A 94 ans, et en dépit des pépins physiques qui ont émaillé ces dernières années son déclin physique bien compréhensible, le prince Philip est toujours égal à lui-même : volontaire et... tempétueux. Cette semaine, alors qu'une partie de la famille royale se rassemblait autour de la souveraine pour commémorer les 75 ans de la Bataille d'Angleterre, le duc d'Edimbourg s'est signalé par un de ces accès de colère dont il a le secret, ce qui a eu le don de bien faire rire son petit-fils le prince William.
Vendredi 10 juillet 2015, au lendemain de la publication des photos officielles réalisées par Mario Testino au baptême de la princesse Charlotte de Cambridge, Elizabeth II, le prince Philip, le prince Andrew, le comte Edward et la comtesse Sophie de Wessex, le prince William, le duc de Kent et le prince Michael de Kent étaient réunis au balcon de Buckingham Palace pour admirer une parade aérienne commémorant cet épisode majeur de la Seconde Guerre mondiale, en 1940-1941 : dans le ciel serein de Londres, des avions de combat Spitfire et Hurricane, mais aussi - plus moderne ! - Typhoon ont joué un ballet aérien à la mémoire de la résistance et de la victoire finale de la Royal Air Force contre la Luftwaffe, qui devait préparer le terrain pour l'invasion allemande.
La reine et son époux avait un peu plus tôt effectué une revue de troupes, et, au terme des cérémonies, des vétérans de guerre étaient conviés à une réception et un déjeuner au RAF Club, où le duc d'Edimbourg, le prince Edward et le prince William s'étaient déplacés pour les saluer. Une rencontre pleine de respect et de gratitude qui restera surtout dans les annales médiatiques pour l'écart de comportement du prince Philip : la mise en place pour les photos de groupe semblant prendre un peu trop de temps à son goût, le roc indéfectible de la reine Elizabeth II s'est emporté : "Vous allez la prendre, cette foutue [fucking, en VO] photo ?" une saillie qui a été filmée ! Dans la séquence, on le voit clairement s'agacer, répéter "prenez la", avant de lâcher le mot interdit, provoquant l'hilarité des autres.
Si Buckingham Palace s'est montré embarrassé et n'a pas souhaité commenter cet incident dont on a parlé jusqu'aux Etats-Unis (où tout ce qui concerne l'utilisation publique du "F-Word" est matière à scandale), il y aura sans doute peu de gens pour reprocher au nonagénaire au fort tempérament son franc-parler. Un fait d'armes de plus dans son CV déjà bien garni. Le duc d'Edimbourg est en effet un roi de la gaffe, en particulier pour ce qui est de parler un peu trop cash : comme lorsqu'il mit en garde des étudiants britanniques, lors d'une visite en Chine en 1986, qu'ils "ne devraient pas rester là-bas plus longtemps, au risque d'avoir les yeux bridés" ; ou comme lorsqu'il demande à des aborigènes d'Australie, en 2002, s'ils s'envoyaient toujours des lances ; ou comme il déclara en octobre 2009 à l'homme d'affaires Atul Patel, lors d'une grande réception à Buckingham pour la communauté britannico-indienne, qu'il y avait "beaucoup de gens de [s]a famille" ce soir-là ; ou comme il vexa un autre convive, arborant un bouc, qui se présenta à lui en tant que styliste en lui disant qu'il n'avait pas vraiment bien stylisé sa barbe ; ou encore comme ce danseur kenyan auquel il demanda s'il était une femme ; ou enfin comme cette infirmière philippine d'un hôpital devant laquelle il ironisa sur le fait que son pays d'origine devait être "à moitié vide" - "vous êtes tous ici à faire tourner le système de santé"...
Sacré Philip... Peut-être faudrait-il éviter de laisser le prince George de Cambridge trop souvent avec son arrière-grand-père ?