Alors que sa plus grande histoire d'amour filmée par Jalil Lespert sort aujourd'hui sur les écrans, Pierre Bergé, qui fut durant cinquante ans le compagnon d'Yves Saint Laurent, s'est confié dans Paris Match. L'homme d'affaires et le mécène y donne des nouvelles de sa santé, fragilisée par une myopathie.
Militant acharné de la lutte contre le sida, au sein de Sidaction notamment, Pierre Bergé avait créé un petit scandale fin 2009 en critiquant ouvertement le Téléthon, cette manifestation qui "parasite la générosité des Français d'une manière populiste en montrant des enfants myopathes, en exhibant le malheur des enfants". Dans cette interview accordée à France Info, l'homme d'affaires révélait être lui-même atteint de la maladie : "Je suis probablement une des rares personnes qui puissent s'opposer au Téléthon parce que je suis myopathe. Donc, comme je suis myopathe, je sais un peu de quoi on parle." Mis en examen pour diffamation, Bergé avait été condamné l'été dernier à 1500 euros d'amende.
"Ça s'aggrave tous les jours"
Dans Paris Match, et sans doute pour la première fois, Pierre Bergé nous dit comment évolue sa maladie. Âgé de 83 ans, encore particulièrement actif, il souffre néanmoins d'être moins mobile : "Il n'y a pas de médicaments. Ça s'aggravera et ça s'aggrave tous les jours. Je n'ai pas de douleurs. Mais... j'ai des muscles très faibles. Je n'arrive plus à monter ni à descendre les escaliers." Pierre Bergé a cependant les moyens de s'organiser en conséquence : "Ici, avenue Marceau [où se situent les bureaux de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, NDLR], nous avons un ascenseur, heureusement. Et dans mes maisons, à Deauville, à Marrakech, j'ai fait abaisser les marches de 6 centimètres. Il n'y a rien faire, mes jambes lâchent. L'autre jour, dans un musée, ma jambe m'a lâché, je suis tombé ; mes amis étaient là."
Paris Match décrit un homme toujours très occupé qui sort tous les soirs, court les vernissages et les premières - on l'a vu à celle du film Yves Saint Laurent de Jalil Lespert - et continue de piloter son hélicoptère. "Un jour, il le sait, il devra recourir au fauteuil roulant, un jour, cette atrophie musculaire touchera le muscle cardiaque", écrit cependant notre consoeur Catherine Schwaab.
Dans cette même interview, Pierre Bergé évoque la mort avec la plus grande simplicité. Il raconte comment sa mère, 106 ans, est aujourd'hui plongée dans une profonde léthargie, "piégée par sa maladie". Il se montre farouchement favorable au suicide assisté : "Moi aussi, j'ai peur de me retrouver piégé. Aller en Suisse pour mourir, d'accord, mais à condition de ne pas être rattrapé par un accident vasculaire cérébral. Aurai-je des amis qui m'y emmèneront ?"
"Pierre Bergé, après Yves Saint Laurent", une très belle rencontre par Catherine Schwaab parue dans "Paris Match", en kiosques le 2 janvier 2013.