Rod Paradot est un être ultra-sensible. À l'image de son personnage dans La Tête Haute, le turbulent Malony, le jeune acteur masque difficilement ses émotions lorsque celles-ci prennent le dessus. Il nous l'a prouvé de la plus belle des manières après avoir reçu le César du meilleur espoir masculin le 26 février, pour sa bouleversante prestation dans le long métrage d'Emmanuelle Bercot.
Remis par Louane Emera, qui livrait elle aussi un discours émouvant l'an dernier en soulevant ce même César, le trophée a visiblement bousculé comédien de 19 ans. "Ça va plus trop bien là, dit-il d'une voix tremblotante, sous les yeux d'une Emmanuelle Bercot qui se contient. Demandant de combien de temps il dispose, l'hésitant honoré n'avait visiblement pas préparé de discours – ou plutôt celui-ci s'est-il envolé avec l'émotion. "Je vais déjà remercier l'Académie des César de m'avoir sélectionné, parce que c'était déjà énorme, déclare-t-il. Je dois aussi remercier Emmanuelle Bercot de m'avoir choisi pour son film. Franchement, de tout ce que j'ai vécu jusqu'à maintenant, je crois que je lui dois beaucoup."
Soutenu par Louane, il a également remercié les producteurs ("que je kiffe"), mais aussi la directrice de casting, Elsa Pharaon, de l'avoir repéré dans un lycée professionnel où il faisait un CAP menuiserie – ce qui n'est pas sans faire penser à Kevin Azaïs, à qui il succède, qui était dans un cas similaire. "Je dois aussi remercier, mais attention quand je dis je dois, c'est parce que j'ai envie. Je vais remercier aussi Madame Camard, la CPE", poursuit-il sous les applaudissements d'un public attendri, avant de conclure par sa maman, "parce que c'est elle qui tous les jours croit en moi" et de quitter la scène, bouleversé et visiblement perdu.
Un vrai moment d'émotion, brut de naturel, logiquement salué par le Théâtre du Châtelet, mais également par les observateurs, émus eux aussi par le discours du jeune comédien.