À l'instar de sa regrettée consoeur Jeanne Moreau, Mireille Darc a elle aussi fasciné bien des hommes, tombés amoureux de cette femme charismatique et d'une grande beauté – et qui soit dit en passant possédait l'une des plus belles chutes de reins du cinéma français. Après sa disparition à l'âge de 79 ans, retour sur ces quatre hommes qui ont façonné la vie sentimentale de Mireille Darc.
Quinze ans. Une idylle parfois sulfureuse, qui a flirté avec l'infidélité. En 1968, alors marié à Nathalie Sand (la mère de son fils Anthony), Alain Delon craque pour Mireille sur le tournage du film Jeff de Jean Herman. Il divorce de Nathalie et commence alors une longue et belle relation qui restera à jamais gravée dans les mémoires, notamment celle de Mireille Darc. "On s'est croisés, Alain m'a regardée, je l'ai regardé, on s'est souri, et puis voilà. Ça n'a pas fait tilt. Je l'ai trouvé superbe, mais je ne me suis pas dit : 'Oh ! c'est l'homme de ma vie'", raconte-t-elle à Gala. Pas de coup de foudre immédiat, et pourtant.
Au fil des jours, elle découvre un homme "romanesque, romantique, tendre et en même temps très fort". Leur idylle peut commencer. Les deux comédiens, magnétiques, brillent devant les caméras et sur papier glacé. Mais elle doit composer avec l'hystérie que Delon provoque chez les femmes, dira que le fréquenter pendant ces années l'aura "guérie de la jalousie". En 1983 pourtant, le couple rompt. Les sentiments se sont effrités, Mireille est tombée malade (une embolie cérébrale) et ne peut donner d'enfants à Alain qui en veut un autre. "Alain et moi, nous n'aurons jamais de scènes dramatiques, il n'y aura pas de vaisselle cassée. (...) Tout – bon et mauvais moment – se passera toujours dans un grand respect l'un de l'autre", dit-elle dans sa biographie, Mireille Darc, une femme libre. Et puis il y a Anne Parillaud. "Il y a une fausse note. Petite, mais fausse quand même. C'est imperceptible : un regard ailleurs, un mot déplacé, une soirée avec des silences. Les hommes sont faibles devant la maladie ou la chirurgie, je le sais, écrit-elle avec subtilité Spontanément, elle a établi une relation avec moi. Elle m'a appelée pour me demander quel cadeau elle pouvait faire à Alain. Je ne lui en veux pas. Si elle n'était pas passée, une autre aurait pris la place. Entre Alain et moi, désormais, les choses sont différentes."
Elle finira par lui pardonner. "Si j'avais cessé toute relation avec lui, confiait-elle à Gala, cela aurait voulu dire que je reniais tout ce que je lui avais promis durant notre histoire. Les choses que j'ai pu lui dire et celles que j'ai pu entendre de lui n'ont pas été des vérités passagères. Elles ont encore des résonances." Et d'ajouter : "Il est l'homme de ma vie. (...) Cet amour pour Alain, ça dépassait l'entendement. Si Alain ne va pas bien, encore aujourd'hui, je le sens, je lui envoie un SMS."
Des résonances qu'elle évoquait il y a peu sur le Divan de Marc-O : "Il est présent et pour rien au monde je ne voudrais qu'il parte, qu'il me quitte. J'ai besoin de lui. Oui je l'aime, d'une autre manière, c'est certain, mais au-delà de tout."
Septembre 2002, c'est dans la plus grande discrétion, en Normandie, que Mireille Darc se marie avec l'homme qui partage sa vie depuis plusieurs années, Pascal Desprez, un architecte d'intérieur. C'est, à 64 ans, le premier mariage de l'actrice de Borsalino. L'homme l'accompagnera jusque dans son dernier souffle, et sera notamment son plus grand soutien dans ses derniers combats. "Mon mari a été formidable, il a été là, il ne m'a pas lâché la main. Je crois que Pascal y a toujours cru. À ce moment-là, moi aussi j'y crois. Je savais au fond de moi que les choses ne s'arrêtaient pas, que c'étaient des passages où la vie restait en suspens", disait-elle.
"Il ne pense qu'à me faire plaisir, disait-elle, quatre ans plus tôt. Il m'aide à manger, il organise ma vie. Il ne me regarde pas comme une vedette de cinéma, il me regarde comme sa femme. Il me berce et me réconforte". Et d'ajouter : "J'ai l'impression de vivre une nouvelle histoire d'amour avec Pascal. C'est comme un nouveau film..."
Elle tournera dans treize films de l'immense cinéaste. Un chiffre porte-bonheur quand on voit la carrière de Mireille Darc. Membre de ce qu'on appelait "La bande à Lautner", elle était sa "grande sauterelle". Elle raconte leur première rencontre, sur fond de casting raté : "Mal éclairée, je fus refusée par le producteur qui me trouva très moche. Georges, à qui je plaisais pour ce rôle, insista pour que je fasse de nouveaux essais. Ceux-là, je les réussis en improvisant deux scènes qui n'avaient rien à voir avec le script. Engagée pour le film, je me suis retrouvée dans tous ceux de Lautner qui suivirent. C'était automatique."
Celle qui brilla dans Les Barbouzes en 1964 fréquente dès lors les Blier, Audiard, Ventura, Lefebvre, Dalban... "Ils m'amusaient et je les amusais. Pour m'en sortir avec eux (...), il ne fallait pas trop la ramener et surtout être irréprochable. J'arrivais donc à l'heure et je connaissais mon texte par coeur. Je me comportais comme une pro, et j'y avais intérêt, car ils ne supportaient pas l'amateurisme." Une histoire d'amitié – "On s'aimait", dit-il en 2013 à France 2 – qui s'arrêtera brutalement avec l'arrivée de Miou-Miou, laquelle arrache Lautner à sa fidèle compagne de cinéma. "Nous nous sommes toujours revus avec plaisir et émotion. S'il m'arrive de regarder aujourd'hui un de ses films, je me rends compte qu'il ne m'a jamais demandé d'être à l'écran autre chose que ce que j'étais. Et je l'en remercie", glisse Mireille Darc, pas rancunière.
Après sa séparation d'avec Alain Delon, Mireille Darc rencontre Pierre Barret. Ce journaliste qui fut le directeur de L'Express et le PDG d'Europe 1 il lui redonne le sourire. Sur le Divan de Marc-Olivier Fogiel, elle parle d'un homme "hors du commun, un humaniste, un historien, un sportif, un patron", qui l'entraîne sur les pistes des rallyes et lui fait traverser la Méditerranée en ULM. Mais l'aventure s'arrête nette. En 1989, malade, il la quitte en ayant pris soin avant de mourir de demander à Alain Delon de veiller sur elle.