Les détracteurs de Rachida Dati vont encore pouvoir s'en donner à coeur joie. Déjà récemment pointée du doigt pour ne pas avoir payé sa cotisation à l'UMP depuis 2010, l'ex-garde des Sceaux est cette fois épinglée par la Cour des comptes. La raison ? Des factures d'un montant total de presque 9000 euros - pour des dîners, des "vêtements de luxe" ou des fleurs du temps où elle était ministre de la Justice - ont été invalidées. Une information du Point qui a indigné l'eurodéputée. Très remontée, celle qui veut porter plainte contre le magazine a assuré que ces dépenses ne la concernaient pas directement et s'est dit victime d'une "cabale"...
Foulards Hermès, fleurs, dîners, vins...
Elle n'a jamais caché son goût pour les robes de grands couturiers. Et cela pourrait bien se retourner une nouvelle fois contre elle après les révélations du Point. Selon le magazine, la quatrième chambre de la Cour des comptes a invalidé 8985,87 euros d'"achat de vêtements de luxe, de consommation de boissons ou de repas, de pâtisseries, de journaux, de produits de pharmacie, etc." justifiés au titre de "frais de réception et représentation" datant de 2008. Si certaines dépenses, comme les 818 euros dans un restaurant pour recevoir une délégation australienne, ont été jugées comme justifiées par la Cour, on trouve aussi des "bordereaux de vêtements de luxe qui n'avaient rien à faire là" selon le magazine. Cela comprend l'achat de foulards Hermès mais aussi 1600 euros de fleurs, un repas "garde des Sceaux" à 406 euros, et 547 euros en vins.
Rachida Dati a-t-elle puisé dans l'enveloppe ministérielle pour se faire plaisir ? Celle qui avait déjà été pointée du doigt par Mediapart pour avoir fait exploser les frais de représentations en 2008 nie en bloc. "Jamais je n'ai vécu sur le dos de l'État quand j'étais ministre", a-t-elle d'abord dit au Point avant de s'expliquer plus en profondeur sur i-Télé face au tollé. "La Cour des comptes dit qu'il y a des dépenses qui sont liées au fonctionnement du ministère qui n'ont pas été imputées comptablement. Ça n'est absolument pas des dépenses qui me concernent", explique-t-elle d'abord. Il est vrai qu'elle ne peut pas être inquiétée et que c'est son administration de l'époque et le comptable qui sont tenus pour responsables. "C'est parce que les manquements relevés par la Cour des comptes sont purement formels que le comptable du Ministère est mis en cause et non pas madame Dati elle-même, à laquelle la Cour des comptes n'a fait aucun reproche", précise un communiqué de son avocat.
"Je ne suis pas une voleuse"
Quant aux vêtements de luxe, Rachida Dati a une explication claire : il s'agissait de cadeaux pour les visites du ministère. "Il m'est arrivé d'offrir à une ministre anglaise de la Justice, au titre du ministère, un foulard Hermès", assure la maire UMP. C'était essentiellement des produits français que j'offrais effectivement à des personnalités, que ce soit une cravate au ministre américain de la Justice", ajoute-t-elle, invitant à jeter un oeil du côté des autres ministères agissant également de la sorte et notamment "Mme Lagarde" et "Mme Alliot-Marie". "Je ne suis pas une voleuse", a-t-elle même lâché, indignée.
Mais ces 9000 euros ne sont qu'une partie des sommes invalidées qui grimpent jusqu'à 180 000 euros. La Cour des comptes a en effet aussi invalidé les contrats de communication passés par le ministère avec la Société Giacometti-Péron, déjà impliquée dans une enquête sur les dépenses en sondages sous le gouvernement de François Fillon. "Monsieur Giacometti [Pierre, proche conseiller de Nicolas Sarkozy, NDLR] a récupéré des marchés sur les ministères à l'insu de certains ministres, dont moi. Donc monsieur Giacometti va aller s'expliquer pour les dépenses de communication ou de stratégie qu'il mettait en place pour les administrations", a rétorqué l'ex-ministre vue récemment à l'hôtel Meurice.
Une "cabale" contre Rachida Dati ?
Derrière cette affaire, Rachida Dati en est persuadée, c'est une "cabale" contre elle. "J'en ai parlé à Nicolas Sarkozy, je sais que son entourage... Rappelez-vous en 2010, ils ont failli me faire tomber, ils n'ont pas réussi parce que la justice était de mon côté", a-t-elle dénoncé toujours sur i-Télé. "Je ne laisserai pas faire. S'ils veulent me qualifier, comme certains dans l'entourage de Nicolas Sarkozy, de voleuse de poules, d'arabe, de beurette... Certains me traitant de 'zoubida'... Maintenant stop ! Sans vous parler des attaques sexistes. Si on veut me ramener sur le fric, sur le bling-bling, ça va, mais ce n'est pas le cas", a ajouté la maman de Zohra (6 ans).
Le magazine qui a révélé l'affaire, qu'elle compte attaquer en justice, en prend également pour son grade. "Le Point, c'est pas la première fois. Je l'ai déjà fait condamner, parce qu'ils ne sont pas des journalistes, c'est des merdeux qui prennent des ragots, des rumeurs et des poubelles, et en font des papiers. Qu'on veuille m'abattre, qu'on veuille m'éliminer de la vie politique, ça n'est pas la première fois", se plaint Rachida Dati qui n'en a visiblement pas terminé avec ses ennemis...