"Bien évidemment, a observé pour l'AFP Marion Bartoli en marge du mini-tournoi exhibition qui marquait lundi 5 mars 2018 à New York son retour à la compétition, quand je pesais 41 kilos et que j'étais au fond de mon lit d'hôpital, ça paraissait totalement dément. Je prends cette rentrée comme du bonus et du plaisir, après tout ce que j'ai vécu..."
Du plaisir, la Française de 33 ans a effectivement semblé en prendre, heureuse de lâcher quelques jolis coups et de défier au Madison Square Garden une autre célèbre trentenaire de la WTA, Serena Williams (36 ans), même si la passe d'armes entre ces deux revenantes (désormais maman, l'Américaine n'avait plus joué depuis une autre exhibition, en janvier) n'était pas programmée pour durer : dans le cadre du Tie Break Tens, les matchs s'arrêtaient une fois qu'une des deux adversaires avait atteint 10 points. À ce jeu-là, c'est Serena qui s'est imposée après avoir d'abord été menée 4-2, appuyant sur l'accélérateur pour s'imposer 10 à 6. Un peu plus tard, c'était à son tour de s'incliner (11-13) en demi-finale face à la Chinoise Shuai Zhang, ensuite finaliste malheureuse contre Elina Svitolina, laquelle avait écarté en début de parcours une certaine... Venus Williams. Marion Bartoli, désormais bien remplumée après avoir affiché une maigreur inquiétante à la suite de ses soucis de santé, ne s'est d'ailleurs pas privée d'un autre plaisir : celui de prendre un selfie avec les deux soeurs Williams.
"Quelle soirée ! Je n'aurais pas cru qu'il me soit possible d'un jour avoir l'immense honneur et privilège d'être avec ces deux championnes qui sont plus qu'incroyables et, plus important encore, qui sont de vraies amies", a-t-elle écrit en légende du résultat qu'elle a publié sur son compte Instagram, parlant d'un "rêve devenu réalité".
Malgré la défaite, acceptée avec le sourire et une étreinte appuyée avec son opposante, l'ex-numéro 7 mondial, qui avait pris sa retraite en 2013 après avoir remporté le tournoi de Wimbledon, a trouvé beaucoup de satisfaction dans ces quelques minutes passées sur le court. "Quand je suis tombée gravement malade en 2016 et que j'étais proche de mourir, j'ai eu envie de me raccrocher à quelque chose. Ce qui m'a fait tenir et espérer, c'est le sport. C'est ce que j'ai pratiqué toute ma vie, ce qui m'a apporté les plus grandes satisfactions (...) Je voulais me redonner une chance de finir ce que j'ai dû interrompre en 2013 [année où elle a pris sa retraite, notamment en raison d'une blessure à l'épaule droite, NDLR]", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Retrouver mon poids de forme
Revenue de l'enfer – "Je suis restée quatre mois et demi alitée, quasiment 24h sur 24 avec un tube pour m'alimenter, rappelle-t-elle. Je ne pouvais plus rien digérer, j'avais des perfusions d'antibiotiques pour me soigner" – et affaiblie aussi par une relation toxique avec un boyfriend qui la rabaissait, est consciente que son retour au haut niveau "va prendre du temps" et que rien n'est acquis. Mais, motivée par la perspective de faire ce qui lui "plaît le plus au monde", à savoir le tennis, elle choisit de faire preuve de patience : "Je n'ai pas la certitude, concède-t-elle, que mon corps puisse continuer à assumer des doses d'entraînement qui ne vont faire qu'augmenter pour arriver à retrouver mon meilleur niveau. Je ne sais pas si mon épaule et mes genoux vont tenir. Il y a tellement de points d'interrogation. J'essaye de prendre les choses au quotidien sans trop me projeter. Ce qui est certain, c'est que je ne reviendrai pas sur le terrain tant que je ne m'estimerai pas à 100%."
Et s'il y a bien, déjà, des motifs de contentement, comme une frappe de balle de fond de court solide et une épaule qui tient le choc, la route est encore longue. Or, le programme s'annonce intensif : "Aujourd'hui, j'ai besoin de faire de gros volumes de tennis. Je dois passer beaucoup de temps sur le terrain. J'ai besoin de cette préparation physique pour m'affûter, retrouver mon poids de forme et reprendre la tonicité musculaire que j'ai perdue. Il faut réhabituer le corps à s'entraîner tous les jours", dit-elle, avouant que les débuts furent difficiles. Mais soulignant surtout : "Ça me rend heureuse et c'est de loin le plus important."