Le réalisateur français d'origine mauritanienne Med Hondo, auteur de plusieurs films et devenu en France une figure du monde du doublage en étant notamment la voix d'Eddie Murphy à l'écran, est mort samedi 2 mars 2019 à 82 ans à Paris, a annoncé à l'AFP sa famille. Il devrait être enterré au Maroc, a indiqué sa soeur Zahra à l'agence France Presse. Son décès survient alors que vient tout juste de se terminer le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui l'avait récompensé en 1987. "Quand on double il faut regarder l'acteur dans les yeux", disait-il de sa voix douce masquant un physique à la Orson Welles, estimant que le doublage "est un métier d'acteur".
Né Mohamed Abib Hondo en 1936 en Mauritanie, Med Hondo est connu dans le monde du doublage et auprès du grand public comme la voix française d'acteurs afro-américains : tout d'abord Eddie Murphy, mais également Morgan Freeman et Richard Pryor. Parmi ses rôles marquants dans des films d'animation figurent aussi la voix de Rafiki dans le classique de Disney, Le Roi Lion et l'âne de Shrek (doublé par Eddie Murphy dans la version originale) dans la saga à succès.
Arrivé en France à la fin des années 1950, Med Hondo a exercé de nombreux métiers (docker, cuisinier) avant de se lancer dans le cinéma avec comme credo l'anticolonialisme et le gout de la rébellion.
Son premier film Soleil Ô, sorti en 1969, est "une attaque cinglante contre le colonialisme", selon le Festival de Cannes qui l'a présenté il y a deux ans dans sa section réservée aux reprises de classiques. Le film a bénéficié d'un programme de restauration via la World Film Foundation de Martin Scorsese, afin de défendre le cinéma africain.
Viendront ensuite Les Bicots-nègres, vos voisins (1973), West Indies ou les nègres marrons de la liberté (1979), une comédie musicale sur le traite des esclaves et Sarraounia, évocation de la reine du même nom, qui sera récompensé au Fespaco en 1987. Son dernier film Fatima, l'Algérienne de Dakar remonte aux débuts des années 2000. Il travaillait depuis des années sur un projet de film sur Toussaint Louverture, grande figure de la révolution haïtienne, a souligné à l'AFP le journaliste Amobé Mévégué, qui était un de ses proches. Ce projet était encore à un stade très préliminaire.