Avant de devenir l'une des actrices les plus populaires du cinéma français, Mireille Darc a vécu une enfance compliquée. D'un côté, une mère absente qui ne parlait pas beaucoup. De l'autre, un père froid qui la traitait souvent de "bâtarde". Ce n'est que des années plus tard que Mireille découvrira que son véritable père n'était pas celui qui l'avait élevée dans la rancoeur, mais un marin décédé en Indochine pendant la Seconde Guerre mondiale, l'amant de sa mère.
Dans l'émission Un jour, un destin (diffusée en janvier 2015 mais rediffusée ce 30 août 2017 en hommage à Mireille Darc), un documentaire revient sur la relation qu'entretenaient l'actrice et ses parents, sa première "blessure intime". Lorsqu'en 1965, elle devient le visage de l'émancipation féminine avec son sulfureux rôle dans Galia, les pensées de Mireille Aigroz sont tournées vers ses parents. Elle cherche à provoquer chez eux une réaction. Mais comme le racontent ses proches, elle n'obtiendra rien d'autre qu'un silence pesant. Gisèle Florès, gardienne de l'immeuble où elle vivait lorsque sa carrière à Paris a démarré, raconte ce que Mireille Darc lui avait dit : "Mes parents s'en fichent de moi."
Même discours du côté de Pascal Desprez, le mari de Mireille Darc : "Sa famille n'est jamais venue la voir, n'a jamais vu un film d'elle. Ils disaient entre eux : 'Mais elle fait la pute à Paris.'" Selon Gisèle Florès, "ses parents ne venaient pas la voir, ils ne lui téléphonaient même pas".
Pourtant, Mireille Darc finira par leur pardonner cette distance, cette "blessure profonde". "C'est moi qui cherchais à me provoquer, à me chercher au milieu de tout ça", préfère-t-elle dire. À ses parents, elle a "fait bien plus que pardonner". "J'en ai refait des déclarations d'amour, à mon père, à ma mère", glisse-t-elle. Et d'ajouter : "Ce que j'ai envie de faire, c'est de les prendre et de les serrer dans mes bras, leur dire que j'ai eu beaucoup de chances de vivre avec eux. Ils m'ont donné de la force, m'ont aidée à me battre à seule."
Christopher Ramoné