Mariés depuis 2010 et vivant leur bonheur en toute discrétion en dehors d'apparitions remarquées lors des grands événements du gotha, le prince Nikolaos de Grèce et son épouse la princesse Tatiana ont décidé à la rentrée de quitter Londres, où ils résidaient depuis leurs noces, pour s'installer à Athènes, rapportaient fin septembre 2013 des médias hellènes. Lesquels indiquaient par la même occasion que le roi Constantin, quarante-six ans après avoir été déposé et poussé en exil par le putsch de 1967, allait effectuer avec la reine Anne-Marie le même trajet.
L'élan solidaire du prince Nikolaos et de la princesse Tatiana
En octobre, le prince Nikolaos "rentrait" en Grèce, son pays, où pourtant il n'a jamais vécu. Né à Rome durant l'exil de ses parents, élevé à Londres, Nikolaos expliquait alors à La Otra Cronica, lors d'un passage par Madrid pour la remise d'un prix récompensant l'engagement caritatif de la princesse Tatiana, "se sentir grec" et se disait "ravi de retourner dans [s]on pays, actuellement en proie à de graves problèmes." "Nous avons déménagé par solidarité avec le peuple. Nous voulons aider comme nous le pourrons", complète la princesse Tatiana, qui a abandonné son poste de chargé de relations publiques pour la marque Diane von Furstenberg pour s'occuper de l'association Desmos en faveur de la population grecque frappée par la crise. Le prince Nikolaos, lui, a l'intention d'investir la vie politique en fondant un parti...
Deux mois après leur fils cadet, l'ancien roi et l'ancienne reine de Grèce ont franchi le pas et refermé la page de leur long exode britannique en vendant la résidence qu'ils occupaient depuis plus de trente ans dans le quartier très huppé de Hampstead, à Londres. Selon Hola!, Constantin et Anne-Marie de Grèce ont vendu leur propriété du 4, Linnell Drive pour 11,5 millions d'euros environ. En attendant de s'établir à Athènes eux aussi, ils vivraient pour le moment à Porto Heli, très agréable station balnéaire du Péloponnèse sur le golfe argolique, où ils ont leurs habitudes depuis des années. C'est là, dans la résidence d'été de la famille, que le prince Nikolaos avait fait sa demande en mariage lors des fêtes de fin d'année 2009, avant d'épouser Tatiana Blatnik l'année suivante sur l'île de Spetses toute voisine. Le roi Constantin, ami intime du prince Charles et parrain du prince William, a toutefois conservé ses bureaux à Londres, sur Grosvenor Square, non loin de l'ambassade de Grèce.
La fin d'un si long exil
Trois ans après les noces du prince Nikolaos et de la princesse Tatiana, qui semblaient plaider pour la réconciliation puisqu'il s'agissait du premier mariage au sein de la famille royale à se dérouler sur le sol grec depuis l'avènement de la dictature des colonels et le vote de l'abolition de la monarchie, l'exil touche à son terme. La fin d'une ère qui a vu le roi Constantin, frère de la reine Sofia d'Espagne, abandonner ses prétentions à restaurer la monarchie et se heurter à l'impossibilité de rentrer dans son pays, même en n'étant plus ni régnant ni titré. Des retrouvailles avortées à de multiples reprises. À la suite du coup d'état militaire du 21 avril 1967 et de l'échec de sa riposte en décembre de la même année, Constantin avait fui à Rome le 14 décembre 1967 avec sa famille - sa femme la reine Anne-Marie, leurs deux enfants d'alors (Alexia et Pavlos, le diadoque), sa mère la reine Frederika, sa soeur la princesse Irene de Grèce et de Danemark. Ses tentatives de négociations en faveur de la démocratie, via des intermédiaires, avec la dictature des colonels de George Papadopoulos n'aboutiront pas, ce dernier proclamant la république en juin 1973. Après un nouveau coup d'état, Constantin entrevoit en 1974 la possibilité d'un retour lorsque la constitution adoptée en 1973 sous le régime dictatorial est jugée illégitime et abrogée au profit de celle de 1952. Depuis l'Angleterre, il clame son espoir de rentrer bientôt. Maintenu à l'écart du pays à l'approche du référendum de décembre 1974 sur la restauration de la monarchie ou le maintien de la république, il tente depuis Londres de faire campagne, entre mea culpa pour ses erreurs passées et voeux de démocratie pour l'avenir. Avec seulement 31% des suffrages, la monarchie est définitivement abrogée, et Constantin, désavoué, demeure en exil, dissuadé de rentrer par le gouvernement en place, qui tolérera cependant son passage de quelques heures sur le territoire en février 1981 pour les obsèques de sa mère.
Le divorce connaîtra par ailleurs des développements sur le terrain judiciaire. En 1992, l'ancien souverain passe avec le gouvernement un accord par lequel il cède la plupart de ses possessions en Grèce à une association à but non lucratif, en échange de quoi il conserve la palais Tatoi près d'Athènes et obtient le droit d'exporter un certain nombre de bien (notamment les collections d'art privées des palais royaux). En 1993, son retour en Grèce est écourté à la demande des autorités, en raison de l'instabilité gouvernementale. En 1994, le nouveau cabinet passe une loi annulant l'accord passé en 1992 et dépossédant Constantin non seulement de ses propriétés en Grèce (les palais Tatoi, Polybdendri et Mon Repos) mais aussi de sa citoyenneté. Devant la Cour européenne des droits de l'homme, il obtiendra en 2002 12 millions d'euros de compensation (le gouvernement piochera dans la caisse dédiée aux catastrophes naturelles, et Constantin la remettra à disposition des Grecs via la Anna Maria Foundation pour les catastrophes naturelles et autres causes), mais pas la restitution de ses biens immobiliers ni la reconnaissance d'une violation de ses droits dans le fait de ne pas lui accorder la citoyenneté grecque ni un passeport tant qu'il ne prendra pas un surnom. En 2004, l'ancien roi revient en Grèce le temps des Jo d'Athènes, en sa qualité de membre du CIO et avec un passeport diplomatique danois au nom de "Constantino de Grecia".
La réconciliation est désormais en bonne voie. Détail insolite : le prince Nikolaos, né à Rome durant l'exil, occupe actuellement à Athènes un appartement cossu appartenant à une certaine Sofia Papandreou, qui n'est autre que la fille d'Andreas Papandreou... ministre socialiste qui passa la loi de 1994 dépossédant le roi Constantin de ses propriétés et de sa citoyenneté ! Une coïncidence pour le moins cocasse.