Le phénomène Natascha Kampusch n'a pas fini de faire parler.
Souvenez-vous, nous sommes le 23 août 2006. Une jeune fille apeurée s'échappe d'un pavillon de Strasshof, en banlieue de Vienne. Elle vient de passer huit années de captivité dans une cave de 6 m2, où son ravisseur, Wolfgang Priklopil, lui a fait vivre l'enfer... Du moins le présume-t-on. Car de sa détention, Natascha ne dira quasiment rien.
Quelques heures après sa libération, celle qui avait été enlevée en mars 1998 en rentrant de l'école monnaye déjà sa première interview. 600 000 euros pour raconter sa détention...
Dans un même temps, son geôlier, conscient qu'il sera prochainement arrêté, préfère se jeter sous un train. Nous n'aurons jamais qu'une version des faits.
Interviews, talk-show à son nom (désormais suivi par plus de 66% des téléspectateurs), site Internet... A 19 ans, Natascha est devenue un personnage public en Autriche. La seconde célébrité la plus aimée des Autrichiens... juste derrière le président de la République !
Sa notoriété est telle que les tabloïds lui assurent une visibilité continue. Telles les histoires de Martine, toutes les étapes de la vie de Natascha font l'objet d'une série photo.
Et en ce moment, la presse se régale. Kampusch sort avec le fils de son avocat, d'après un excellent article de Femme Actuelle. La jeune femme à l'enfance volée, au destin apparemment brisé, brille dans les soirées people et jet-set au bras de son nouvel amant. Perturbant ? Vous n'avez encore rien vu.
Deux ans après sa libération, la jeune femme n'a jamais évoqué le degré d'intimité que lui a imposé Priklopkil. Ni à la presse (ce qui est tout à son honneur), ni à ses médecins. Le sujet est tabou. Mais plus le temps passe, plus l'opinion publique devient sceptique.
Depuis qu'elle s'est échappée, Natascha régit tout. Sa mère publie un livre ? Elle exige de le relire et d'y apporter un certain nombre de modifications. Son père révèle malencontreusement à la presse qu'elle possède une photo du cercueil de Priklopil ? Elle le black-list de son entourage. Attachée de presse, avocat, psychologue, personne n'est autorisé à parler sans qu'elle n'ait personnellement validé l'intervention.
En deux ans, la petite victime aurait amassé quelques deux millions d'euros. Une somme qui lui a notamment permis d'acheter la maison où elle a été retenue captive. "Afin qu'elle ne devienne pas un lieu de tourisme", a-t-elle expliqué.
"Elle maîtrise parfaitement les codes de la séduction et de la manipulation : son prédateur l'a formée à ça", explique un éminent neuropsychiatre.
Mais Natascha ne gère pas que son entourage et son image. Elle a également su devenir une personnalité influente.
Sur les 200 demandes d'interviews qu'elle reçoit chaque semaine, Natascha n'en accorde que très peu... et les monnaye. Elle exige ainsi une liste des questions à l'avance, et gare à ceux qui sortiraient des clous. Ils se retrouvent immédiatement persona non grata.
Récemment, elle a fait interdire un livre non-autorisé écrit par deux journalistes. Ils y racontaient que ses parents auraient été violents avec elle avant son enlèvement, qu'ils détenaient des photos d'enfants à caractère pornographique et que la mère de Natascha connaissait Priklopil avant qu'il n'enlève sa fille... Vous avez dit bizarre ?
L'ouvrage a été interdit en Autriche, en Allemagne et en Suisse... Mais Natascha Kampusch, l'enquête est sorti en France et au Royaume-Uni.
La personnalité de cette ex-séquestrée surprend. Jamais elle n'a donné de signe de faiblesse, jamais elle n'a cédé. Si on parlait de syndrome de Stockholm la concernant, la piste a été abandonnée.
Natascha ne voue aucune fascination à son ravisseur, elle se sait plus forte que lui. Elle l'a battu.
Les psychiatres s'accordent à dire que la guérison de la jeune femme ne passera que par une profonde dépression. Évacuer pour pouvoir se reconstruire.
Mais Natascha semble à mille lieues de ces considérations. Elle vit ses rêves de gloire... et c'est tout ce qui compte.
Julien Lamury