Les interventions polémiques de son ancienne protégée Nathalie Tauziat et de l'agent Benoîte-Martine Lardy n'auront pas suffi.
Coupable
L'entraîneur de tennis Régis de Camaret, poursuivi pour viols et tentatives de viols sur mineures a été condamné ce vendredi 23 novembre à huit ans de prison rapporte l'AFP. A l'issue de l'audience qui se déroulait aux assises du Rhône à Lyon, un mandat de dépôt a été déposé à son encontre et une interdiction définitive d'exercer une activité professionnelle liée au tennis a également été prononcée.
Fin d'un procès médiatique où les révélations scabreuses se sont succédées à la barre de la part des femmes victimes de viols et d'attouchement de Régis de Camaret au début des années 80 lorsqu'elles étaient pensionnaires du tennis club des Marres à Saint-Tropez, l'avocate générale avait demandé une peine 10 à 12 ans de réclusion ainsi que 10 ans d'interdiction des droits civiques, civils et de famille.
"Souffrances" et "Détresse"
Régis de Camaret est resté de marbre à l'annonce du verdict, comme il l'a été durant tout le procès. Face à cette impassibilité, l'avocate générale Jacqueline Dufournet avait tenté de déstabiliser l'homme de 70 ans. " Que de souffrances exprimées à la barre des témoins, d'enfances, d'adolescences brisées, de rêves détruits, de femmes en détresse après tant d'années" avait-elle lancé, avant d'ajouter pour expliquer la dénonciation des faits survenus aussi tardivement : "Il faut parfois toute une vie pour dénoncer ces faits, car on se sent salie, souillée." Elle a ainsi évoqué la vingtaine de jeunes femmes venues témoignées à la barre, et qui avaient "enfoui ça au fond d'elles-mêmes, car elles ont trop honte et elles étaient sous une forme d'emprise."
L'avocate générale a enfoncé Régis de Camaret, "qui ne ressent aucune compassion" et a persisté dans son "déni", jetant un "regard glacial" à ses victimes. Jacqueline Dufournet a également demandé à la cour de "rejeter la thèse du complot" selon laquelle Isabelle Demongeot, à l'origine de l'affaire en 2005 mais dont les faits sont aujourd'hui prescrits, aurait tenté de se venger de Nathalie Tauziat, l'autre protégée de Régis de Camaret qui avait pris sa place de numéro un française. "Ces filles ne sont pas de la même génération, elles ne se connaissaient pas et les faits se déroulent sur plus de dix ans", a-t-elle ajouté en évoquant la plainte d'une autre victime en 2002 devant le parquet de Draguignan.
"Ni un pédophile, ni un pervers, ni un malade mental"
De son côté, la défense a plaidé "son acquittement au bénéfice du doute", arguant du fait qu'il s'agissait de "la parole des plaignantes contre celle de l'accusé". Me Emmanuel Daoud, conseil de Régis de Camaret a pour sa part dénoncé la "pression constante" sur son client. "Rarement un procès pour viol aura été autant médiatisé" a-t-il ajouté, accusant le ministère public d'avoir "voulu impressionner les jurés" par les témoignages scabreux des victimes dont les faits étaient prescrits et d'avoir conduit "un procès biaisé", "un procès pour l'exemple".
Il a également tenté de défendre l'homme, qui du bout des lèvres a reconnu des "attouchements" avec Stéphanie Carrouget, l'une des seules parties civiles avec Karine Pomares, "amoureuse" de lui, et une "relation consentante" avec Isabelle Demongeot. Me Daoud a reconnu que Régis de Camaret avait "perdu ses repères" et avait été "dépassé par son environnement", que malgré "l'impression détestable" laissée durant le procès, il n'était ni "un pédophile, ni un pervers, ni un malade mental", concluant sur le fait qu'il n'y avait "plus de risque" de récidive : "C'est un paria, il est déjà enfermé dans la prison qu'il s'est construite."
Condamné à huit ans de prison, Régis de Camaret pourrait toutefois "techniquement" demander sa liberté conditionnelle dès lundi. Le Figaro souligne en effet qu'avec "la nouvelle réglementation pénitentiaire qui permet aux condamnés de plus de 70 ans de ne pas avoir à attendre d'exécuter la moitié de leur peine pour prétendre à la liberté conditionnelle", l'accusé peut prétendre à la liberté conditionnelle rapidement. En outre, "il devrait logiquement faire appel, puisqu'il répète son innocence depuis le début" a indiqué Me Daoud.
Malgré tout, après deux heures de délibéré, Isabelle Demongeot et les victimes sont tombées dans les bras les unes des autres, dans un mélange de larmes et de sourires, les seuls d'un procès lourd et emprunt d'une véritable chape de plomb.