À l'inverse de bon nombre de ses homologues, Raí n'est pas resté longtemps dans le milieu du football après sa retraite, en 2000. Si l'ancienne idole du PSG est furtivement revenue dans le club de la capitale en tant qu'ambassadeur (2006-2008), c'est surtout au domaine caritatif qu'elle s'est consacrée et notamment à sa fondation Gol de Letra [Un but pour l'éducation, NDLR], créée en 1998 avec son ex-coéquipier Leonardo. Mais celui qui a été élu meilleur joueur de l'histoire du club a un lien tout particulier avec la capitale, dans laquelle il se rend régulièrement, comme la semaine dernière, en tant qu'invité à l'université du Medef, avec Bernard Lama, autre légende du PSG. L'occasion d'accorder une longue interview au Figaro dans laquelle celui qui s'exprime rarement revient sur son engagement et son regard sur la France en tant que Brésilien.
Pour le natif de Ribeirão Preto (São Paulo) qu'il est, Raí a découvert en France un des principes de sa république : l'égalité. Ce qui l'a marqué lorsqu'il était une vedette du PSG bling-bling des années Canal+, au milieu des années 90, c'est notamment le fait que sa femme de ménage de l'époque puisse aller dans la même école que sa fille. "Je cite souvent cet exemple pour parler de justice sociale et d'égalité des chances. Au Brésil, une telle mixité est quasiment inimaginable. (...) En cela, la France reste un exemple. J'avais un salaire évidemment infiniment supérieur et, pourtant, ces deux petites filles pouvaient avoir les mêmes professeurs, le même médecin, le même hôpital", se souvient l'ancien numéro 10 du Parc des Princes, qui n'hésite tout de même pas à tacler la France sur son manque de "leaders charismatiques dans la sphère publique", à l'inverse du domaine privé, même s'il se défend de viser François Hollande.
Il faut dire que l'égalité est un principe pour lequel Raí (48 ans) se bat au quotidien au travers de sa fondation Gol de Letra, en organisant des activités sportives pour des enfants défavorisés (6000 en ont profité depuis sa création), comme au stade Marcel-Cerdan de Levallois-Perret en avril dernier, lors d'un trophée caritatif de foot en salle réunissant de nombreuses gloires et de joueurs du PSG. Un engagement sans faille qui épanouit l'ancien joueur de la Seleção. "C'est une grande satisfaction parce que nous avons de très bons résultats, que nous avons été reconnus par l'Unesco, et que les pouvoirs publics s'inspirent de notre expérience. Une étude a montré que les jeunes passés par nos centres connaissaient une vraie ascension sociale", se félicite-t-il.
Par le biais de sa fondation, Raí garde évidemment un oeil particulier sur la situation du Brésil, et les récentes manifestations contre les dépenses de l'État pour l'organisation de la Coupe du Monde 2014. "C'est une nouvelle génération qui s'exprime. (...) Les infrastructures et les services publics ne sont pas à la hauteur, sans parler de la mauvaise gestion et de la corruption", regrette-t-il, même s'il se veut moins sévère que son compatriote et ex-coéquipier en sélection brésilienne, la légende Romario, député du Parti socialiste local depuis 2010, qui n'hésite jamais à fustiger dans la presse les dérives du pays.
Mais le regard de Raí se porte aussi sur le football actuel, qu'il n'a pas oublié, secoué par un mercato estival fou avec l'arrivée de Gareth Bale au Real Madrid pour environ 100 millions d'euros, un record. "Le foot attire beaucoup de monde - public, sponsors, investisseurs - et, donc, beaucoup d'argent ! (...) Faut-il instaurer de nouvelles règles ? On verra dans les prochaines années", explique-t-il, pensant peut-être au fameux fair-play financier voulu par Michel Platini, président de l'UEFA, pour le foot européen.
Lors de son passage au PSG, Raí a d'ailleurs bien entendu découvert les charmes de la ville de Paris. Une capitale dont il est tombé amoureux et dans laquelle il aime toujours se promener, comme à l'époque, et notamment avec sa fille dans ses quartiers préférés, "Le Marais, Bastille ou le canal Saint-Martin". "L'autre jour, ma fille Raïssa, qui a 24 ans et a fait des études d'arts plastiques à la Sorbonne, m'a emmené dîner dans un restaurent chinois du 13e arrondissement où j'ai découvert un excellent bar à vins. J'aime bien observer le comportement des Français et essayer de comprendre comment ils fonctionnent", raconte-t-il, vingt ans après sa signature au club. Des Français qu'il aura peut-être l'occasion de recroiser plus souvent, puisque son nom circule parmi une (très large) liste de potentiels successeurs du démissionnaire Leonardo, au poste de directeur sportif du PSG...