Les yeux embués d'émotion de l'ancien roi Constantin et de l'ancienne reine Anne-Marie, la présence de la justiciable infante Cristina, imprégnée de scandale et écartée des rendez-vous médiatiques de la famille royale depuis deux ans, le glamour des princesses Marie-Chantal, Tatiana et Letizia, la cohorte d'enfants, le poids des souvenirs et la joie de se retrouver... L'hommage rendu par la famille royale au défunt roi Paul Ier de Grèce, au 50e anniversaire de sa mort survenue le 6 mars 1964, a donné lieu à un rassemblement intense, dans l'ancien fief royal de Tatoï, au nord d'Athènes.
Une émotion historique
Quelques mois après le retour sur le sol grec de l'ancien couple royal, mais aussi l'installation délibérée du prince Nikolaos et de la princesse Tatiana, arrivées conjointes qui mettaient un terme à près de 46 ans d'exil de la famille royale, les descendants de Paul de Grèce se sont réunis autour de la mémoire de l'ancien souverain, qui régna de 1947 à son décès en 1964, à la nécropole royale du domaine Tatoï. L'ex-propriété régalienne de 3 000 hectares située vers le mont Parnès, au nord d'Athènes, où l'ancien roi est né et a péri, et où la famille royale grecque vécut jusqu'à son exil provoqué par le putsch de 1967, est en elle-même un élément prépondérant de l'histoire du clan : aujourd'hui possession de l'État grec (le roi Constantin II avait obtenu un dédommagement en justice en 2002), qui en a entrepris la restauration et la gestion pour une ouverture au public, elle faisait partie des biens confisqués à l'abolition de la monarchie en 1974, aux dépens de la famille royale, expropriée.
Dans ce lieu chargé d'histoire en général et d'histoire familiale en particulier, l'ancien roi Constantin II et ses soeurs (aînée) la reine Sofia, épouse du roi Juan Carlos Ier d'Espagne, et (cadette) la princesse Irene ont célébré leur père disparu prématurément. La mort, à 62 ans des suites d'un cancer de l'estomac, de Paul Ier de Grèce a projeté son seul fils, le diadoque Constantin, sur le trône à 24 ans seulement, six ans à peine après sa pleine entrée dans le monde des obligations officielles, à sa majorité. Le 11 mars 1964, le jeune homme pleurait son père entouré de grands du monde, tels le duc d'Edimbourg, le prince Rainier III de Monaco, le roi Gustave VI Adolphe de Suède ou encore l'ex-président américain Harry Truman.
Jeudi 6 mars 2014, Constantin II de Grèce semblait encore profondément bouleversé, sur ses terres natales, lors de la cérémonie organisée dans les jardins de Tatoï, où la nécropole royale regroupe vingt-et-une sépultures - la dernière en date étant celle de son épouse la reine Frederika, inhumée aux côtés du roi Paul en 1981. Soutenu par son épouse la reine Anne-Marie, l'ancien roi Constantin avait autour de lui leurs enfants, qui n'ont pas connu leur grand-père : la princesse Alexia, le prince héritier (diadoque) Pavlos, avec sa femme la princesse Marie-Chantal et leurs cinq enfants (Maria Olympia, 17 ans, qui devient une très belle femme, Constantinos, 15 ans, Achileas, 13 ans, Odysseas, 9 ans, et Aristidis, 5 ans), venus de Londres, le prince Nikolaos et sa femme la princesse Tatiana, qui ont emménagé en Grèce en septembre dernier dans un désir avéré de se montrer solidaires du peuple grec, la princesse Theodora, star hollywoodienne de la famille, et le prince Philippos, le benjamin de la fratrie.
Même Cristina d'Espagne, un peu paria, est venue se recueillir... et prendre des photos
La reine Sofia d'Espagne (et de Grèce), qui portait un collier ayant appartenu à sa mère Frederika comme l'a relevé le blog Noblesse & Royautés, avait également tous ses enfants avec elle. Le roi Juan Carlos Ier n'était pas du voyage, ce qui peut se comprendre étant donné qu'il s'agissait d'un rassemblement familial et d'un événement strictement privé, mais ce qui peut aussi se déplorer au regard de la joie qu'avait eue Paul Ier à marier sa fille au prince espagnol, mais, contre toute attente, c'était le cas de l'infante Cristina : mise en examen en janvier dernier dans le cadre du scandale Noos et auditionnée par le juge José Castro en février, la princesse ne participe plus à la vie officielle de la famille royale depuis plus de deux ans. Mais pour cette commémoration familiale, elle a quitté Genève, où elle s'est établie en août 2013 avec ses quatre enfants, et rallié Athènes - sans son mari Iñaki Urdangarin, naturellement, qui risque une lourde de peine de prison pour son implication présumée dans les détournements de fonds mis en cause dans l'affaire Noos. Cristina d'Espagne, qui a toutefois déposé une couronne en leur nom à tous les deux, duc et duchesse de Palma, et en celui de leurs quatre enfants, pouvait être vue en train de faire des photos avec son smartphone lors du service religieux dispensé au domaine de Tatoï, où le public n'était pas convié, au contraire des photographes de presse. Il a semblé qu'elle se tenait à l'écart de sa soeur la princesse Elena, son frère le prince héritier Felipe et sa belle-soeur la princesse Letizia.
Le prince et la princesse des Asturies étaient les derniers arrivés à Athènes, après avoir célébré à Madrid l'économiste Enrique V. Iglesias. Le couple héritier avait manqué, le 5 mars au soir, la projection privée (mais très médiatisée) d'un documentaire sur le roi Paul Ier de Grèce, dans lequel la reine Sofia intervient. En revanche, Felipe et Letizia ont pu se joindre au reste de la famille pour un dîner à l'hôtel Hilton, où ils logeaient pour ce bref séjour.
Le lendemain, à l'issue de la cérémonie au domaine Tatoï, à laquelle assistaient également le prince Michel de Grèce et la princesse Marina, l'ex-roi Siméon de Bulgarie ou encore le prince Alexandre de Serbie, dont la mère Alexandra fut inhumée à Tatoï avant d'être ré-inhumée à Belgrade en 2013, tout le cortège a quitté le mausolée située dans la forêt entourant le château pour se retrouver au tout proche restaurant Thea. Là, la bonne humeur et la convivialité déployées lors de la collation honoraient la mémoire de Paul Ier, d'autant qu'il s'agit d'un autre lieu très symbolique : le père de l'actuel maîtresse des lieux, Maria Boulgari, proche de longue date des enfants de Paul et Frederika de Grèce, avait été au service du monarque, lequel lui avait octroyé le terrain où le restaurant fut créé dans les années 1930, raconte Noblesse & Royautés.
Tant d'histoire(s) et de tradition n'ont toutefois pas pu échapper à un brin de modernité : les selfies se sont invités à l'événement ! Si la princesse Letizia est encore novice en la matière, le prince Paul et la princesse Marie-Chantal ainsi que leur fille aînée ou encore l'infante Cristina sont adeptes d'Instagram et ont publié sur les réseaux sociaux quelques images personnelles de ces rares moments de grande réunion familiale. Des images inondées de bonne humeur et de complicité.