Un nom, un savoir, des restaurants gastronomiques, des écoles et, par-dessus tout, un legs inestimable à la gastronomie mondiale lui survivront longtemps : Paul Bocuse est mort à l'âge de 91 ans et laisse aujourd'hui tout un monde d'amoureux de la cuisine orphelins...
Le grand chef français, considéré comme le "Pape de la gastronomie" et le "Cuisinier du siècle", selon des titres dont l'ont couronné de vénérables institutions, s'est éteint dans son sommeil au matin de ce samedi 20 janvier 2018 chez lui à Collonges-au-Mont-d'Or, commune du Rhône qui l'avait vu naître le 11 février 1926 et où se trouve son restaurant, L'Abbaye du Pont de Collonges, a appris en exclusivité Purepeople.com auprès d'un membre de sa famille.
Le premier à réagir publiquement, l'ancien maire de Lyon et actuel ministre d'Etat et ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est ému de la disparition de "Monsieur Paul" : "Monsieur Paul, a-t-il écrit, c'était la France. Simplicité & générosité. Excellence & art de vivre. Le pape des gastronomes nous quitte. Puissent nos chefs, à Lyon, comme aux quatre coins du monde, longtemps cultiver les fruits de sa passion."
Cyril Lignac a quant à lui été parmi les premiers chefs à faire part de sa tristesse : "Merci monsieur Paul pour tous ces bons moments passés ensemble, nos rigolades, tes conseils, ta bienveillance et les lettres de noblesse que tu as données à notre métier..."
Fils unique mais descendant d'une longue lignée de cuisiniers, Paul Bocuse avait fait ses classes, au sortir de la Seconde Guerre mondiale (il s'était engagé dans l'Armée française de la Libération et fut décoré de la Croix de guerre), chez Eugénie Brazier, dite "la mère Brazier", à Pollionnay, avant de monter à Paris et de s'aguerrir au Lucas Carton - en compagnie des frères Troisgros, lesquels deviendront eux aussi une référence de l'art culinaire français. Quelques années plus tard, les trois amis poursuivent ensemble leur ascension au sein de La Pyramide (à Vienne) de Fernand Point, premier chef triplement étoilé au Guide Michelin (1933) et pionnier de la nouvelle cuisine dont Paul Bocuse, digne héritier de son mentor, deviendra l'une des figures de proue.
En 1958, le jeune Bocuse revient à Collonges et obtient sa première étoile au Guide Michelin avec son père. Après le décès de ce dernier l'année suivante, Paul Bocuse en ajoutera une deuxième, en 1962, puis une troisième, en 1965. Tout en glanant au passage la consécration de Meilleur ouvrier de France, en 1961.
En 1987, ce modèle pour ses pairs et tous les chefs des générations suivantes créera le Bocuse d'or, concours mondial de cuisine qui est le graal de la profession. "Pour moi c'était un peu un papa, parce que j'ai perdu mon papa très jeune et c'était quelqu'un qui représentait beaucoup pour moi", a réagi le chef trois étoiles Régis Marcon, 61 ans, président du concours Bocuse d'Or France (qu'il remporta en 1995) et qui a baptisé son dernier fils Paul en l'honneur du chef lyonnais.
Fait commandeur de la Légion d'honneur en 2004, il avait reçu en 2013 l'hommage sensationnel du milieu à l'occasion d'un grand dîner organisé à l'hôtel de ville de Lyon, sous la direction du chef Michel Roth et avec la participation des plus grands chefs étoilés.
Ces dernières années, Paul Bocuse était diminué par la maladie de Parkinson. En 2005, après avoir subi un triple pontage coronarien, il avait fait paraître aux éditions Glénat une biographie écrite par sa fille Ève-Marie Zizza-Lalu, Paul Bocuse, Le feu sacré. Un ouvrage testament dans lequel il évoquait notamment sa vie partagée entre trois femmes, Raymonde, mère de Françoise, Raymone, mère de Jérôme, et Patricia.