Ce mercredi 17 mai 2023, Nicolas Sarkozy a été condamné en appel à Paris à trois ans d'emprisonnement dont un an ferme à exécuter sous bracelet électronique pour corruption et trafic d'influence. L'ex-président va former un pourvoi en cassation, a annoncé dans la foulée son avocate Jacqueline Laffont. "Nicolas Sarkozy est innocent des faits qui lui sont reprochés. Nous irons jusqu'au bout du chemin judiciaire", a-t-elle confié, parlant d'une décision " stupéfiante ". Nicolas Sarkozy est ressorti de la salle d'audience sans faire de déclaration.
Cette condamnation inédite pour un ancien président de la République rentre dans le cadre de l'affaire des écoutes. La cour d'appel a également prononcé une interdiction des droits civiques de trois ans pour Nicolas Sarkozy, ce qui le rend ainsi inéligible. À ses côtés, son avocat Thierry Herzog ainsi que l'ancien haut magistrat Gilbert Azibert qui ont eux aussi été condamnés. Le premier ne peut d'ailleurs plus exercer son métier d'avocat durant trois années.
La cour d'appel est allée au-delà des réquisitions du parquet général lors du procès en appel en décembre 2022. En effet, trois ans de prison totalement assortis du sursis avaient été requis. Mais selon la présidente de la cour d'appel le statut des trois prévenus, tous trois professionnels du droit, n'a pas joué en leur faveur. "Messieurs Herzog et Sarkozy sont avocats, monsieur Azibert est un spécialiste de la procédure pénale. Aucun des trois ne peut prétendre d'une méconnaissance des infractions commises", a déclaré Sophie Clément. Pour rappel, cette condamnation fait écho à l'affaire dite des "écoutes", aussi appelée "Bismuth".
En effet, fin 2013, des juges d'instruction décident de "brancher" les deux lignes téléphoniques de Nicolas Sarkozy. Ils découvrent par la même occasion que l'ancien chef de l'État possède une troisième ligne officieuse. Celle-ci est dédiée aux échanges entre l'époux de Carla Bruni et son ami et avocat, Thierry Herzog. Pour le ministère public, Nicolas Sarkozy aurait scellé un pacte de corruption avec Gilbert Azibert, alors avocat général à la Cour de cassation, qui a oeuvré pour défendre l'ancien chef de l'État dans l'affaire Bettencourt, en échange d'un poste honorifique à Monaco. À noter, que Nicolas Sarkozy se retrouve aussi dans le collimateur de la justice, notamment dans l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007.