La tâche ne devait pas être facile pour Daniel Broussin : il a été pendant des années le garde du corps et le chauffeur d'Alain Delon, personnalité aussi charismatique que volcanique qui nous a quittés le 18 août dernier. Ce gendarme de formation qui a également travaillé auparavant avec François Mitterrand a réussi à décrocher ce poste auprès de l'icône de cinéma, mais surtout à perdurer au point d'être aussi présent lors de ses funérailles, à la demande de ses trois enfants Anthony, Anouchka et Alain-Fabien. Grâce à son esprit militaire qui plaisait à l'acteur et à sa capacité d'adaptation dans les situations diplomatiques les plus complexes. En interview pour Le Parisien, l'homme désormais âgé de 71 ans a livré une foule d'anecdotes, dont l'une impliquant aussi un célèbre comédien, avec qui les rapports n'étaient pas simples.
Avec beaucoup d'autodérision, Alain Delon s'était glissé dans le costume de Jules César pour l'opus d'Astérix aux Jeux olympliques. Un film de Frédéric Forestier et Thomas Langmann sorti en 2008 dont l'un des premiers rôles était tenus par Benoît Poelvoorde, alias Brutus. Avec ce dernier, le Samouraï ne s'est pas très bien entendu comme le raconte Daniel Broussin : "Un autre jour, sur ce tournage, il n'en pouvait plus de Benoît Poelvoorde, qui demandait sans cesse à refaire les prises. J'étais allé voir Thomas [Langmann] pour lui dire qu'il fallait arrêter. Tout d'un coup, Delon a dit : Daniel, on se barre !" C'est là que le talent de diplomate de Daniel Broussin faisait son effet. Une fois calmé, il a conseillé à Alain Delon de revenir sur le plateau "en disant que c'était par respect pour le guépard et son dresseur..."
Thomas Langmann se souvient de ce tournage intense avec Alain Delon
Avec du recul, Thomas Langmann a gardé un souvenir intense mais heureux de ce tournage, comme il le confiait dans Le Parisien au moment du décès de la légende. Quand il a dévoilé des images à TF1 d'Alain Delon en César sans que l'intéressé ne valide tout cela : "Il m'a viré. Il avait encore une dernière séquence à tourner et je n'ai pas pu le diriger pour celle-ci. Il se fâchait facilement. Il avait un rapport aux hommes compliqué : c'était plus simple d'être une femme face à Delon." Ce qui ne l'a pas empêché de faire des éloges du fils de Claude Berri lors de la sortie du film, montrant qu'il était peu rancunier. Mais il n'était pas rancunier. D'autant que Thomas Langmann ajoute que le reste du temps, "Delon avait été exemplaire. Il était très heureux d'être là".