La mort de ce professeur d'université retrouvé poignardé chez lui à Dunkerque, Patrice Charlemagne (51 ans), a suscité le choc dans la région. Ce nouveau rebondissement continue d'alimenter la stupeur : son épouse qui avait alerté la police à 4h du matin lundi 18 septembre 2023 en affirmant que le couple avait été réveillé par des cambrioleurs et qu'elle avait quitté les lieux avec sa fillette de 20 mois, vient de passer aux aveux. Une femme qui était bien connue dans sa région, en tant qu'enseignante-chercheuse, conseillère municipale et autrice de livres pour enfants. Justine Jotham, 37 ans, a avoué au cours de sa garde à vue - toujours en cours - avoir tué son conjoint, ont indiqué jeudi à l'AFP une source proche de l'enquête et une source syndicale policière. La mort de son époux, très investi dans la vie locale, avait suscité une pluie d'hommages sur les réseaux sociaux, et des messages de condoléances à son épouse.
Docteure et maître de conférences en littérature, la trentenaire figure parmi les enseignants chercheurs de l'Université du Littoral Côte d'Opale, où enseignait également le défunt. Elue en 2020 comme conseillère déléguée à la lecture publique et au patrimoine sur la liste du maire de Dunkerque, Patrice Vergriete - désormais ministre du Logement -, elle est également auteure jeunesse et dirigeait une association culturelle de promotion de la lecture. Sur sa page Facebook, Justine Jotham affichait en janvier 2022 une image de bonheur familial après la naissance de leur fillette Célestine, par PMA, racontant en détails le parcours difficile pour avoir un enfant. Sur son compte Instagram, elle relayait son travail notamment en tant qu'autrice de livres pour enfants. La Voix du Nord rapporte son enthousiasme pour parler de son travail d'écrivaine pour enfant
Une enquête pour homicide volontaire avait été ouverte lundi, confiée à la police judiciaire, la piste du cambriolage étant alors "en cours d'exploration", selon la procureure de la République de Dunkerque, Charlotte Huet. Mais mercredi, l'épouse a été placée en garde à vue, "après examen des témoignages, déclarations, constatations techniques et scientifiques" pour "confronter sa version des faits aux éléments recueillis dans l'enquête", avait indiqué la procureure. Elle a été confrontée à plusieurs éléments matériels suspects, selon une autre source proche de l'enquête. Il y avait notamment "une entaille sur sa main gauche qui correspondait à celle d'un gant retrouvé sur place" et "l'analyse des smartphones qui laissait supposer des tensions dans le couple", ainsi que "des incohérences dans le récit des faits", a indiqué cette source à l'AFP.
"Ça nous a tous surpris, comme tout Dunkerque", a réagi pour l'AFP à l'annonce de ses aveux Guillaume Vittu, directeur de cabinet du maire. "On se côtoyait peu, elle était conseillère municipale déléguée", a-t-il ajouté. Le couple était vu comme soudé. Lui brillant universitaire agrégé d'allemand, parlant couramment le néerlandais, passionné par les langues étrangères et la musique, elle, chercheuse très impliquée dans la vie culturelle du Dunkerquoi et notamment dans le quartier de Rosendael où habitait le couple. "Elle a notamment organisé des journées du patrimoine dans le quartier, (...) a été l'invitée d'honneur d'un salon du livre", précise BFMTV. "Tous ceux qui ont connu le couple tombent des nues", ajoute le journaliste.
Justine Jotham reste présumée innocente des faits qui lui sont reprochés jusqu'à la clôture de l'enquête