Orpheline de celui qui était son chef de file (orléaniste) depuis près de vingt ans et la mort de son père, la maison de France se prépare à rendre les derniers hommages dus à Monseigneur le comte de Paris, duc de France : près de deux semaines après sa mort survenue au matin du 21 janvier 2019 à l'âge de 85 ans, les obsèques d'Henri d'Orléans "seront célébrées le samedi 2 février 2019 à 15 heures, en la chapelle royale Saint-Louis de Dreux", a fait savoir mercredi soir par le biais d'un communiqué son fils Jean d'Orléans, duc de Vendôme, désormais nouveau détenteur du titre de comte de Paris.
"Une chapelle ardente sera ouverte à la chapelle royale, du mercredi 30 janvier au vendredi 1er février de 13 heures à 17 heures", indique en outre le texte, laconique, diffusé sur les réseaux sociaux et sur le site officiel du prince Jean de France.
Descendant de Philippe de France (frère de Louis XIV, duc d'Anjou puis d'Orléans) et de Louis-Philippe d'Orléans dit Philippe-Égalité, qui avait voté la mort du roi Louis XVI, Henri d'Orléans s'est éteint le jour anniversaire de l'exécution de ce dernier, le 21 janvier 1793. Quelques minutes avant d'annoncer avec tristesse la mort de son père, Jean d'Orléans avait d'ailleurs publié sur les réseaux sociaux un message inspiré par ce fait de l'Histoire de France et de l'histoire de la dynastie. Dans la notice nécrologique qu'il a rédigée pour Le Figaro du 22 janvier, Stéphane Bern soulignait que le défunt comte de Paris allait chaque année à cette date anniversaire prier à la mémoire du roi guillotiné à Saint-Germain l'Auxerrois, paroisse des rois de France.
Engagé volontaire dans la guerre d'Algérie, ensuite appelé au Secrétariat général de la Défense nationale par le général de Gaulle puis officier instructeur dans la Légion étrangère et au Royal Étranger, Henri d'Orléans, après avoir quitté l'armée, avait fait carrière dans la banque et dans l'assistance aux entreprises cherchant à s'exporter. "Prince aux nombreuses qualités humaines, pétri de traditions chrétiennes, il avait dû batailler pour gagner sa vie, relève encore Stéphane Bern, avec pour seul viatique un nom qui oblige plus qu'il n'ouvre de portes."
De son premier mariage, célébré le 5 juillet 1957 en la chapelle Saint-Louis de Dreux sur fond de réconciliation franco-allemande, avec la duchesse Marie-Thérèse de Wurtemberg, il eut cinq enfants : Marie, François (lourdement handicapé après avoir souffert de toxoplasmose pendant la grossesse de sa mère et décédé le 31 décembre 2017 à 56 ans), Blanche (handicapée comme son frère), Jean et Eudes d'Orléans. La séparation légale du couple avait été prononcée en 1977 et son divorce en 1984, Henri d'Orléans épousant la même année en secondes noces à Bordeaux Micaela Cousino y Quinones de Leon, rencontrée dix années plus tôt. Un remariage qui l'avait exposé à la vindicte de son père et éloigné de ses enfants.
Durant ses dernières années, le prince Henri s'adonnait à sa passion de toujours pour la peinture et plus particulièrement l'aquarelle, "peignant sans relâche dans sa petite maison de Palma de Majorque et pratiquant aussi l'escrime et l'équitation", relate aussi Stéphane Bern. Il sera resté actif et en prise avec le monde contemporain jusqu'au bout, suivant avec intérêt, dernièrement, le mouvement des Gilets jaunes, lui manifestant via Twitter une certaine solidarité. Quelques jours avant sa disparition, il avait également accordé, comme l'a remarqué le blog Noblesse & Royautés, un entretien à la radio LCF, son ultime témoignage (à découvrir ci-dessous). Recevant chez lui dans son appartement parisien, il y revenait brièvement sur sa jeunesse en exil et, plus longuement, sur sa passion pour la peinture, soulignant au passage le rôle de la comtesse de Paris, sa femme Micaela, dans l'épanouissement de ce talent : "J'ai commencé à peindre vraiment sérieusement quand j'ai connu ma seconde épouse. C'est grâce à elle que je fais des progrès en peinture, en écriture", confiait-il notamment.