Réactualisation du 18 mars à 12h20 : Alors qu'on n'y croyait plus, la Haute Cour de Dublin a donné son feu vert, aujourd'hui vendredi 18 mars, à l'extradition vers la France du britannique Ian Bailey, afin que Paris puisse enfin l'interroger dans le cadre de l'enquête sur le meutre de la regrettée Sophie Toscan du Plantier. Le juge irlandais n'a pas motivé sa décision et a ordonné que Ian Bailey soit placé sous écrou. Malgré tout, la défense de ce témoin-clé, devenu suspect (les enquêteurs irlandais l'ont toujours pensé coupable sans jamais pouvoir le prouver...), a jusqu'à mardi pour faire appel. Ce que les avocats de cet ex-journaliste - qui a toujours nié son implication dans ce meurtre - ne vont pas manquer de faire. La famille de Sophie va devoir encore attendre de possibles éclaircissements sur ce qui est arrivé et les preuves (ou pas) de la culpabilité de Ian Bailey. Il y a 15 ans que cet horrible forfait a eu lieu...
Le 21 janvier, nous écrivions :
Ce n'est visiblement pas demain la veille que la lumière se fera sur le sordide meurtre non résolu de Sophie Toscan du Plantier. En effet, alors que le jugement pour l'extradition de Ian Bailey (unique suspect du crime) vers la France devait être statué ce 21 janvier 2011, le juge de la Haute Cour Suprême irlandaise vient de repousser sa décision au 10 février 2011, afin d'entendre de nouvelles conclusions, celles proposées pour une éventuelle extradition étant trop faibles, l'extradition n'étant possible que s'il est certain qu'un suspect puisse être inculpé dans le pays faisant la demande.
Historique de l'affaire : Il y a deux ans, la justice française rouvrait le dossier sur la mort tragique et non résolue de la productrice de télévision Sophie Toscan du Plantier - femme du producteur de cinéma et ancien patron de la Gaumont Daniel Toscan du Plantier, aujourd'hui décédé -, qui avait été assassinée dans la nuit du 23 décembre 1996, dans sa propriété de Schull, en Irlande.
La jeune femme, âgée de 39 ans au moment des faits, avait été retrouvée en tenue de nuit dans son jardin, défigurée et le corps meurtri par une quarantaine de blessures causées par son assassin, qui s'était acharné sur elle avec une machette et un bloc de ciment. Il est ressorti de l'enquête que son agresseur avait frappé la nuit à la porte de sa cuisine et qu'elle avait ouvert sans méfiance, accréditant le fait qu'elle connaissait forcément son assassin.
L'enquête avait rapidement été classée sans suite par la justice irlandaise (le suspect n°1, le journaliste britannique Ian Bailey, n'avait jamais pu être réellement mis en cause dans cette affaire et l'enquête n'avait jamais abouti, faute de preuves). Près d'une douzaine d'années après le drame, le juge d'instruction français Patrick Gachon avait ordonné en juin 2008 l'exhumation du corps de la victime pour l'autopsier à nouveau et tenter de retrouver sur la dépouille des traces d'ADN de son éventuel assassin.
Malheureusement, le résultat de cette nouvelle autopsie n'avait rien apporté de nouveau au dossier. Cependant, ce rebondissement avait permis au juge en charge de l'enquête française d'étendre ses recherches quant à un éventuel faux témoignage, mis en lumière par une plainte déposée par les malheureux parents de Sophie Toscan du Plantier. Cette plainte contre X pour "subornation de témoin et faux témoignage" visait les deux acteurs clefs de ce dossier - le journaliste indépendant Ian Bailey, longtemps considéré comme le suspect numéro 1, et Marie Farrel, qui avait dans un premier temps déclaré avoir vu, la nuit du meurtre, vers 3h du matin, Ian Bailey rôder à proximité de la propriété de la victime, avant de se rétracter sous les pressions et les menaces de ce dernier. Menaces qu'elle avait clairement décrites devant les caméras de télévision. Elle avait ensuite déclaré avoir subi d'autres pressions de la part de la police pour accuser Bailey.
Le juge Gachon - qui s'est depuis déplacé en Irlande pour voir certaines pièces à conviction qui ne pouvaient pas lui être envoyées, comme le bloc de béton qui aurait achevé la victime - attendait depuis de recevoir le dossier de la police irlandaise et de le faire traduire afin de convoquer enfin ces deux fameux témoins et de les entendre.
Cette triste affaire avait pris en début d'année une autre dimension, lorsque le juge Patrick Gachon avait émis le 19 février un mandat d'arrêt international contre le journaliste Ian Bailey. Le 9 mars, la justice irlandaise accusait réception de ce mandat d'arrêt et devait rapidement mettre la main sur l'individu, avant de le relâcher.
L'un des avocats de la famille de la victime - Maître Alain Spilliaert - avait ainsi déclaré à l'époque : "C'est une étape importante, même si Bailey dispose de nombreuses voies de recours et va sans doute saisir la Haute Cour Suprême irlandaise"..
Soupçonné depuis le début de l'enquête, Ian Bailey, journaliste pigiste pour plusieurs journaux irlandais, avait été entendu deux fois par la police irlandaise et même placé en garde à vue pendant 24h, sans pouvoir cependant être inculpé, faute de preuves. Mieux, sa compagne lui avait fourni un alibi.
A suivre...
Adam Ikx