En matière de droits de la communauté homosexuelle, la Suède a plus d'une longueur d'avance sur la France, en plein débat, et la princesse Victoria, rayonnante, le démontrait d'ailleurs avec éclat lundi soir, remettant par surprise au cours de la grande soirée de gala de la revue gay QX le prix de l'Homo de l'année !
Quelques jours après avoir honoré en compagnie de son époux le prince Daniel un concert d'orchestres de jeunes au palais (23 janvier), avoir assisté à un service commémoratif pour les victimes de la Shoah à la grande synagogue de Stockholm (27 janvier), et avoir pris part au premier dîner officiel de l'année offert par le couple royal pour plus de 200 invités représentant aussi bien les autorités que le milieu associatif du pays, l'héritière du trône de Suède était une maîtresse de cérémonie d'une allure à couper le souffle pour un moment historique qui a fait les gros titres de la presse scandinave.
Vêtue d'une longue robe noire sans manches à décolleté en V, les cheveux noués avec raffinement, et ornée d'une imposante parure de bijoux, la princesse Victoria de Suède a fait une entrée sensationnelle sur la scène de la Cirkus Arena (théâtre du quartier de Djurgarden, à Stockholm) au son de... Dancing Queen, tube des idoles nationales ABBA : "C'est un vrai plaisir d'être ici ce soir, de sentir votre force, votre joie et votre communauté", s'est-elle réjouie dans un court discours qui fera date, avant de récompenser l'auteur, dramaturge et comédien Jonas Gardell dans un climat d'émotion générale.
Entre la princesse et l'écrivain, dont elle a brandi le poing en l'air comme on célèbre le vainqueur d'un combat de boxe, la bise et l'accolade ont été très chaleureuses, de même que l'échange de compliments a été très savoureux : "Bien peu de personnes nous ont captivés et touchés comme vous l'avez fait", a loué Victoria à propos de Ne séchez jamais les larmes sans gants (Tårka aldrig tårar utan handskar), roman bouleversant du lauréat qui évoque l'apparition du sida en Suède dans les années 1980 et le traitement réservé aux premiers malades – le titre fait référence aux consignes reçues par les infirmières pour essuyer les larmes d'un mourant. Un ouvrage paru en 2012 qui a même été adapté au petit écran pour la SVT (Sveriges Television). "Votre message est clair. Redressez l'échine. Tendez la main. Nous allons sécher nos larmes mutuellement. Nous allons sécher nos larmes mutuellement, avec nos coeurs grand ouverts et nos mains nues", a-t-elle encore déclaré avant de remettre sa distinction à celui qu'elle a qualifié de "source d'inspiration".
Jonas Gardell, visiblement transcendé par ces paroles et cette consécration après avoir été à l'origine d'une incroyable secousse médiatique avec la publication de son roman, a répliqué avec malice et enthousiasme : "Victoria, vous être notre princesse héritière, mais je crois que ce soir je suis notre reine !" Il succède au palmarès du Prix QX de l'Homo de l'année à une tout autre figure de la communauté gay : Anton Hysen, footballeur de 22 ans fils d'une légende des Reds de Liverpool, qui effectuait en mars 2011 son coming out, premier footballeur suédois de haut niveau à oser la démarche.