Dans La Fête des mères, Olivia Côte campe Nathalie, une femme sur le point de devenir quadragénaire et qui n'a pas d'enfants. Par-dessus tout, sa relation avec sa mère est totalement inexistante. Pourtant, à la base, Olivia Côte – qu'on a pu voir dans Vous les femmes et Scènes de ménages, ainsi qu'au cinéma dans Les Gazelles et Elle l'adore – était séduite par deux autres personnages de ce film-choral réalisé par Marie-Castille Mention-Schaar.
Au micro de Purepeople, Olivia Côte confie avoir éclaté de rire à chaque scènes de la présidente (jouée par Audrey Fleurot) parce que "c'est excessif". Elle aime aussi le personnage de Blanche (Jeanne Rosa) qui "va organiser l'enterrement de sa mère à qui elle ne parle plus, par excès d'orgueil". "Lorsqu'elle m'a proposé le personnage de Nathalie, une femme qui ne veut pas d'enfants, c'était amusant dans le sens où moi, je n'ai pas d'enfants et en fait je suis rare. Il y a peu de femmes qui n'ont pas d'enfants", confie la truculente comédienne.
Était-ce un choix ? "Alors en fait j'ai eu un gros cancer... non je plaisante. C'est pas vraiment par choix, mais c'est trop intime pour en parler", nous glisse-t-elle. On ne lui en reparlera pas. Pourtant, c'est elle qui reviendra sur le sujet plus tard, par le prisme du regard que pose sur elle la société. "J'ai 43 ans et pas d'enfants. J'ai une quinzaine d'amies chères, et j'en ai deux qui n'auront jamais d'enfants – une parce que ça marche pas, une autre qui n'en veut pas – et deux autres qui ont à peu près le même âge que moi et pensent à s'y mettre mais je ne suis pas sûre que ça marchera parce qu'elles s'y mettent tard." Elle poursuit : "Un jour, une de mes amies a dit 'de toute façon les femmes qui n'ont pas d'enfants sont considérées comme des femelles malades', comme si on regardait une femme comme une chienne. C'est ce qu'elle ressentait."
On me dit souvent "mais t'as pas réussi ?", du coup ça va, on va avoir de l'empathie pour moi. Par contre, si je dis que j'ai jamais voulu avoir d'enfants, on va dire que je suis égoïste ou ce genre de choses
Sans fard, elle reconnaît que le regard des autres est souvent biaisé lorsqu'il s'agit de donner la vie. "On me dit souvent 'mais t'as pas réussi ?', du coup ça va, on va avoir de l'empathie pour moi. Par contre, si je dis que j'ai jamais voulu avoir d'enfants, on va dire que je suis égoïste ou ce genre de choses. Moi j'ai envie de dire plutôt : 'et toi, pourquoi t'en a fait ?'", lâche l'actrice, qui préfère éviter de porter un jugement.
Dans son personnage à l'écran, elle voit une femme qui a "beaucoup de souffrance", "elle n'est pas apaisée par rapport au fait de ne pas avoir d'enfants". "C'est pas une femme qui dit 'j'ai pas d'enfants et je suis OK avec ça'. Est-ce qu'elle souffre du regard que la société porte sur elle ou est-ce qu'elle souffre du fait de vouloir un enfant mais se l'interdit pour ne pas être une mère comme la sienne l'a été, je ne sais pas", s'interroge-t-elle.
Je pense que si je n'ai pas fait d'enfants, si Dieu ne m'a pas prêté la fertilité, c'est que sans doute il y a quelque chose de bloqué dans ma tête, que je ne voulais pas reproduire et que ma mère a reproduit sur moi
La relation avec sa mère à l'écran, jouée par la géniale Marie-Christine Barrault, pourrait expliquer des choses. "Elle suit le trajet de sa mère tout en la détestant. Elle lui ressemble mais lui en veut de l'avoir mise au monde sans s'occuper d'elle. Moi je ne vais pas reproduire ça, c'est pas la vie que je veux. Ce qui est très différent de moi dans la vie", assure-t-elle. Et sa propre maman ? "Ma mère est formidable, elle a juste un gros problème : elle est très angoissée." Et d'ajouter, à propos de l'absence d'enfants dans son quotidien : "Je pense que si je n'ai pas fait d'enfants, si Dieu ne m'a pas prêté la fertilité, c'est que sans doute il y a quelque chose de bloqué dans ma tête, que je ne voulais pas reproduire, et que ma mère a reproduit sur moi, à savoir l'angoisse. Peut-être aurais-je pu être légère avec un enfant..."
La Fête des mères, actuellement en salles.