"Je suis d'abord un supporter avant d'être le prince Albert II. Pendant un match, je bous. Je suis passionné", confiait à nos confrères de Nice Matin le souverain monégasque, à quelques heures du grand rendez-vous de l'AS Monaco avec la Ligue des Champions, mardi soir. Il n'a pas été déçu, parce qu'il y a eu de quoi bouillir, avant d'exploser de joie...
À Londres, trois semaines plus tôt, Albert de Monaco avait exulté devant l'exploit historique réalisé le 25 février par le club de la principauté, victorieux 3 à 1 sur le terrain d'Arsenal en match aller des huitièmes de finale de la Ligue des Champions. "Cela fait un peu de peine pour Arsène Wenger, on lui a gâché la soirée je crois !", réagissait-il avec malice, avec une pensée pour le coach des Anglais et ex-coach marquant de l'ASM, au micro de BeIn Sports à l'issue du match, devant l'ancien Gunner Robert Pirès amusé.
Le retour d'Arsène en principauté mardi 17 mars 2015, plus de vingt ans après son départ et la fin d'une collaboration fructueuse (un titre de champion de France en 1988 et la Coupe de France 1991), n'a guère été plus plaisant. Ses Canonniers ont pourtant sacrément ébranlé le Rocher, ouvrant un feu nourri sur le but monégasque gardé par l'excellent Subasic et trouvant une première fois la faille à la 36e minute par l'intermédiaire du Français Olivier Giroud. Ramsey doublera la mise à un peu plus de dix minutes de la fin du temps réglementaire, mais jamais Arsenal, malgré une écrasante domination et bon nombre d'occasions, ne parviendra à inscrire ce troisième but qui aurait inversé le cours de l'histoire. Après 95 minutes sous pression, le prince Albert II et tout le stade Louis-II étaient libérés par le coup de sifflet final, synonyme de qualification de l'AS Monaco pour les quarts de finale de la Ligue des Champions. Dans le public se trouvaient notamment Bono et The Edge, de U2, qui ont leurs habitudes sur la French Riviera, à Eze-sur-Mer. Peut-être ont-ils actuellement pour voisins temporaires le prince Albert et la princesse Charlene, qui ont emménagé avec leurs jumeaux Gabriella et Jacques dans une villa en dehors de la principauté en raison de travaux en cours au palais et dans leur maison de campagne de Roc Agel ?
Fou de joie dans ce stade si souvent décrié pour son manque de passion et exceptionnellement en liesse, le prince Albert a longtemps savouré... Des photos de cette soirée mémorable ont même été publiées sur la page Facebook du palais princier ! Palais qui, après s'être mis au vert pour célébrer la Saint Patrick, aurait mérité d'être illuminé en rouge et blanc.
Très attaché à l'AS Monaco, qu'il a défendu bec et ongles en 2014 lors de la polémique sur son régime fiscal par rapport à ses rivaux de Ligue 1, Albert de Monaco avait pris de manière assez inédite un moment pour se livrer longuement sur le club, dans un entretien avec Fabien Pigalle. Avec lucidité et modestie, il revenait sur la nécessité de faire appel, en 2011, à des investisseurs extérieurs : "Il fallait trouver des solutions et donc des financements privés. C'est encore plus délciat pour nous, car, si on a une équipe nationale de foot, l'AS Monaco représente vraiment la principauté. C'est presque une équipe nationale. Le club est très exposé." Quant à la réduction de voilure cette saison, avec le départ des stars James Rodriguez et Falcao : "Les choses ont été revues un petit peu à la baisse. Mais à la hauteur (66%) à laquelle est entré M. Rybolovlev en tant qu'actionnaire et avec ce qu'il a dépensé (environ 250 millions d'euros en transferts), il faut accepter ce qu'il se passe. On ne peut pas le lui reprocher. Mais on ne lui a jamais demandé de dépenser autant... Si on arrive à faire un bon championnat, un parcours en Ligue des Champions et développer le centre de formation pour qu'il devienne encore plus performant. (...) Mais si on n'a pas de grandes vedettes, je ne vais pas pleurer ou faire un caprice pour en avoir", expliquait-il. Sans oublier d'évoquer, aussi, le cas particulier du stade Louis-II, enceinte multisports utilisée également au quotidien par tous les scolaires et parfaitement adaptée à l'affluence inhérente au bassin de population local.
En marge de l'épopée de l'ASM en Ligue des champions, c'est le sport de prédilection du prince qui faisait récemment l'actualité : le bobsleigh. Début mars, Albert de Monaco, qui a cinq participations aux JO (1986, 1990, 1994, 1998, 2002) à son actif en bob, confiait dans une interview au JDD que son histoire personnelle va être adaptée au cinéma. Intitulé Royal Ice, le film retracera le combat de l'intéressé pour créer la première équipe monégasque en 1986, malgré les réticences de son père feu le prince Rainier III. Albert II collaborera étroitement à l'écriture du film, dont la mise en production pourrait commencer en novembre prochain : "Les producteurs vont réécrire le script et me le soumettre. Autant que cette histoire soit proche de la réalité et que je puisse apporter mon regard."
Le monde du sport n'a toutefois pas été source que d'émotions positives pour le prince Albert, ces derniers temps. "Très choqué" et "bouleversé" d'apprendre la mort tragique d'Alexis Vastine, Camille Muffat et Florence Arthaud dans un accident d'hélicoptère sur le tournage du jeu télé Dropped, il avait fait part de son émotion à Nice-Matin : "Je connaissais surtout Florence Arthaud et Camille Muffat. Mais j'avais vu Alexis Vastine boxer lors des Jeux olympiques. Je crois qu'au-delà des grands champions qu'ils étaient, on perd surtout de belles personnes", déplorait-il. Il avait d'ailleurs des mots plus personnels concernant Camille Muffat, à qui il avait remis sa médaille d'or aux JO de Londres 2012 : "C'est à travers différents meetings à Monaco que nous avions, avec mon épouse la princesse Charlene, appris à la connaître. C'était une jeune femme curieuse des autres, très ouverte. Nous avions d'ailleurs eu l'occasion de l'inviter cet été dans notre résidence de Roc Agel, lors d'une journée avec d'autres sportifs (...) Camille faisait partie de ces personnes qui ont une belle âme, qui ont vécu, qui ont souffert pour atteindre leur objectif, pour dépasser leurs limites."