Il y eut durant la cérémonie beaucoup de larmes, les siennes comme celles de ses belles-filles les princesses Mary et Marie, mais aussi de tendres sourires, en écho aux bons souvenirs : éprouvée par la mort de son époux le prince Henrik mais heureuse du bel adieu, sobre et simple comme il le souhaitait, qui lui a été adressé mardi 20 février 2018, la reine Margrethe II de Danemark a publié au lendemain des obsèques un très touchant message de remerciement.
"Pour moi et ma famille, a-t-elle écrit, il a été profondément émouvant de ressentir la chaleur et la sympathie qui ont afflué de toutes les parties de la société danoise concernant la mort et les funérailles du prince Henrik. Toutes les belles fleurs qui ont été déposées spontanément aux endroits où le prince aimait être, les milliers de personnes, venus de près comme de loin, qui ont bravé le froid de l'hiver pour rendre au prince un dernier hommage dans la chapelle du palais de Christiansborg, et les innombrables messages de sympathie que nous avons reçus nous ont profondément touchés et nous aident à traverser cette période difficile. Pour tous ces beaux témoignages de sollicitude et de compassion, ma famille et moi-même souhaitons exprimer nos plus sincères remerciements à tous les Danois."
Séparés par la mort, la reine Margrethe et le prince Henrik ont été mariés pendant plus de 50 ans. Mais, à la fin de sa vie, le conjoint de la monarque n'était plus que l'ombre de celui qu'il avait été : quelques semaines après la date - le 10 juin 2017 - de leurs noces d'or, la cour danoise révélait en septembre dernier qu'il était atteint de démence sénile... En janvier 2018, il avait fait deux séjours en Égypte, dont il avait été rapatrié, hospitalisé en raison d'une infection pulmonaire. Il s'est éteint peu de temps après, le 13 février, au palais de Fredensborg, à l'âge de 83 ans.
Dans son éloge funèbre lors des obsèques, l'aumônier royal Erik Norman Svendsen a d'ailleurs tristement rappelé combien "les dernières années [avaient° été difficiles pour le prince Henrik, qui sentait ses forces l'abandonner et sa mémoire faillir", avant que le diagnostic de démence ne tombe et que l'intéressé ne disparaisse définitivement de la scène publique. Dans un registre plus réconfortant, l'homme d'Église n'a pas manqué non plus de faire le portrait de cet homme "si haut en couleur", "si français" : né à Talence en Gironde, Henrik (né Henri de Laborde de Monpezat) était en effet tout à la fois un bon vivant, qui adorait écrire de la poésie et faire du vin dans les vignobles du château de Cayx, domaine dans le lot qui appartient à la couronne danoise, et un râleur de premier ordre, qui ne se privait pas de clamer haut et fort sa frustration de se voir refuser le titre de roi. De fait, estimant n'être pas l'égal de son épouse, il avait décidé qu'il ne serait pas inhumé dans la nécropole royale de la cathédrale de Roskilde. Incinéré, ses cendres doivent selon ses dernières volontés être en partie dispersées en mer et, pour le reste, inhumée dans une urne dans les jardins privés du palais de Fredensborg.
Au cours de la cérémonie, l'aumônier avait également lu un passage d'un poème que le prince Henri avait déclamé pour son épouse lors de leur mariage. Il y était question de fleur des champs et de jardin luxuriant ; "c'était le souhait du prince que de surprendre la reine une dernière fois : des couronnes et des fleurs ont été aménagées en "jardin fleuri"", a joliment constaté la cour danoise via son compte Instagram et une photo du Monument de l'Action internationale du Danemark entouré d'un océan de fleurs.