Les morts hantent-ils Nathalie Rheims ou est-ce elle qui hante les morts ? La question se pose au fil de son entretien avec le magazine Gala. L'écrivain explore avec sa plume l'histoire du Père-Lachaise, un beau-livre illustré par les photographies de Nicolas Reitzaum. Les tombes, elle en voyait avec son père Maurice Rheims, lorsqu'il préparait un roman sur la statuaire dans les cimetières français : "Il était handicapé avec ses enfants, au niveau de la communication. Il lui était bien plus facile de dialoguer avec mon frère Louis (avocat), ma soeur Bettina (photographe) dans les musées ou les cimetières." Dans son entretien, elle parlera de ses proches, disparus, de sa peur de l'oubli et de son non-désir de maternité.
Nathalie Rheims perd son frère Louis à 33 ans, qui succombe à un cancer. Dix ans plus tard, elle écrira alors L'un pour l'autre : "J'avais l'impression que les gens, même les plus proches, l'avait oublié." Elle se veut thanatopracteur, enveloppant et conservant les morts, "quitte à enjoliver la réalité". Elle a aussi discuté avec une médium, Patricia Darré : "Elle m'a aidée à laisser partir Claude [Berri]. J'en étais incapable toute seule", dit celle qui avait peur que dans l'au-delà, son compagnon rencontre une autre femme et n'ait plus envie de la revoir. Aujourd'hui, elle a toujours du chagrin mais elle est sortie du trou.
Claude Berri, le cinéaste et producteur mort en 2009, est le premier homme à "l'avoir regardée, traitée et parfois maltraitée" comme une femme. Elle lui restera à jamais fidèle : "Il est en moi." Nathalie Rheims révélera comment Gérard Depardieu est venu rendre hommage à l'homme : "Il s'est approché de Claude, en l'appelant mon Titi. Je l'ai laissé s'allonger de l'autre côté de Claude et nous lui avons parlé." Un geste quasi mystique qu'il a fait avec d'autres, dont son fils, Guillaume, mort en 2008.
Après dix ans d'amour, elle quitte Léo Scheer, son âme soeur, pour Claude Berri. Ensemble, ils n'auront pas d'enfants : "Je n'ai pas réussi à dissiper cette petite fille que j'étais. À 55 ans, je crois que c'est mort !" Elle ajoutera plus loin : "Je n'ai jamais ressenti le besoin de devenir mère."
"J'ai tout accepté pour qu'on ne me quitte pas", déclare l'auteure. C'est la maladie qui arrachera Claude Berri à celle qu'il aime depuis dix ans. Serait-elle prête aujourd'hui à retomber amoureuse ? "Je me dis que je ne suis pas trop décatie, que je pourrais de nouveau tomber amoureuse ou du moins connaître un petit frisson..."
Une chose est certaine, jamais elle n'a cherché à entraver l'autre, encore moins à se venger. "J'ai lu le livre de Valérie Trierweiler comme si je m'approchais d'Hannibal Lecter. Avec autant de fascination que de terreur. Elle m'a scotchée. (...) À côté d'elle, Marcella Iacub et Christine Angot, dont j'admire pourtant le talent, sont des petites joueuses. Je trouve incroyable que François Hollande, avec sa 'boîte à outils', n'ait pas su désamorcer la bombe !"
Nathalie Rheims publiera pour la rentrée 2015 un ouvrage où il sera beaucoup question de sexe, Place Colette. Par ailleurs, la société Ciné-France a aquis les droits de son livre Maladie d'amour et le rôle principal de l'adaptation pourrait être confié à Elsa Zylberstein.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Gala du 14 octobre