Les rugbymen français Hugo Auradou et Oscar Jegou sont mis en examen pour viol aggravé en réunion, depuis le 12 juillet dernier. Le deuxième-ligne de Pau et le troisième-ligne de La Rochelle ont l'interdiction d'approcher la plaignante, le temps de l'instruction, et de quitter l'Argentine, où se seraient déroulés les faits, à la suite d'une soirée festive consécutive au test-match remporté par le XV de France contre les Pumas (28-13).
"Les deux joueurs clament leur innocence, reconnaissant une relation sexuelle consentie avec la victime présumée mais niant tout acte de violence", rappelle Le Parisien, qui vient d'annoncer que les avocats de Hugo Auradou et d'Oscar Jegoun ont déposé ce mardi une demande de non-lieu auprès du ministère public de Mendoza. Celle-ci sera examinée "dans un délai (prolongeable) de dix jours ouvrés" par la juge Eleonora Arenas, via une audience à huis clos au cours de laquelle les avocats des deux parties ainsi que le procureur pourront présenter et défendre leurs arguments, précise le quotidien, en s'appuyant sur les déclarations du parquet local.
Avant de convoquer cette audience, le ministère public souhaitait "prendre le temps d'analyser les résultats des expertises psychologiques et psychiatriques, réalisées sur la plaignante". Cette dernière devait s'exprimer ce vendredi, mais elle n'est pas venue. Elle "a tenté de se suicider vendredi et, pour cette raison, ne s'est pas présentée à l'audience" ce jour-là, a indiqué Me Mauricio Cardello, précisant, selon BFMTV, qu'elle avait laissé une lettre d'adieu. "Elle est détruite moralement", a ajouté l'avocate, en reprenant cette fois-ci les informations du Parisien.
Selon une source judiciaire, "seuls les résultats de ces expertises pourraient faire pencher la balance" vers une poursuite de l'instruction. Car le rapport des accusés, disponible depuis une semaine, serait "très favorable", d'après Analia Rivero, leur avocate à Mendoza. En effet, le ministère public de Mendoza a considéré que "la première version de la plaignante (sa déposition en date du 7 juillet) a été affaiblie par divers éléments de preuve, parmi lesquels des témoignages, des images de vidéosurveillance, des messages audio et les conclusions du rapport médico-légal."
Le parquet a aussi noté "l'existence de contradictions notoires, d'inconsistances, de zones grises voire d'explications insuffisantes" dans le dossier, considérée comme trop faible pour justifier le maintien en détention surveillée des deux joueurs, qui ont donc été remis en liberté depuis.
Précisons, en s'appuyant sur le code pénal argentin, qu'un non-lieu refermerait "définitivement et irrévocablement" l'affaire. Celle-ci serait ainsi classée sans suite. Ce qui permettrait à Hugo Auradou et Oscar Jegou de "rentrer immédiatement en France et de reprendre leur vie normalement", traduit leur avocat Rafael Cúneo Libarona.
"Si le non-lieu était prononcé, l'accusation aurait quinze jours ouvrés pour faire appel de la décision auprès du Tribunal pénal collégial de Mendoza, formé par trois juges. Mais si le ministère public, qui a mené l'enquête, accompagne la demande déposée par la défense, il est très peu probable qu'un appel aboutisse", détaille Le Parisien, via une source judiciaire. En ajoutant que "Romano et Mauricio Cardello, les conseils de la plaignante, ont déjà annoncé leur intention de s'opposer à la demande de non-lieu".
Oscar Jégou et Hugo Auradou restent présumés innocents des faits qui leur sont reprochés jusqu'à clôture du dossier par la justice.