Orson Welles : Ses sulfureuses confidences sur Hollywood, 28 ans après sa mort
Publié le 2 juillet 2013 à 15:55
Par Christopher R.
Orson Welles à Paris. Orson Welles à Paris.© BestImage
Orson Welles et son ami Joseph Cotten dans Citizen Kane.
Marilyn Monroe en 1960.
Orson Welles à Paris en 1982.
Alfred Hitchock à Paris.
Bette Davis à Londres.
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Décédé le 10 octobre 1985 à l'âge de 70 ans, Orson Welles aura marqué durablement l'histoire du cinéma. De son premier long métrage devenu culte Citizen Kane à Falstaff en passant par La Soif du mal ou Le Procès, Orson Welles est l'un des plus grands metteurs en scène du septième art. Un homme discret médiatiquement parlant, bien que son oeuvre contienne films en or et autres projets inachevés ou disparus. Si le public connaît bien l'oeuvre du cinéaste, peu connaissent l'homme qui se cachait derrière, et notamment ses opinions sur Hollywood et les acteurs qui composent cet univers bien particulier.

The Guardian révèle, via The Observer, des extraits tirés d'enregistrements audio du cinéaste avec son ami réalisateur Henry Jaglom lors de déjeuners réguliers, entre 1983 et 1985. Welles y exprime ses opinions sur les différentes personnalités sur cinéma. On apprend par exemple que Laurence Olivier était "stupide", que Charlie Chaplin était un homme "arrogant" ou que Joan Fontaine "avait deux expressions et c'est tout". Au fil des enregistrements, on se vite compte qu'Orson Welles est loin de porter Hollywood dans son coeur.

Interrogé par l'Observer, Peter Biskind note qu'il "ne s'agit pas d'un grand réalisateur interviewé par un journaliste idéaliste", mais bien d'un homme "qui parlait à son ami", arguant que ce type de récit est "avant tout gratuit et non du gossip". S'il dénigre bon nombre de vedettes hollywoodiennes de l'époque, Orson Welles vouait un culte à Joseph Cotten, un acteur "brillant" à qui il donne la réplique dans Le Troisième Homme de Carol Reed en 1949, ou bien John Wayne, "un des meilleurs acteurs qu'il [lui] ait été donné de rencontrer à Hollywood".

Si John Wayne avait les faveurs de Welles, c'était loin d'être le cas de Richard Burton, à propos duquel Biskind a gardé une savoureuse anecdote. Attablé à un restaurant avec son ami, Welles est interpellé par Richard Burton. "Elizabeth [Taylor, sa femme] est avec moi, puis-je l'amener", lui demande l'acteur. Ce à quoi Welles lui répond d'un ton sec : "Non, vous voyez bien que je suis au milieu de mon déjeuner." Alors que Burton s'en retourne "tel un petit chiot que l'on vient de fouetter", Jaglom réprimande Welles. Le cinéaste lui rétorque alors : "Burton a un grand talent. Il a ruiné ses plus beaux dons. Il est devenu une blague avec une femme célèbre. Maintenant, il travaille pour l'agent, il fait les pires merdes."

Autre personnalité qu'Orson Welles semblait apprécier, avant qu'elle ne devienne une icône : Marilyn Monroe. "Elle était une amie... J'avais pour habitude de l'amener à des fêtes, je voulais essayer de promouvoir sa carrière. Personne alors n'avait d'oeil à Marilyn", raconte le cinéaste à son ami. C'est alors qu'il croise le géant d'Hollywood, Darryl F. Zanuck qui lui assure : "On en a des centaines comme elle." Sans doute a-t-il regretté ses propos quelques années plus tard...

En revanche, Orson Welles a pris en grippe de nombreuses actrices émergentes de son époque. Il tacle Bette Davis (vedette que l'on a vue briller dans L'Insoumise, Eve et Qu'est-il arrivé à Baby Jane) dont il ne supportait le regard très particulier. "Jamais je ne pourrai la voir jouer", lâche-t-il. Même constat pour une autre star, Jennifer Jones (oscarisée pour Le Chant de Bernadette) qui était "sans espoir" selon les mots d'Orson Welles. À en croire les enregistrements, Orson Welles n'était pas friand de ces couples sulfureux qui ont marqué l'histoire. En ligne de mire, Spencer Tracy et son amante Katharine Hepburn. Louant les talents d'un acteur "gigantesque dans Le jugement de Nuremberg" pour lequel il sera nommé à l'Oscar, il regrette "l'homme détestable" qui a multiplié les aventures et tromperies.

Enfin, dernière savoureuse anecdote, Orson Welles ne tenait pas en haute estime Alfred Hitchcock, autre réalisateur de légende. "Je n'ai jamais compris le culte autour d'Hitchcock, assène le réalisateur, particulièrement les derniers films américains... Égotisme et paresse." Il évoque alors Fenêtre sur cour, "l'un des pires films" qu'il ait vus, où il "découvre que Jimmy Stewart peut être un mauvais acteur". "Même Grace Kelly est meilleure que Jimmy, qui surjoue", concède Orson Welles.

Les enregistrements, découverts dans les cartons d'un garage, seront publiés le 16 juillet prochain dans le roman de l'historien Peter Biskind, My Lunches with Orson.

C.R.

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