Lyon est actuellement le théâtre d'un procès des plus sordides. Régis de Camaret, ancien entraîneur de tennis et âgé de 70 ans, est poursuivi pour viols sur mineures... Depuis le début du procès, les témoins se succèdent à la barre, décrivant avec moult détails les attouchements, les viols et les vies brisées par des années de violences sexuelles. Au coeur de l'affaire, Isabelle Demongeot, ancienne numéro 2 tricolore et à l'origine des révélations, a la vie aujourd'hui brisée. Avec Nathalie Tauziat, elles étaient les protégées de Régis de Camaret, cette dernière atteignant même la troisième place mondiale.
"Une cabale anti-homme" et "des filles aguichantes"
Après les dépositions difficiles et scabreuses des filles passées au centre privé de Saint-Tropez, c'est Nathalie Tauziat qui a apporté son soutien à l'entraîneur qui officie désormais dans son club de Capbreton, provoquant un certain malaise dans l'assistance...
Ce mercredi 21 novembre, c'est Benoîte-Martine Lardy, ancienne agent des deux joueuses puis seulement de Nathalie Tauziat qui est venue déposer, provoquant la fureur d'Isabelle Demongeot suite à ses propos plus que douteux rapportés par L'Équipe. Elle évoque ainsi une "relation consentie" que lui avait avouée Isabelle Demongeot en juin 1989, alors que celle-ci a expliqué avoir subi son "premier viol" en 1980. Benoîte-Martine Lardy avait alors demandé à Régis de Camaret des explications, il avait nié la moindre relation avec la jeune adolescente. En 1994 et 1995, c'est une ancienne joueuse, Sophie Amiach, qui était venue lui lancer à la figure : "Je ne comprends pas que tu puisses travailler avec ce mec qui a abusé d'Isabelle." Des propos qui ont amené l'agent à "enquêter". Ses réponses, elles les a données à la cour, incrédule devant ses déclaration :
"Le lendemain, j'ai eu un tête-à-tête avec Camaret et je lui ai dit que si les faits étaient avérés, il fallait qu'il se soigne, en lui adressant un courrier pour formaliser ça, explique Benoîte-Martine Lardy. Mais toutes les filles que j'avais interrogées m'ont dit qu'il ne se passait rien. Pourquoi Isabelle ne m'a rien dit non plus, moi qui étais comme sa grande soeur ? J'ai perçu qu'il y avait comme une cabale de filles homosexuelles anti-homme (L'Équipe affirme qu'elle-même est homosexuelle)."
Elle poursuit, concluant de la pire des manières pour des victimes de viols : "Vous savez, si j'ai arrêté d'être dans ce milieu en 2002, c'est à cause de deux choses : le dopage et l'organisation. Je trouvais aberrant qu'il n'y ait que des hommes qui encadrent des filles. Il y avait un jeu de séduction permanent. Les filles étaient toutes amoureuses. J'étais choquée de les voir si aguichantes."
La colère d'Isabelle Demongeot
Cette dernière phrase va provoquer l'ire d'Isabelle Demongeot, qui assiste à toutes les séances depuis le début du procès, elle à qui l'on a refusé la plainte au motif de la prescription des faits, mais qui a tout de même témoigné contre l'homme assis dans le box des accusés. Dans les couloirs du palais de justice, elle s'en prend à Benoîte-Martine Lardy, avant que le président Brejoux ne demande à l'entendre sur ces "relations consenties".
Isabelle Demongeot va donc de nouveau témoigner, et évacuer toute la colère accumulée tout au long de la déposition de son ancien agent. Une violence verbale libératrice qui s'adresse directement à Régis de Camaret, qu'elle ne quittera pas des yeux tout du long de son monologue empli de colère : "Je n'ai jamais fini la nuit dans son lit, j'ai toujours subi un acte de violence. Pourquoi j'ai fait cette démarche ? Parce qu'en 1991 ou 1992, j'entends que la FFT finance le centre d'entraînement de Nathalie Tauziat à Bayonne. Parce que j'entends des bruits sur ce centre avec le départ précipité de jeunes filles. Ça revenait, comme à Saint-Tropez. Et j'en parle à Sophie Amiach, non pas parce qu'elle est homo, mais parce que c'est une grande gueule, la seule qui pouvait dire les choses en face à Tauziat et Lardy, leur dire qu'elles étaient en train de cautionner un violeur de petites filles. Parce qu'il y a d'autres filles qui n'ont pas réussi à parler ! Mardu préservait Tauziat, sa cliente. Je suis persuadée qu'elle a écrit cette lettre (à Régis de Camaret, ndlr) parce qu'elle a commencé à se dire : 'Ouh là là, ça sent mauvais, là !' Avec Tauziat, elles sont allées dire les choses à Camaret, qu'il fallait qu'il cesse ses agissements, sinon elles ne pourraient plus cautionner la suite. Et la suite, c'est quoi ? C'était un centre à Capbreton. J'espère qu'il n'y a pas eu là-bas d'autres petites filles abusées... Ce mec, il faut qu'il paie !"
Régis de Camaret, qui risque jusqu'à 20 ans de réclusion, connaîtra la sentence ce vendredi 23 novembre.