C'est l'audition qui passionne toute l'Espagne, en témoigne les dizaines de caméras installées devant un tribunal de Palma de Majorque pour attendre l'infante Cristina d'Espagne. Samedi 8 février, à 10 heures, la plus jeune fille du roi était attendue par devant le juge des Baléares José Castro. C'est lui qui l'a mise en examen pour fraude fiscale et blanchiment de capitaux dans l'affaire du scandale Noos au coeur duquel se trouve son mari, Iñaki Urdangarin, lui-même mis en examen pour six chefs d'inculpation. Il encourt plus de 20 ans de prison pour le détournement de 6,1 millions d'euros de fonds publics.
Malgré la pression d'une audition sans précédent dans l'histoire de la monarchie espagnole, Cristina est arrivée souriante au tribunal, gratifiant les journalises d'un simple "bonjour", avant d'entrer dans le bâtiment. Devant le juge, l'infante Cristina a affirmé qu'elle "avait confiance" en son mari, tout en prenant ses distances avec les activités de ce dernier.
Sereine et bien préparée
Dans la salle d'audition, Cristina d'Espagne (48 ans) a pris place sur un fauteuil rouge, face au juge. Devant elle, le portrait de son père, le roi Juan Carlos, est accroché au mur. Selon Manuel Delgado, l'avocat de l'association de gauche Frente Civico, qui s'est exprimé à la presse lors d'une suspension de séance, le juge lui a fait subir un interrogatoire costaud, lui posant "des questions rigoureuses". L'infante a donné pour "95%" de "réponses évasives". "Elle tente de ne pas reconnaître des faits qui pourraient la compromettre, note l'avocat. Elle exerce son droit à ne pas donner de réponses compromettantes." De manière générale, cet avocat l'a trouvée "sereine, tranquille, bien préparée". Les faits qui lui sont reprochés ne sont pourtant pas anodins.
Depuis à la mise en examen de l'ancien champion olympique de handball Iñaki Urdangarin, le 29 décembre 2011, le juge s'intéresse très sérieusement à l'infante Cristina et à ce qu'elle savait des activités de son mari. Au printemps, la fille du roi était mise en examen pour trafic d'influence. Une mise en examen annulée suite à la demande du parquet. Le magistrat s'est alors intéressé aux soupçons de fraude fiscale et blanchiment de capitaux qui pèsent sur Cristina via la société Aizoon, qu'elle détient à 50% avec son mari, laquelle aurait reçu environ 1 million d'euros d'argent détourné. José Castro a épluché toutes les dépenses de la société et fait apparaître, par exemple, 436 703 euros dépensés pour la rénovation de la villa familiale à Barcelone. Malaise...
Ce sont ces nombreuses dépenses suspectes que l'infante Cristina a dû justifier ce matin. Pour le juge, "les délits contre le fisc qui sont reprochées à Iñaki Urdangarin auraient difficilement pu être commis s'ils n'avaient pas été, pour le moins, connus et approuvés par son épouse." Pour le parquet au contraire, "il est impossible que la fraude atteigne le seuil des 120 000 euros" annuel nécessaire pour constituer un délit.
Suite à cette intense audition, le juge Castro devrait boucler son instruction ouverte en 2010. Il choisira alors si l'affaire Noos débouche sur un procès. Un procès qui ferait très mal à la famille royale espagnole secouée par de nombreux scandales.