Pour la promotion de la comédie romantique 20 ans d'écart, le réalisateur David Moreau est venu défendre son film au micro de Purepeople. Très enthousiaste, il peut désormais se ravir du succès de la romance entre Virginie Efira et Pierre Niney qui a attiré déjà plus de 430 000 spectateurs depuis sa sortie le 6 mars. Une réussite alors que le réalisateur David Moreau ne venait pas de l'univers de la romance. Son dernier film, coréalisé avec Xavier Palud, n'est autre qu'un film d'horreur, The Eye, avec Jessica Alba en premier rôle.
Ce film de 2008, The Eye, est l'occasion d'interroger David Moreau sur le travail des réalisateurs étrangers recrutés par Hollywood. Après avoir fait, déjà avec Xavier Palud, le thriller Ils, les deux metteurs en scène se font remarquer outre-Atlantique. Comme certains de leurs pairs, ils vont être débauchés pour aller travailler à Hollywood. Une expérience riche pour David Moreau qui revient sur son travail en Amérique : "J'ai beaucoup appris aux Etats- Unis avec The Eye. J'ai appris la politique. Le cinéma c'est un art, mais il coûte cher. C'est une entreprise assez monstrueuse, donc il y a beaucoup de gens qui interagissent avec votre vision. Il faut être malin, savoir ce qui est le plus nécessaire."
Sans mâcher ses mots, le réalisateur David Moreau explique que "là-bas [à Hollywood], les réalisateurs sont considérés comme des techniciens de surface. En tout cas quand on est un petit réalisateur français. On est très important et en même temps pas du tout. On est arrivés avec nos rêves, on a rencontré des gens super, ça met beaucoup de poudre aux yeux. Je n'étais pas déçu, mais c'est plus une entreprise qu'un art. On a vécu un cauchemar éveillé. Le tournage, ils nous ont rien dit, mais le montage a été très douloureux. Le film a été remonté complètement et ne ressemblait pas à ce qu'on voulait. On peut vivre un échec et l'assumer lorsqu'on est responsable du résultat. Mais là, on était partiellement responsables, certains choix des producteurs ont rendu le film moins bon. C'est un échec artistique, je déteste ce film, je le renie pas, il fait partie de ma filmographie, mais si je le revoyais..."
David Moreau ne jette pas la pierre à son actrice principale, Jessica Alba : "Elle était très cool et sympa. Je crois qu'elle était trop jeune à l'époque. Elle était surprise qu'on lui fasse confiance en tant que comédienne, mais quand on est une star à Hollywood, il y a 40 personnes autour. Elle n'avait pas l'expérience pour tenir tête aux producteurs. Elle ne nous a pas protégés, pas parce qu'elle ne le voulait pas, mais elle n'avait pas l'expérience. Mais je recommencerais bien demain quelque chose en Amérique. On apprend de notre candeur."
On peut s'interroger sur la stratégie américaine, celle d'aller chercher à l'autre bout du monde des réalisateurs prometteurs, et leur faire réaliser des longs métrages tout en les broyant dans la machine hollywoodienne : "On est venus nous chercher après Ils, Paula Wagner [puissante productrice qui collabore avec Tom Cruise] nous a fait la cour, comment résister ? On nous demande de faire ce qui a marché avant, mais en même temps, ils ont tellement peur. Pour être un réalisateur vraiment aux commandes, avoir du pouvoir, il faut être au départ du projet et il faut vraiment être complètement lucide. On était de petits réalisateurs. Paula Wagner a produit Mission : Impossible, alors face à elle... Et si un film ne marche pas, il y a 40 postes qui peuvent sauter." Rebondissant sur l'expérience de Guillaume Canet avec Blood Ties, il dira : "En France, il fait ce qu'il veut mais aux États-Unis..."
"20 ans d'écart", en salles depuis le 6 mars