regard dans la salle, de parler aux gens. Si je peux, de faire monter quelqu'un sur scène. J'adore les petites salles. Tant mieux pour moi (rire entendu). J'ai envie d'écrire une trame, que ce soit un spectacle cabaret parce que l'album s'y prête. Les gens aiment bien qu'on leur raconte des histoires."

"On avait fait des maquettes avec Stan et William. On avait déjà sept chansons très abouties. J'ai dû travailler avec des gens ; ça ne s'est pas fait, pour des raisons qui me sont et qui leur sont personnelles. Et un jour, j'étais avec des copines, dont ma directrice artistique de chez Warner, et Sevan Barsikian est passé. Il y a eu un coup de coeur ; et de leur part, et de ma part. J'arrivais avec mon staff, avec William, on savait ce qu'on voulait faire, et ils nous ont laissé cette liberté artistique. J'en avais ras-le-bol d'entendre que l'industrie de la musique va mal. Chez MyMajorCompany, je trouvais qu'il y avait une émulsion très positive, ils sont en succès, c'est une vraie maison de disques, et c'est l'avenir. En plus, ça me donnait l'opportunité de proposer directement mes chansons au public. Il ne faut pas croire : ils ne misent pas sur tout le monde (...) Il y en a qui sont venus. Il y en a un, qui est trop mignon, il s'appelle Couche-tard, il a fait 600 kilomètres. Il passe le disque dans sa quincaillerie, dans son magasin, près des Vosges. Les radios le passent pas ? Alors lui il le passe ! Et il y a des gens qui viennent lui demander ce que c'est pensant que c'est la radio ! Qu'on ne me dise pas que les gens n'aiment pas la musique... Les gens aiment la musique profondément."

Portraits d'amis...

WILLIAM ROUSSEAU

"Un type extraordinaire. Pour un troisième album, je ferai peut-être un album rock, punk, parce qu'il est capable de tout. Il a une culture... C'est vraiment mon frère. C'est vraiment le frère que j'ai pas eu. Je lui dis tout le temps : "T'es dans la m...., mon vieux, parce que je ne te lâche pas". Si demain je lui dis, hé, Will, on fait un album blues, il y va... C'est mon binôme. Je m'éclate avec lui. Je me disais, l'autre nuit, j'aurais dû faire un groupe avec lui. Mais j'y pense beaucoup, c'est pas perdu. Cet album, en fait, c'est pas le mien, c'est vraiment le nôtre."

STANISLAS

"Par Hortense, l'ex-femme de Calogero, et par Calo. J'ai toujours aimé la musique de Calo, et je l'adore sur scène, c'est un type de scène. Calo était très proche de cet album, il l'écoutait beaucoup. On dînait beaucoup ensemble, on parlait musique. Avec Hortense, ils m'ont présenté Stan. Et puis Jérôme Bardon, toute la bande. Et puis il y a la bande Warner. Je le dis : cette équipe, je la garde, pour un troisième album - j'espère."

EMMANUELLE COSSO-MERAD.

"C'est par Warner. Une super rencontre, un super auteur. Je lui racontais mes histoires, elle a tout noté, et ça a donné "Givrée". C'est elle qui a eu l'idée de "Givrée". Moi, je n'aurais peut-être pas osé écrire, comme ça, "givrée". J'aurais peut-être fait une chanson qui s'appelle "J'aime l'hiver, j'aime pas l'été"."

Malgré une petite averse liée au mariage d'un certain prince avec une autre, Amrie-Amélie Seigner semble, elle, au printemps de son parcours.