Le délibéré concernant l'accusation pour "contrefaçon et atteinte à l'intimité de la vie privée" lancée à l'encontre de Patrick Poivre d'Arvor par son ex-compagne Agathe Borne est enfin tombé mercredi 7 septembre. L'ancien présentateur du journal télévisé de 20 heures de TF1 a été condamné à verser 33 000 euros - 25 000 euros de dommages et intérêts et 8 000 euros de frais de justice - à la plaignante, qui réclamait à l'origine 150 000 euros.
La raison ? Dans son roman baptisé Fragments d'une femme perdue (publié en 2009), le célèbre journaliste racontait l'histoire d'amour entre Violette et Alexis. Selon la demanderesse, l'ouvrage mettait en relief des ressemblances frappantes avec la vie de Patrick Poivre d'Arvor et celle d'Agathe Borne, qui ont entretenu une liaison de 2006 à 2008 (alors qu'ils étaient tous deux mariés).
PPDA se défend
Suite à ce délibéré, PPDA a annoncé dans la journée sa décision d'interjeter appel, via un billet d'humeur publié sur son site internet et dans lequel il se défend d'avoir révélé la vie privée de son ex-compagne.
Dans son commentaire de l'affaire, dans lequel l'ironie est de mise, il argumente : "La littérature est au-dessus de tout, bien heureusement, et il ne faut pas perdre son temps à chercher dans les livres des clés qui n'en sont pas. Toute oeuvre de fiction remue des tranches de vie, des observations d'entomologiste et, au-delà de ça, un fort concentré d'imagination, et parfois de fantasmagorie. (...) Avec beaucoup de retard, et un opportunisme de circonstance, une femme qui avait lu mon roman bien avant sa publication et avait dit beaucoup l'aimer s'est réveillée pour dire qu'elle croyait se retrouver en l'héroïne. (...) On a bien compris que l'intérêt de la plaignante était d'abord et avant tout financier et que, de ce point de vue, le tribunal ne lui a accordé que le sixième de ce qu'elle réclamait. (...) Il est piquant d'observer qu'une femme qui disait ne pas vouloir être reconnue se mette à crier sur tous les toits : 'C'est moi !', avec l'espoir d'entrer ainsi en littérature dans la peau d'une héroïne. Mais n'est pas héroïne qui veut, surtout pas avec des SMS ou des brouillons de lettres d'amour." Une plaidoirie attendue, en total accord avec l'aplomb légendaire de la plume de l'écrivain.
Les réactions d'Agathe Borne
De son côté, après avoir eu connaissance de la nouvelle par le biais de son avocate Nathalie Dubois, Agathe Borne s'est également exprimée. Interrogée en exclusivité par BibliObs.com, celle qui réside actuellement à New York a confié qu'elle se sentait extrêmement libérée. "J'ai encore du mal à réaliser, c'est la rentrée de classe, je viens de déposer ma fille... Après la sortie du livre, on est partis avec mon mari et mes enfants refaire notre vie, j'avais besoin d'être loin de Paris. Patrick Poivre d'Arvor pensait que je n'oserais pas l'attaquer, que j'aurais peur. Beaucoup de gens m'avaient dissuadée d'aller au procès. (...) Dans ce livre, il m'a dépeint de façon ignoble, il m'a pillé des textes, des écrits. Je suis contente que la justice ait entendu mes arguments. (...) Je savais qu'avec le procès, on risquait d'étaler ma vie, mais pour moi, le mal était fait quand il a sorti son livre."
Elle a levé le voile sur la période difficile qu'elle a traversée avant la publication de l'ouvrage : "J'avais déjà porté plainte pour harcèlement, car il me persécutait au téléphone, m'espionnait, me disait qu'il pouvait avoir les fiches RG de tel ou tel ami que je voyais. Il m'avait volé pas mal de carnets, de journaux intimes. Cela m'a fait un choc, quand j'en ai revu des passages entiers dans son livre. Comme les textos, les lettres... C'est pour cela que nous avons décidé avec mon avocate d'également l'assigner en contrefaçon. (...) Dès l'été, des amis m'avaient dit qu'il voulait se venger de notre rupture. Qu'il préparait un livre ignoble à mon encontre. Quand le livre est sorti, je suis allée à la FNAC l'acheter. J'ai même gardé le ticket... Et puis je l'ai lu. J'étais vraiment très mal, j'avais envie de vomir. Le pire, c'est que j'ai été obligée de le relire, crayon en main, car quand nous avons décidé de l'attaquer, mon avocate avait besoin que je lui montre tous les passages copiés. Quand enfin, nous avons rassemblé toutes les pièces, je suis sortie dehors, et j'ai mis le livre à la poubelle."
Elle a ajouté que, depuis la sortie du livre, elle n'avait eu aucun contact avec le journaliste, avant de conclure quant à la décision du tribunal : "Cela montre en tout cas que les magistrats n'ont pas considéré le livre de PPDA comme un livre d'auteur... Mais bien pour ce qu'il est : une entreprise de vampirisation de ma vie, une simple vengeance personnelle."
Affaire à suivre en appel...