"Je vous demanderai de déclarer Nordahl Lelandais grand criminel, grand prédateur". C'est par ces mots que l'avocat général Jacques Dallest a commencé ses réquisitions ce jeudi matin, face aux jurés de la Cour d'Assise de l'Isère. Après trois semaines de procès, celui-ci a pris parti pour la réclusion criminelle à perpétuité avec 22 ans de sûreté pour le meurtre de la petite Maëlys de Araujo et l'agression sexuelle sur ses petites cousines.
Demandant aux jurés "de la lucidité (...) quant au fait que cet individu est particulièrement dangereux et de la fermeté, non pas dans un esprit de vengeance, mais parce qu'il en va des intérêts de la société", il est revenu sur l'un des principaux débats du procès, la question du mobile sexuel. En effet, les parents et avocats de la fillette ont toujours été persuadé que l'enlèvement avait été perpétré dans ce but.
Si Nordahl Lelandais a toujours nié une quelconque agression sexuelle sur Maëlys et que le corps, retrouvé trop tardivement, n'a pas permis de preuves irréfutables, l'avocat général en est persuadé : l'accusé a bien cédé à des penchants pédophiles en enlevant la fillette. "Maëlys a été l'enfant à sa merci, ça aurait pu être un autre enfant. Evidemment que le mobile est sexuel", a-t-il estimé alors qu'il était également jugé pour deux agressions sexuelles sur ses cousines mineures.
Un point qui met tout le monde d'accord : dans leurs plaidoiries, les cinq avocats de la défense avaient eux aussi parlé de ce mobile, pour lequel l'accusé n'est pas mis en cause officiellement faute de preuves. Celui-ci a maintenu tout au long du procès qu'il avait bien l'intention de montrer ses chiens à Maëlys avant de craquer dans sa voiture, évoquant un "accès de panique" et une "hallucination", dans laquelle il aurait finalement vu le visage d'Arthur Noyer.
Si ses versions ont été fluctuantes et qu'il a reconnu le meurtre pendant le procès, il n'a cette fois pas réagi aux différentes paroles des avocats de la famille de la fillette qui ont dressé de lui un portrait extrêmement sombre. Ni, d'ailleurs, aux réquisitions de l'avocat général, se contentant d'un simple geste de la tête au moment de l'annonce de la perpétuité. Pour rappel, il a déjà été condamné il y a près d'un an à 20 ans de prison pour le meurtre du caporal Arthur Noyer.
Ce jeudi après-midi, son avocat, Maître Jakubowicz s'exprimera une dernière fois. Les conclusions finales se feront quant à elles dès vendredi.