À quelques jours de présenter Julieta au Festival de Cannes, Pedro Almodovar est revenu sur l'affaire des Panama Papers, où son nom ainsi que celui de son frère. Interrogé par Télérama, le cinéaste explique comment il a vécu le scandale qui a fait grand bruit en Espagne.
"Je ne veux pas me poser en victime, mais ça a été épouvantable, assure-t-il. Du jour au lendemain, je me suis retrouvé dans une sorte de reality-show cruel. C'était comme me réveiller au milieu d'un cauchemar. Je ne savais rien de tout ce qui a été révélé. Mon frère Agustín a publié le lendemain un communiqué dans lequel il reconnaissait que, après avoir suivi les recommandations d'un conseiller financier, nous étions devenus les fondés de pouvoir d'une société offshore qui a existé de 1991 à 1994."
Il poursuit en assurant que "cette société n'a jamais eu aucune activité" et qu'elle était "morte d'inanition". "Agustín a expliqué qu'il avait suivi ces conseils par inexpérience. Nous parlons de documents qui ont été signés il y a vingt-cinq ans. On ne comprenait pas alors ce qu'on comprend aujourd'hui. Avec ce que nous savons, Agustín aurait refusé immédiatement de signer ça." Et de rajouter que, "très ignare dans le domaine financier", dans sa société de production El Deseo, c'est toujours Agustín Almodovar qui s'occupait des aspects économiques, et lui de la création.
Je suis la même personne la veille du scandale et le lendemain : un citoyen de gauche qui a toujours la même vision de la société
Sans blâmer son frère même si ce dernier a fait "une erreur", Pedro Almodovar fait son mea culpa. "J'assume toute la responsabilité de ce qui s'est passé en tant que partenaire de mon frère dans notre société, dit-il. Mais nous n'avons rien à nous reprocher vis-à-vis du fisc espagnol, nous avons toujours payé tout ce que nous devions."
Pour le réalisateur de Volver et Tout sur ma mère, le scandale a un impact moral et non illégal. Et d'assurer : "Je suis la même personne la veille du scandale et le lendemain : un citoyen de gauche qui a toujours la même vision de la société. Ces sociétés offshore m'horrifient. Elles sont un fléau." Conscient que, dans une Espagne en crise, voir le nom de son plus metteur en scène apparaître sur cette liste honnie a fait gronder ses concitoyens, Pedro Almodovar ne cache pas avoir très mal vécu ces jours noirs. "Ce fut horrible de voir mon nom surgir sur cette liste infâme et de voir qu'il était toujours le premier à apparaître parce que je suis quelqu'un de très médiatique, assure-t-il. Mais c'est très bien qu'il y ait des listes comme celle des Panama Papers. Si ça permet de lutter contre la fraude fiscale, si cela signifie qu'il n'y a plus d'opacité, plus de refuge pour l'argent sale, je suis ravi et j'applaudis."