Une chose, sans doute, ne change pas chez Pierre Palmade : malgré les succès, et leur bienfaisants effets, malgré les années, et leur lot de sagesse imposée, l'humoriste et acteur de 49 ans a toujours ce quelque chose d'insaisissable. Y compris pour lui-même : "Ce n'est pas parce qu'on comprend ses problèmes qu'on les résout, observe-t-il avec à propos en disant consulter "six" psychologues, lors d'un bel entretien avec Nathalie Simon du Figaro (2 décembre 2017). Je ne suis pas tiré d'affaire. Je suis seul. Les deux trucs qui me tiennent en vie, c'est ma maison de campagne et ce spectacle."
Je crois que je suis devenu un peu adulte
Après sept longues années sans se mettre en scène, sinon à travers ses retrouvailles avec Michèle Laroque et Muriel Robin d'une part (Ils se re-aiment), et ses protégés des pièces L'Entreprise et Le Fils du Comique d'autre part, Pierre Palmade revient en effet sur les planches avec un spectacle au titre impératif : Aimez-moi (à partir du 5 décembre au théâtre du Rond-Point, à Paris). "C'est ce que je disais quand j'étais petit dès que j'étais en famille (...) J'espère que ce n'est pas pris au premier degré, que l'affiche montre bien que c'est une espèce d'enfant-roi qui dit "Aimez-moi", décode-t-il. J'ai cherché la transparence et ce titre a été le dénominateur commun de tous mes sketchs (...) Tous mes personnages crient : "Aimez-moi"."
Il y a désormais chez "le comique" une lucidité nouvelle, qui correspond à une sorte de passage à l'état adulte : "Maintenant, la part d'enfance est consciente. Je crois que je suis devenu un peu adulte, ne serait-ce que parce que j'ai pris du recul avec mon entourage. J'étais infantilisé (...) J'aime bien jouer l'enfant-roi, mais je sais que je ne le suis plus. Je suis plus vulnérable. L'enfant-roi n'avait peur de rien, l'adulte a peur des adultes plus forts que lui", estime-t-il, laissant derrière lui "soucis de bringue" et auto-dépréciation. "J'ai décidé d'arrêter de dire du mal de moi, je l'ai fait pendant dix ans. Ça m'est retombé dessus. Je pensais que les gens trouveraient ça mignon, mais non (...) Je vais arrêter de ne parler que de mes défauts. J'ai tellement peur qu'on dise plus de mal que moi à ma place", confie-t-il à ce sujet.
Je n'aurais pas dû en faire autant
Ce qui explique qu'il "surveille" désormais scrupuleusement ce qu'il dit aux médias, pour ne pas devenir une victime du buzz. "Je me suis répandu en interviews chez Mireille Dumas, en racontant ma vie. Je suis devenu le mec qui parlait librement de son homosexualité. Je n'aurais pas dû en faire autant", regrette-t-il. On ne le verra donc pas chez Laurent Ruquier et consorts ; sa parole, c'est désormais, "à mots très choisis", à son public qu'il la réserve essentiellement : "Il a une ouverture d'esprit et me comprend", loue-t-il. Un public qui ne manquera certainement pas la soirée spéciale que lui consacrera France 3 le 22 décembre, avec la diffusion coup sur coup des captations des spectacles Spécial boulevard et Elles sont toutes jolies.
Un public, aussi, qui devrait le trouver changé, avec une facette d'acteur maintenant mise au premier plan. "Aujourd'hui, je fais en sorte de bien jouer, explique encore Pierre Palmade. Il y a trois parties dans le spectacle. On se rend compte qu'un mec qui a eu honte de son homosexualité dit à la fin merde à ses parents. Mais je regrette de ne pas avoir commencé plus tard en ayant pris des cours. J'ai toujours souffert d'être moins bien que Robin, Bigard, Lemercier. Regardez Luchini, c'est ça : il faut être un conteur d'histoires éventuellement drôles. Pas un humoriste à sketchs où tout doit être drôle."
Moi, quand je suis avec un jeune homme, on me demande si c'est mon fils
Ses personnages, "doux et souriants mais assez dangereux parce qu'ils reconnaissent leurs défauts", sont là pour cela. Inspirée de son vécu, "il y a une scène de ménage entre un homme de 50 ans et son amant de 20 ans". La différence d'âge dans un couple, un sujet sensible, dont il s'agace qu'il soit "un peu plus pervers chez les homos que chez les hétéros" : "Moi, quand je suis avec un jeune homme, on me demande si c'est mon fils."
De l'humour à l'humeur, le Palmade nouveau saura assurément se faire aimer.
Aimez-moi, du 5 au 31 décembre 2017 à Paris, au théâtre du Rond-Point.