Il y a des blessures dont on ne guérit jamais. Celle de Patrick Chesnais en fait partie, l'acteur de 75 ans a dû apprendre à vivre avec. Il s'agit de la mort de son fils Ferdinand, en octobre 2006. Lors d'une soirée arrosée, le fils du comédien, âgé de 20 ans, est monté dans une voiture avec un ami très alcoolisé. Roulant à contre-sens sur le périphérique parisien, le véhicule a heurté une autre voiture, le jeune homme est décédé sur le coup. Depuis, le comédien compose avec cette douleur persistante, qu'il a mise sur papier deux fois, avec les livres Il est où, Ferdinand ? Journal d'un père orphelin puis La vie est belle. Je me tue à vous le dire !
Dans son dernier ouvrage, il était revenu sur l'enterrement de son fils : "Je voyais, lui, allongé pour toujours dans cette boîte, juste devant moi, porté par des costauds des pompes funèbres, calme, éteint, définitivement mort... Je me disais que j'aurais dû mieux le protéger et que c'est moi qui aurais dû être dans cette boîte... Je n'ai pas été un bon père. Un bon père, ça empêche son fils de mourir à vingt ans."
Le soir même de la disparition de Ferdinand, Patrick Chesnais a décidé de monter sur les planches. "La situation était au bord, au bord de tout, de la détresse, de la mort, de la vie qui continue. C'est comme pour manger, pisser, dormir, à un moment ça vient, ça dégouline", confiait-il dans son livre. La mère du garçon qui se lançait dans la comédie est née Coralie Seyrig. Le comédien est aussi papa d'Emily (née en 1984), dont la mère est son épouse Josiane Stoléru et de Victor qu'il a eu en 2003 avec Odile Roize.
Et puis il y a l'après. Patrick Chesnais a créé l'Association Ferdinand, pour tenter de sensibiliser sur l'alcool au volant, un fléau qui touche beaucoup les jeunes, même s'ils sont loin d'être les seuls. "Sans vouloir jouer les pères la morale, j'essaye de lutter contre ce sentiment de toute-puissance complètement illusoire, de dévaloriser, d'écorner cette image-là", expliquait-il dans les colonnes du Parisien en 2013.