Avec la mort de Pierre Bergé, emporté à 86 ans ce vendredi 8 septembre, c'est une figure médiatique clivante qui s'en va. L'ancien compagnon d'Yves Saint Laurent n'avait jamais gardé pour lui ses convictions, ses combats et ses colères... D'ailleurs, si sa mort attriste beaucoup de monde, certains ne pleurent pas celui qui s'est par exemple farouchement opposé à la Manif pour tous.
De Pierre Bergé, on retiendra bien sûr sa vie et sa collaboration professionnelle avec le couturier Yves Saint Laurent mais, au fil des décennies, il s'était aussi illustré dans bien des combats, à commencer par la lutte contre le sida. L'homme d'affaires avait fondé le Sidaction et, alors que les dons annuels se comptent tout de même en millions d'euros, il avait trouvé que c'était insuffisant pour mener véritablement la lutte contre ce fléau qui sévit partout dans le monde. Il y a quelques années, il s'en prenait ainsi au Téléthon, lui reprochant "de parasiter la générosité des Français d'une manière populiste" et estimant que les organisateurs glanaient "trop d'argent" aux dépens d'autres associations... Il avait écopé d'une amende après un procès.
Autre sujet qui tenait à coeur Pierre Bergé et qui l'avait plusieurs fois fait sortir de ses gonds : la défense des droits LGBT, surtout à l'époque de la loi sur le Mariage pour tous. Il s'en était pris à la très réactionnaire Manif pour tous. Il avait écopé d'un nouveau procès du collectif après avoir retweeté un message polémique d'un utilisateur disant qu'il ne pleurerait pas la mort des militants de la Manif pour tous, si une bombe explosait lors de leur marche sur les Champs-Élysées à Paris. Il avait même dû être placé sous protection policière !
Mécène des arts, militant mais aussi businessman, Pierre Bergé va se lancer dans l'aventure Le Monde, en rachetant le journal conjointement avec Xavier Niel et Matthieu Pigasse. S'il souhaite oeuvrer à la relance du célèbre titre de presse, cela ne l'empêche pas de dire tout le mal qu'il en pense lorsqu'il n'est pas d'accord. Il s'en prendra au journal, une fois encore, à cause de la Manif pour tous, qui y avait fait figurer un texte appelant au retrait du projet de loi sur le mariage pour tous, puis il s'énervera contre le traitement réservé à son ami François Mitterrand, à l'occasion d'un dossier sur les 20 ans de sa mort. "Je tiens à vous faire part de mon profond désaccord avec le traitement réservé à Mitterrand dans le Monde. Cet article immonde, à charge, digne d'un brûlot d'extrême droite est une honte qui n'aurait jamais dû être publié", écrit-il. Il avait été contraint par la suite de calmer le jeu...
Thomas Montet