Son visage est bien connu des téléspectateurs de La Maison des Maternelles (France 5). Mais pas seulement, car si Anna Roy est chroniqueuse dans l'émission d'Agathe Lecaron, elle est avant tout sage femme. Elle a accompagné et accompagne encore de nombreuses femmes dans ce parcours si singulier. Sur Instagram, elle partage également ses conseils et son expérience, elle qui est suivie par plus de 270k d'abonnés. Et c'est également dans les librairies que vous avez pu apercevoir son nom. Elle a signé plus d'un ouvrage, dont notamment Baby Clash, devenir parents sans s'étriper. Et puis, il y a Énorme (éd. Larousse), ce livre de 192 pages sorti par Anna Roy depuis ce mercredi 8 janvier. Un livre qui fait du bruit tant son contenu est choc. Elle y parle de l'obésité qu'elle a dû vaincre, de son addiction au sucre contre laquelle elle s'est battue, avec l'aide d'Agathe Lecaron. De la perte de son père, mais aussi des deux viols qu'elle a subis.
La plus célèbre des sages-femmes, maman de deux enfants (nés en 2016 et 2018), se souvient de ces drames vécus, en 2011. C'est lors d'une soirée "très mondaine" qu'elle revoit "un type déjà croisé à plusieurs reprises". "À chaque fois, il me fait bien comprendre qu’il voudrait qu’il se passe un truc, et je lui fais bien comprendre que je ne veux pas. Mais ce soir-là, c’est le trou noir. Le lendemain matin, je me réveille nue dans son lit. Je panique, j’essaye de convoquer mes souvenirs, raconte Anna Roy. J’ai seulement des flashs. Il n’y a pas trente-six solutions, j’ai été droguée. Il ne prend même pas la peine de nier. Il préfère se foutre de ma gueule et de mon incapacité à lâcher prise : 'Oh ça va, je suis sûr que ça t’a fait du bien, accepte de perdre le contrôle un peu'." Mais comme beaucoup d'autres victimes, elle préfère étouffer cette histoire : "Un homme me viole, et je ne veux pas lui causer de tort. La voilà, la triste vérité. Je me persuade que c’est un acte isolé, que ce n’est pas un prédateur, pas un violeur. Juste un violeur d’Anna. Je me convaincs que, s’il n’y a qu’à moi qu’il peut faire ça, c’est que j’y suis forcément pour quelque chose."
"Quelques mois plus tard, dans une autre soirée mondaine, j’enchaîne les verres d’alcool. Je suis ivre morte. Je me réveille dans le lit d’un homme, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, sauf celui du poids de son corps sur le mien, peut-on lire dans Énorme. Même quand on me drogue, je considère que c’est un peu de ma faute. Alors quand je suis ivre morte, j’endosse logiquement toute la responsabilité. Et puis c’est la deuxième fois, pas de hasard, ma petite Anna, tu as bien ce que tu mérites après tout. T’avais qu’à moins sortir, te voilà bien punie. Mes violeurs ont triplement gagné : ils ont eu mon corps, mon silence, et ils ont aujourd’hui ma culpabilité. Celle de n’avoir même pas réussi à me considérer comme une victime." La chroniqueuse des Maternelles décide alors de ne pas considérer ces deux évènements, "que ce n’est pas si grave d’avoir désormais peur des hommes". Pourtant, comme elle l'écrit, selon son psy, c'est bien ces deux viols qui pourraient largement expliquer qu'elle cherche refuge dans le sucre. À la suite de ces évènements terribles, Anna Roy perd son père, décédé à 59 ans.
Elle a caché son chagrin dans la nourriture et plus précisément dans le sucre, son addiction à elle. "Mon papa n’est plus là, mais je suis à l’abri derrière ma couche de gras. Les rapports humains sont devenus faciles. Les filles sont plus sympas depuis que je ne risque pas de leur faire de l’ombre. Il n’y a plus cette rivalité orchestrée par les hommes. Plus non plus de remarques salaces au boulot, ni de regards qui déshabillent : personne n’a envie de voir ce qu’il y a sous ma blouse, écrit la sage-femme. Avec ce corps-là, ils ne m’auraient jamais violée, ces deux salauds. C’étaient des violeurs de luxe. Et le luxe n’aime pas les gros." Un récit douloureux à lire, mais un témoignage important. Elle a décidé de se reprendre en mains, et estime qu'Agathe Lecaron lui a sauvé la vie, lorsqu'elle lui a avoué être dépendante au sucre. "C’est à l’oreille d’Agathe Lecaron, mon amie et boss aux Maternelles, que je les ai déposés. Symboliquement, je voulais qu’elle soit la première : après tout, c’est elle qui m’a sauvé la vie", écrit-elle.