Ce soir du 13 novembre 2015, Rémi Bonfils aurait dû être avec ses coéquipiers du Stade Français du côté de Leicester pour y affronter les Tigers en ouverture de la Coupe d'Europe de rugby. Mais "à cause" d'une blessure, Rémi Bonfils se trouvait sur la terrasse du Carillon, rue Alibert, où au moins 13 personnes ont perdu la vie suite aux attentats qui ont ensanglanté Paris cette nuit-là.
J'ai senti les balles fuser autour de nous
Ce mardi 17 septembre, Rémi Bonfils doit se faire opérer de l'épaule suite à une blessure contractée lors du match face à Clermont il y a dix jours. De l'hôpital où il se trouve, il raconte, brièvement, au Parisien cette nuit d'horreur dont il a été le témoin.
Privé de déplacement en Angleterre, le talonneur du Stade Français, âgé de 27 ans, se trouve à la terrasse du Carillon dans le 10e arrondissement de Paris, à l'angle des rues Alibert et Bichat, attablé avec quatre amis. "Il était 21h30, tout d'un coup, j'ai entendu des coups de feu et j'ai vu mes potes se lever et partir en courant. J'ai senti les balles fuser autour de nous. J'ai vu qu'une jeune femme qui était assise juste derrière nous était à terre, morte. Ils ont tiré dans tous les sens sur la place Alibert. Il y avait des dizaines de corps par terre", raconte-t-il. Face au Carillon, Le Petit Cambodge voit une pluie de balles s'abattre dans le même temps, fauchant les clients qui profitaient d'une douce nuit de novembre.
Puis Rémi Bonfils se précipite chez lui, où il retrouve sa compagne : "Je me suis confié à mes proches, mais je n'ai pas envie de ressasser tout ça, même si je sais que témoigner peut être important." Rémi Bonfils n'en dira pas plus, lui qui avait prévenu : "Je ne veux pas trop parler de ça."
C'était l'horreur, une scène de guerre
"Ça", se sont les images des terroristes qui auront fait 129 morts et 352 blessés. "On passait un bon moment. Et, sortis de nulle part, on ne comprend pas trop ce qu'il se passe, ça commence à tirer de partout. On voit des éclats de balles, des gens qui tirent, des gens qui tombent. On ne comprend pas trop. On part en courant, ça continue à tirer, il y a des gens à côté qui prennent des éclats de balles", confiait-il à Bernard Laporte sur la radio RMC ce 16 novembre. En essayant de retrouver un de ses amis restés en arrière pour aider une jeune fille, Rémi Bonfils débarque sur la place d'Alibert : "Ce n'était pas la meilleure idée. On est arrivés tous les deux sur la place et c'était l'horreur, une scène de guerre : il y avait des gens partout, du sang partout, des impacts de balles partout. Les gens qui étaient assis à table autour de nous n'étaient pas dans un bon état pour la plupart. Après coup, j'ai pris mes copains et on s'est réfugiés chez moi pour la nuit."
"Nous, on pense à tous ceux qui étaient à côté de nous, qui n'ont pas eu la même chance que nous. C'est très personnel, mais on n'a pas trop la réaction de penser qu'on est des miraculés, on pense surtout aux gens qui y sont restés. On n'a pas trop envie d'en parler", concluait-il sur RMC.