Style de présidence, pouvoir d'achat, nucléaire, immigration... Le débat de l'entre-deux tours s'est déroulé, mercredi 2 mai, au Studio 107 de La Plaine Saint-Denis, et a révélé un François Hollande tout aussi compétiteur et bon débatteur que Nicolas Sarkozy (qui excelle dans ce domaine). À quelques jours du second tour, 17,8 millions de téléspectateurs ont assisté à l'affrontement, dont 8 960 000 sur France 2, en tête des audiences.
C'est peu avant 20h que François Hollande, costume noir et cravate sombre, arrive au studio 107. Il est accompagné de Manuel Valls, son directeur de communication, et de sa compagne Valérie Trierweiler, toujours d'une grande sobriété. Devant le studio, le candidat socialiste s'attarde avec un journaliste de France 2. Il se dit "concentré". Une minute à peine plus tard, le couple présidentiel arrive, Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Lui porte un costume et une cravate noirs, elle est fidèle à cet antilook qu'elle affectionne depuis la naissance de leur fille Giulia en octobre. Le président sortant est moins bavard : "Mais vous ne voulez pas que je fasse le débat avant de faire le débat. (...) Je ne vais pas le commencer maintenant dans le couloir", confie M. Sarkozy à un journaliste de France 2. Chacun regagne sa loge.
Alerte enlèvement et noms d'oiseaux
À 21h, les deux candidats se retrouvent sur le plateau de ce grand débat de l'entre-deux tours organisé par TF1 et France 2. Laurence Ferrari, en noir, et David Pujadas présentent. Sur deux heures et cinquante minutes d'un débat plus combatif et équilibré que certains ne pouvaient l'imaginer, les deux candidats mènent la barque contre les journalistes souvent dépassés. En tout et pour tout, ces derniers n'ont que 26 minutes. Sur Twitter, leur absence fait l'objet de nombreux messages, parfois très drôles, comme cette fausse Alerte enlèvement les mettant en scène.
L'échange entre les deux candidats est tendu, sportif même. Le "point DSK" est même atteint dans une ultime tentative de déstabilisation. Nicolas Sarkozy marque les esprits quand il lance à Hollande qu'il est un "petit calomniateur". Hollande, en répétant à plusieurs reprises : "Moi, président de la République, je serai..." pour dénoncer le bilan du sortant. Bref, ça a chauffé comme dirait l'autre, mais il n'y a pas eu le K.-O. pressenti par la droite. En témoigne le titre très neutre du Figaro : "Haute tension". Pour Libération, la une est sévère - "Hollande préside le débat" - mais pour le New York Times, "il n'est pas évident que le débat change la position d'un grand nombre de votants avant dimanche".
Âpre et agressif...
Après ce débat qu'il n'imaginait sans doute pas si difficile, Nicolas Sarkozy s'est estimé "comme un homme qui va rentrer chez lui". Il juge son adversaire "agressif", mais ressort avec le sourire du studio en compagnie de Carla, très souriante également. Son souhait était de "prendre un peu de repos" avant la dernière ligne droite. Repos de courte durée, car il donne, ce jeudi 3 mai au Zénith de Toulon, son dernier meeting de campagne, tandis que François Hollande sera pour sa part à Toulouse, place du Capitole.
Le candidat socialiste quitte le studio en compagnie de Valérie Trierweiler. Discrète au possible, elle ne dévoile rien de son sentiment sur ce qui vient de se dérouler. François Hollande, en revanche, a les traits détendus et s'il sourit moins que son adversaire, il semble comme soulagé. À France 2, il commente : "Je pensais que ce serait âpre et cela l'a été."
Les nouveaux sondages d'opinion devraient faire du bruit et, indirectement, désigner le vainqueur de ce débat d'entre-deux tours : qui a convaincu et gagné des points d'opinion ? Qui a déçu ?
Aussi importante soit-elle, cette rencontre entre Nicolas Sarkozy et François Hollande a réuni moins de téléspectateurs que le débat de 2007 qui opposait le président actuel à Ségolène Royal : 2,6 millions de téléspectateurs en moins selon Médiamétrie, rappelle l'AFP.