Accusé en novembre 2011 de plagiat, Patrick de Carolis est attendu au tribunal de grande instance de Paris jeudi 31 janvier. L'ancien PDG de France Télévisions et son éditeur Plon sont accusés de "plagiat caractérisé" par Laurence Grimal, veuve de l'historien Pierre Grimal décédé en 1996. Au coeur du conflit, le roman de Carolis La Dame du Palatin, paru en mars 2011, dans lequel Laurence Grimal aurait relevé au moins 164 emprunts à sept ouvrages de Pierre Grimal. Elle demande près de 270 000 d'euros.
Si l'en croit Le Canard enchaîné paru ce jour, mercredi 30 janvier, Patrick de Carolis a préparé une défense béton : "Pendant des mois, Carolis a tenté de répondre paragraphe par paragraphe à cette vilaine accusation de pillage, écrivent nos confrères, avant d'achever l'intéressé ! Le résultat, hilarant, tient en 80 pages d'explications tassées, qui ne devraient pas manquer de passionner les juges." Dans ces 80 pages, Patrick de Carolis détaille les ouvrages historiques qu'il a consultés pour nourrir son récit, des écrivains antiques aux historiens des XIXe et XXe siècles. Le Canard enchaîné se gausse davantage : "Bref, Carolis, bien qu'encore président de France Télés (jusqu'en 2010), aurait trimé comme un thésard et un moine pour dénicher toutes sortes d'oeuvres rares et anciennes sur Rome, plutôt que d'ouvrir un seul ouvrage de Grimal qui en a écrit une trentaine sur le sujet." Parmi la centaine d'ouvrages référents cités par Patrick de Carolis, Le Canard enchaîné remarque que beaucoup sont "aujourd'hui indisponibles, interdits au prêt ou disséminés dans plusieurs bibliothèques partout en France" et un bon nombre n'avaient pas encore été numérisés et rendus disponibles sur la Toile...
À l'époque, l'éditeur Plon avait qualifié d'"injustes et particulièrement graves" les accusations de Laurence Grimal. La Dame du Palatin raconte l'histoire de Pauline, épouse du philosophe Sénèque sous le règne de Néron. "En y regardant de plus près, il est aisé de s'apercevoir que, dans leur intégralité, tous ces éléments ont été plus qu'abondamment cités, décrits et analysés et le plus souvent dans les mêmes termes, par l'ensemble des historiens qui ont étudié cette époque romaine." Les éditions Plon ajoutent que "de telles similitudes constituent une véritable loi du genre. En ce domaine, tous les historiens s'abreuvent aux mêmes sources". Si les représentants de Plon reconnaissent que Patrick de Carolis s'est également plongé dans les ouvrages de Pierre Grimal, ils rappellent que l'historien lui-même écrivait que "nous ignorons à peu près tout des mariages de Sénèque", dont le second avec Pauline est précisément le sujet de La Dame du Palatin.
"Je suis blessé, atteint dans mon honneur mais serein, avait confié Patrick de Carolis. Il n'y a pas plagiat, j'ai respecté la vérité historique... Je m'estime diffamé." À la justice de trancher.