Le 19 juillet dernier, Mick Fanning, triple champion du monde de surf, échappait de peu à la mort, suite à l'attaque d'un requin. Trois mois ont passé, et l'Australien a consolidé sa place en tête du championnat du monde. Mick Fanning a fait sienne l'expression "ce qui ne tue pas rend plus fort", lui qui a eu la douleur de perdre son frère il y a 17 ans.
A l'heure du rendez-vous avec l'étape mondiale de Hossegor (Landes), Mick Fanning, Australien de 34 ans, a abordé la compétition en leader du championnat. Pourtant, tout aurait pu basculer en juillet dernier lors de la finale de l'Open de Jeffreys Bay en Afrique du Sud, lorsqu'un requin l'a attaqué. Des instants dont les images impressionnantes ont marqué les esprits, durant lesquelles White Lightning, son surnom - devenu Shark Bait (appât de requin) - s'est battu contre le squale. Ce qui ne l'a pas empêché de revenir et de gagner en septembre en Californie.
"Je me rappelle des moindres détails de cette journée complètement dingue", confie-t-il dans les colonnes de L'Équipe à propos de cette rencontre avec ce requin qu'il a baptisé "Bruce", comme le requin du Monde de Nemo... "Si vous saviez comme j'apprécie de pouvoir encore faire ce que j'aime, je savoure le plaisir que ça me procure au quotidien", poursuit-il. Malgré le traumatisme, Mick Fanning est rapidement remonté sur une planche. "Il fallait que j'évacue tout ça, que je m'en libère", explique-t-il. Il convoquera la presse pour "pouvoir balayer tout ça" et ainsi se "reconcentrer à nouveau sur [lui]". Une envie de rapidement passer à autre chose, même si "les médias sont restés là, agglutinés".
Je me suis perdu, pendant plusieurs années...
S'il confie que toute sa famille a été très choquée et que "le traumatisme reste présent", lui se dit "conscient d'avoir été un peu 'secoué'" tout en ayant "conscience de [s]a chance". Résultat, Mick Fanning a replongé peu de temps après et a fait une drôle de rencontre dans l'eau. "La première fois, j'étais effrayé, confie-t-il à propos de son retour au surf. En entrant dans l'eau, j'avais des flashbacks. Pendant les premières sessions, j'avais peur." Mais pour lui, "le surf est comme une planche de salut" : à chaque coup dur, son sport lui "offre une sorte de dérivatif".
Comme lors de sa mort de son frère en 1998. Un drame qu'il raconte à L'Équipe : "Le décès de mon frère, c'est le plus gros choc de ma vie. Pour traverser ça, surtout à un si jeune âge... On n'est jamais préparé, on n'imagine jamais que cela puisse se produire (...) Je me suis perdu, bien sûr, et pendant plusieurs années. Je ne suis pas sorti de ma chambre les deux premières semaines. Mais un ami est venu et m'a poussé dehors : 'Il faut que tu ailles surfer, te lessiver dans l'eau.' Je crois que c'est ce qui m'a sauvé, ce qui m'a permis d'évacuer cet autre traumatisme."
Mick Fanning surfe aujourd'hui en partie pour son frère décédé, qui lui donnerait "un supplément d'énergie". "C'est peut-être du délire, mais je crois que j'ai deux personnes à satisfaire, moi-même et l'esprit de mon frère," avance le solide gaillard, bien parti pour décrocher un quatrième titre de champion du monde après ceux de 2007, 2009 et 2013.
Désormais, l'épisode du requin est derrière lui. Très loin même, à en croire ses mots : "Je ne fais pas de cauchemars. Je dors très bien. C'est plutôt à l'instant du réveil que je peux avoir des images qui reviennent, mais cela ne me terrorise pas. Dans les jours qui ont suivi, j'ai beaucoup regardé la vidéo. Je n'avais pas réalisé que le requin était si gros. Mais c'est fini. Je n'en ai plus le besoin."
Mick Fanning, un entretien à retrouver dans son intégralité dans L'Équipe du 12 octobre 2015