EXCLU France Gall : "Jusqu'au bout, elle a caché sa maladie !" dans son île au Sénégal, un proche témoigne

"Il y a des mots qu'on ne voudrait jamais prononcer. France Gall a rejoint le Paradis blanc le 7 janvier, après avoir défié depuis 2 ans, avec discrétion et dignité, la récidive de son cancer." C'est par ces mots en ce début d'année 2018, que Geneviève Salama, son attachée de presse, annonçait la mort de la chanteuse. Elle avait 70 ans. Victime d'une rechute, elle était hospitalisée depuis la mi-décembre en soins intensifs à l'hôpital américain de Neuilly-sur-Seine pour une infection sévère et des problèmes respiratoires.

Cancer. Une fois n'est pas coutume, le mot avait été lâché se substituant à l'expression tristement usuelle "est décédé des suites d'une longue maladie". C'est que France Gall ne faisait plus mystère de cette grave pathologie, une première fois contractée au sein en 1993, un an à peine après la mort de son époux Michel Berger, dans leur propriété varoise.

En 2012, elle avait confié à Gala les détails de ce combat survenu après le premier drame de sa vie. "C'était un cauchemar quand je l'ai appris, comme tout le monde. En très peu de temps, on passe dans le monde de la maladie, des malades, c'est une autre planète. J'ai eu très peur. À l'annonce de la mort de Michel, j'ai ressenti une douleur dans le ventre, dans le corps, tellement forte, je me suis dit qu'elle devait ressortir d'une manière ou d'une autre. Mon cancer était la concrétisation de mon mal intérieur."

Au moment où ce premier cancer est diagnostiqué, assez tôt dans sa progression, il est encore possible de le stopper. En avril 1993, France Gall est opérée avec succès. En septembre de la même année, l'artiste remplit Bercy huit fois. Quelques mois plus tard, en janvier 1994, elle est sur la scène du Grand Rex, avec Les Enfoirés.

Mais la vie privée de France Gall reste compliquée. Sa fille, Pauline, est atteinte de mucoviscidose. Elle a besoin de soins et de repos. Un calme que France Gall va chercher quelques mois à Los Angeles en 1995, accompagnée de sa fille et de son fils Raphaël, qui connaîtra bien plus tard une idylle avec la demi-soeur de Vincent Cassel.

Hélas, l'état de Pauline se dégrade. Accaparée par cette lutte qu'elle mène dans sa vie privée, France Gall décide de mettre un terme à sa carrière de chanteuse en donnant un concert sur M6 en 1997. Quelques mois plus tard, sa fille décède, à 19 ans. Sa mère se retire alors définitivement de la scène artistique qu'elle ne retrouvera qu'une seule fois, les 12 et 15 août 2000, à l'Olympia, pour interpréter Quelque chose de Tennessee en duo avec Johnny Hallyday.

Sa vie est désormais ailleurs, dans cette Afrique découverte avec l'association Chanteurs sans frontières aux côtés de Daniel Balavoine ou Renaud, et notamment au Sénégal où elle avait acheté au milieu des années 80 une maison avec Michel Berger. Une petite bâtisse colorée faisant face à la mer sur l'île de Ngor, au large de Dakar qui, après les drames de sa vie, était devenue son refuge.

Alassane Samb, un habitant de l'île qui gère Yaadikoone une fondation pour l'enfance et la nature la connaissait bien. Joint par Purepeople, il nous décrit une femme dont la générosité et l'altruisme semblaient sans limites. "C'était une personne vraiment très sympa, se souvient-il. Elle a beaucoup fait pour le village. Elle a construit des classes dans l'école des tout-petits. Elle prenait les enfants en parrainage. Elle payait tout !"

En 2007, France Gall avait en effet créé trois classes dans l'école maternelle de l'île. Mais égale à elle-même, elle l'avait fait en toute discrétion. "Elle faisait énormément de bien autour d'elle tout en cachant que cela venait d'elle", expliquait au Parisien en 2018 une vendeuse de bijoux et de fruits pour laquelle la chanteuse s'était prise d'affection... Généreuse et pudique, telle était aussi sa ligne de conduite avec les innombrables marchands d'arts de l'île... "Elle aidait énormément les peintres, affirme Alassane. Elle leur achetait beaucoup de tableaux mais elle ne savait même pas quoi en faire. Je lui posais la question : "Mais France, tu vas faire quoi avec tout ça ?" Elle ne répondait pas."

Les murs de la maison africaine de France Gall étaient aussi couverts de peintures, celles d'Issa Samb. Cet artiste également connu au Sénégal sous le nom de Joe Ouakam venait souvent rendre visite à la chanteuse. En 2001, Paris Match en reportage chez elle, racontait qu'il avait fait 20 kilomètres à pied pour venir rendre visite à son amie. Cet homme, c'était l'oncle d'Alassane, qui nous confirme le lien fort qui unissait les deux artistes. Or, à la fin des années 2000, Issa Samb est tombé malade. "Dans les derniers jours de sa vie, France est venue lui rendre visite, nous explique son neveu, elle lui avait acheté des chocolats, du parfum et des médicaments. Ça m'avait vraiment touché."

Le 25 avril 2017, Issa Samb s'éteignait à Dakar. "Je suis sûr que son départ a beaucoup meurtri France Gall", nous explique Alassane d'autant qu'au même moment, la chanteuse se bat déjà contre la récidive de son cancer. "Elle faisait comme si de rien n'était, elle ne le montrait jamais, toujours digne. Jusqu'au bout, elle a caché sa maladie", souligne encore ce témoin qui ajoute : "mais je suis convaincu que la mort de mon oncle a contribué à l'affaiblir un peu plus." Neuf mois plus tard, la chanteuse allait rejoindre son époux et sa fille, dans une tombe hors du commun, au cimetière de Montmartre.

Depuis, Ngor pleure sa célèbre habitante, même si Alassane déplore qu'un grand hommage ne lui ait pas encore été rendu dans l'île... "J'avais proposé qu'on fasse une projection avec ses musiques, une chorale d'enfants et qu'on jette des fleurs à la mer mais tout le monde ne m'a pas suivi. C'était trop compliqué. Mais il n'est pas trop tard, j'espère qu'on le fera."