Il vient de jouer Elyas, un ancien membre d'une unité des forces spéciales, dans le film du même nom réalisé par Florent Emilio-Siri. Un homme très marqué après avoir combattu en Afghanistan, qui est engagé comme garde du corps d'une femme et de sa fille âgée de 13 ans.
Protéger une femme et une enfant. Comment cette histoire pouvait-elle ne pas faire écho à l'histoire de Roschdy Zem dont la propre famille a été touchée il y a sept années de cela, par le drame qu'a failli provoquer Abdellatif (ou Abdel) Zamzem, son frère aîné de cinq ans.
Le 22 mars 2017, en début de soirée, Abdel Zamzem se trouve dans la villa de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) qu'il occupe avec son épouse, la chanteuse Souad Massi, et leurs enfants. Il fait alors boire de la tisane aux barbituriques aux deux fillettes de 6 et 11 ans. Souad est en déplacement à Paris. Quand les petites sont endormies, leur père ouvre une bonbonne de gaz dissimulée derrière un fauteuil de leur chambre. Il répand quarante litres de la substance à l'étage et au rez-de-chaussée de la maison.
Lui, de son côté, avale la quasi-intégralité d'une bouteille de whisky mélangée à d'autres barbituriques et se taillade les veines de l'avant-bras gauche avec un couteau de cuisine. Quelques minutes plus tôt, il a appelé Souad Massi pour proférer ces terribles menaces : "Je vais te faire payer très cher et tout cela va se terminer. Tu vas comprendre le sens du mot souffrir."
Fort heureusement, la maman a tout de suite le réflexe de prévenir les pompiers et les gendarmes des environs de de Bouc-Bel-Air. Une quarantaine de minutes plus tard, ils entrent dans la villa – bien qu'elle soit fermée de l'intérieur – et trouvent les fillettes endormies dans leurs lits. Les portes de leur chambre ont été obturées par des draps de bain. Abdel git quant à lui, évanoui, au rez-de-chaussée, un mégot de cigarette à ses pieds.
La chance était du côté des enfants car le gaz répandu ne s'est pas enflammé. Si tout le monde est sain et sauf, le père de famille prend la direction d'un hôpital psychiatrique. Il y sera consigné pendant huit mois avant d'être remis en liberté provisoire. Jusqu'au procès, son contrôle judiciaire lui interdira tout contact avec ses filles.
C'est à peine croyable mais, au moment de ces faits tragiques, Roschdy prépare la promotion d'un film baptisé... Les Hommes du feu. Réalisé par Pierre Jolivet, il sortira quelques semaines plus tard. Le comédien y incarne le commandant d'une caserne de pompiers située dans le Sud de la France.
Quand il apprend le geste d'Abdel, Roschdy voit malheureusement se confirmer ses pires inquiétudes. Depuis quelques années, il sait que le couple de son frère va mal. Durant l'été 2016, Souad Massi avait annoncé par SMS à son mari qu'elle voulait divorcer. Il avait alors effectué une première tentative de suicide, avant de se noyer dans l'alcool.
Le quinquagénaire vivait mal le succès mondial de son épouse, souvent absente en raison de son métier. Ils s'étaient rencontrés en 1998 et il avait accompagné l'ascension vers la gloire de cette chanteuse, de treize ans sa cadette. Il affirmait aussi qu'elle ne voulait voir que sa famille à elle et refusait de voir la sienne. Outre Roschdy, Abdel a deux frères, Saïd et Mustafa, et une soeur, Samira.
En février 2023, après six ans d'une longue instruction, Abdel Zanzem comparait enfin devant la cour d'assises des Bouches-du-Rhône pour tentative d'assassinat. Les longues semaines d'audience retracent la déliquescence de son couple. "Ils étaient deux âmes en peine qui portaient chacune des choses très lourdes", dit Samira.
Abdel reformule sa douleur de ne pas assez voir les siens : "On n'était jamais que nous, tous les quatre. Et moi, à chaque fois que je voulais inviter mes frères, ma soeur ou mes enfants à la villa, elle me disait "non, il y a ma famille"". À l'issue de la procédure Abdel est condamné à quinze ans de réclusion criminelle. Ses trois premiers enfants et ses deux frères sont là mais pas Roschdy. La fratrie a pensé qu'il valait mieux, en raison de sa célébrité, qu'il ne vienne pas.
Une décision d'autant plus compréhensible qu'à peine trois mois plus tôt, Roschdy a réalisé un film inspiré d'un autre drame familial. Trois ans après les évènements de Bouc-Bel-Air, le sort s'est à nouveau acharné sur son clan. En 2020, à la suite d'un gros choc à la tête, un autre de ses frères, Mustapha, a perdu toute inhibition et pris l'habitude de dire, de but en blanc, leurs quatre vérités à ses proches. L'acteur et réalisateur en a tiré Les Miens, chronique famlliale tragicomique.
Sami Bouajila y incarne Moussa, un homme divorcé et remarié avec une Marocaine qui ne répond plus à ses appels téléphoniques. Son frère Ryad (joué par...Roschdy) présente à la télévision une émission consacrée au football et sa famille lui reproche son égocentrisme. Un soir, Moussa chute et se cogne violemment la tête et sa personnalité change radicalement.
Dans Les Miens, l'état de Moussa s'améliore et sa famille retrouve progressivement un nouvel équilibre. Roschdy Zem aurait sans doute rêvé d'un happy end identique pour son clan. À défaut, ce père de deux grands enfants de 27 et 22 ans, Nina et Chad, séparé depuis plusieurs années de leur maman, Nicole, a trouvé du réconfort auprès de Sarah Poniatowski, ex-épouse de Marc Lavoine et nouvel amour de sa vie depuis deux ans.
Début septembre, l'acteur a aussi pris la parole dans le journal Var Matin pour défendre Abdel et a témoigné cette fois pour son frère devant la cour d'assises. : "Il m'a appris à me tenir droit, m'a soutenu sur tous les plans. Il m'a revalorisé, a évité que je tombe dans la délinquance ou la drogue quand j'étais un ado difficile. C'est quelqu'un de bon, de gentil." Vendredi 6 septembre a été rendu le verdict du procès en appel de son frère. Sa peine a été abaissée de 15 à 11 ans de prison.